mardi 8 mars 2011

Gbagbo flaire un « piège » à Addis-Abeba

(Sud Ouest 08/03/2011)
Alors que les violences se poursuivent, les deux rivaux sont invités par l'UA à venir s'expliquer.
Ira ou ira pas ? Laurent Gbagbo hésite. Invité par l'Union africaine (UA) à venir, les 9 et 10 mars, à Addis-Abeba, siège de l'organisation, rencontrer Alassane Ouattara en présence des médiateurs africains, le président autoproclamé de Côte d'Ivoire flaire un « piège ». Hier, la « presse bleue » (pro-Gbagbo) a longuement développé la thèse d'un complot ourdi par l'UA, l'Onuci et la France pour attirer le président sortant hors du pays afin d'accélérer sa chute.
Alassane Ouattara, pourtant reclus à l'hôtel du Golf depuis trois mois, a, lui, décidé de faire le voyage enÉthiopie. Un voyage organisé par l'UA et à l'issue duquel le président élu le 28 novembre a l'intention - dixit son ambassadeur à Paris, Ally Coulibaly - de revenir à son réduit d'Abidjan. Pour Albert Toikeusse, arrivé quatrième du premier tour de la présidentielle et rallié à Ouattara, l'hésitation de Gbagbo est un aveu de fébrilité. « Il avait donné à l'UA son accord ; s'il n'y va pas, les gens en tireront les conséquences », explique le député de l'Ouest, qui a subi, comme une vingtaine de proches de Ouattara, le saccage de sa maison d'Abidjan par des miliciens.
Les combats continuent
« Ils ont tout cassé, emporté tout ce qu'ils pouvaient, et ils étaient encadrés par des forces de l'ordre », accuse Albert Toikeusse. L'élu confirme que dans sa région, limitrophe du Liberia, les combats entre Forces de sécurité (FDS, pro-Gbagbo) et Forces nouvelles font rage et que la localité de Toulépleu est bien tombée aux mains des partisans du président élu. Il récuse pourtant le terme de guerre civile, en raison de l'attitude attentiste des militaires qui, affirme-t-il, « ne reçoivent pas d'ordres clairs de leur hiérarchie et refusent de suivre Laurent Gbagbo dans sa mésaventure ». En attendant, des milliers d'Ivoiriens continuent de fuir les combats en traversant la frontière du Liberia.
Pendant ce temps, les combats continuent à Abidjan. Dans la nuit de dimanche à lundi, trois personnes sont mortes à Abobo, le quartier pro-Ouattara devenu épicentre de la révolte. Les personnes tuées auraient, selon la presse officielle, été victimes des « rebelles ». La même presse officielle tente, depuis jeudi, d'attribuer à un mystérieux « commando invisible d'Abobo » la mort, sous le feu d'une mitrailleuse lourde, de sept femmes qui manifestaient pacifiquement. Impossible, en effet, pour le pouvoir d'endosser un acte barbare qui a causé une profonde émotion dans tout le pays…

8 mars 2011 06h00
Par Christophe Lucet
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