(La Libre 05/01/2011)
Une concession ici, des violences là-bas. Un progrès vers une solution ?
Laurent Gbagbo, sous la menace d’une opération militaire de la Cédéao (organisation régionale ouest-africaine), a-t-il une nouvelle fois réussi à gagner du temps - une tactique qu’il utilise à chaque fois qu’il est acculé et qui lui a déjà permis de se maintenir au pouvoir cinq ans de plus que ce que lui accordait le mandat présidentiel ? Il a en effet accepté, mardi midi, de faire lever "immédiatement" le siège imposé par ses militaires à l’hôtel du Golf, où siègent le président élu Ouattara et le gouvernement - mais ce n’était pas encore fait mardi soir.
C’est ce qu’ont annoncé les médiateurs africains - trois chefs d’Etat ouest-africains pour la Cédéao et le Premier ministre du Kenya pour l’Union africaine - qui semblaient s’être retirés sans succès d’Abidjan, lundi soir, où ils ont tenté de convaincre Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir sans verser le sang. Alors que le président de l’Union africaine, le président du Malawi Bingu wa Mutharika, se disait "déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte-d’Ivoire" et appelait publiquement Laurent Gbagbo à partir, ce dernier a fait une concession : l’abandon du siège de l’hôtel du Golf.
Selon les médiateurs africains, il accepterait en outre de "négocier sans condition préalable une issue pacifique à la crise" politique qu’il a créée en refusant d’admettre sa défaite au second tour de la présidentielle du 28 novembre. Selon le président de la Commission de la Cedéao, cependant, une intervention militaire reste une option en cas d’échec des négociations.
Car rien ne dit que cette concession soit le signe d’un début de sagesse chez M. Gbagbo, qui continue à mobiliser ses milices. En outre, sa police a fait mardi une descente musclée au siège du PDCI - parti dont le candidat, Henri Konan Bédié, était arrivé troisième au premier tour de la présidentielle et qui avait appelé, pour le second tour, à voter non pas Gbagbo comme celui-ci l’espérait, mais Ouattara, et avait été suivi par ses électeurs.
Les policiers ont fait irruption mardi matin au siège de ce parti pour y trouver des "caches d’armes". Selon le général Gaston Ouassénan Koné, un responsable du PDCI, "ils ont défoncé toutes les portes, ils n’ont trouvé aucune arme. [ ] Ils ont lancé une grenade lacrymogène, ils ont tiré, il y a eu des blessés " qu’ils ont évacués eux-mêmes et "ont pris des jeunes" assurant la surveillance du siège du parti. Un responsable de la police a indiqué à l’AFP que les policiers avaient arrêté plusieurs personnes en possession "de kalachnikovs et d’autres armes d’assaut avec des munitions".
Washington a de son côté fait savoir que Gbagbo avait refusé trois fois en décembre de prendre le président Obama au téléphone. Ce dernier lui a finalement proposé par écrit de l’accueillir aux Etats-Unis s’il quittait rapidement le pouvoir.MFC (avec AFP, AP)
Mis en ligne le 05/01/2011
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