(Togosite 03/08/2010)
« Les rivières ne se précipitent pas plus vite dans la mer que les hommes dans l’erreur » (Voltaire)
Jusqu’à la période où M. Romano Prodi présidait la Commission de l’UE (1999-2004), celle-ci avait encore une certaine crédibilité aux yeux des Africains. Les Togolais se rappellent cet économiste italien attaché à des principes et tatillon sur la nécessité pour les dirigeants africains, de contribuer au développement de leur nation et à l’émergence de leur peuple.
Pour mémoire, c’était au cours de son mandat que l’Accord cadre de Lomé (ACL) avait été initié. Il avait abouti à un regrettable échec par le manque de volonté du régime Eyadèma, en dépit de gros investissements financiers faits par l’institution européenne. Ce ne fut que du gâchis et l’ACL fut enterré.
C’est encore sous M. Prodi que, après une période d’impasse suite à l’échec de l’ACL, fut prise l’initiative des 22 engagements et dont la mise en œuvre aura vu l’implication d’un comédien et griot blanc, un certain Louis Michel, à l’époque Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire. Le sens du développement et de l’action humanitaire de cet homme n’aura malheureusement pas profité ni à la nation, ni au peuple togolais, bien au contraire. Son implication dans la « résolution » de la crise togolaise et la reprise de la coopération n’aura profité qu’à lui seul pour des raisons évidentes et au Pouvoir en place, unique auteur des crises à répétition. Il faut le noter, entre-temps, le 24 juin 2002, M. Prodi, initia une rencontre avec feu Eyadèma, une rencontre qui fera couler beaucoup d’encre et de salive. Selon certaines indiscrétions à l’époque, il aurait profité pour dire ses quatre vérités à Eyadèma.
Finalement, si la reprise de la coopération s’est effectuée avec l’UE dans les conditions que l’on sait, après le départ de M. Prodi et l’arrivée d’un certain Jose Manuel Barroso, loin de l’étoffe de son prédécesseur, et que deux ans seulement après, les démocrates togolais voient impuissants, leur pays retourner à la case départ, c’est-à-dire dans sa situation du temps d’Eyadèma, on le doit à la légèreté avec laquelle les choses se négocient aujourd’hui à l’UE. On a l’impression que cette structure n’a plus d’âme et que tout dépend de la personnalité et de la carrure du seul président au sommet. Partout sur le continent, l’UE est décriée ces dernières années pour ses prises de position en faveur du Pouvoir. Difficile d’imaginer qu’une reprise de la coopération puisse se faire au Togo avec tant de facilité avec les gesticulations de Louis Michel pour conduire le Pouvoir à la retenue et dans des voies vertueuses.
L’ancien ministre togolais de l’intérieur, Me François Boko en mission pour le compte de l’UE au Bénin en raison de ses compétences, serait mal vu par Faure Gnassingbé et ses amis. Certaines sources expliqueraient l’absence de Faure aux côtés de Yayi Boni lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Bénin, par le fait que le Pouvoir togolais aurait demandé que le Bénin lui livre l’avocat togolais pieds et mains liés. La démocratie étant bien implantée au Bénin, la mèche aurait été vendue à l’intéressé, d’où son exfiltration en toute sécurité. Ce qui n’aurait pas fait plaisir aux autorités togolaises. Rien au demeurant ne justifie l’absence de Faure aux côtés de Yayi Boni. La Convention de Lomé IV révisée en 1995 a introduit un lien explicite entre la promotion des droits de l’Homme et le développement. Que fait-on aujourd’hui au Togo du respect des droits de l’Homme et que dit l’UE ?
Dimanche dernier, une délégation de l’UFC qui se rendait à Kpalimé pour une réunion de sensibilisation avec ses militants, n’a pas été autorisée à accéder à la ville. C’est cela la réconciliation nationale dont parle le Pouvoir togolais ? Si tant de mépris des droits de l’Homme, de dénis de justice, de violations des libertés de tous ordres continuent à avoir cours au Togo au vu et au su de l’UE, principal bailleur de fonds, il faut y voir une part de responsabilité de celle-ci. Elle a abandonné le sérieux travail à faire au profit d’autres choses : notamment entrer dans les bonnes grâces du Pouvoir. Comme quoi, au Togo, avec la complicité de l’UE, les droits de l’Homme et la démocratie sont encore très loin devant.
Alain SIMOUBA
SOURCE: LIBERTE HEBDO TOGO
Écrit par La redaction
Mardi, 03 Août 2010 06:18
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