mardi 3 août 2010

Rwanda - Les groupes de pression se mobilisent contre la présidentielle du 9 août

(VOA News 03/08/2010)
L’analyste Steve McDonald du Centre Woodrow Wilson de Washington vient de rentrer du Rwanda. Il se dit troublé, lui aussi, par la situation sur place. « La peur est palpable, la nervosité, le sentiment qu’il n’y a aucune liberté d’expression, d’association et de rassemblement et je pense que tout ceci pourrait être désastreux », a-t-il dit.
Erlinder a déclaré à la VOA qu’il ne serait jamais allé au Rwanda s’il avait su que le climat politique était aussi empoisonné. « J’avais été conforté par les élections prochaines et toutes les bonnes choses que le gouvernement américain avait dites récemment du gouvernement rwandais, sur les progrès qui avaient été réalisés… Malheureusement, on peut se demander si ces progrès sont réels ou si nous sommes en présence d’une dictature militaire soutenue par le gouvernement américain. Ce qui se passe en ce moment au Rwanda soulève des questions très difficiles », a déclaré Erlinder.
L’opposition et la société civile rwandaise n’en mènent pas large ces derniers temps. L’opposant Bernard Ntaganda a été placé en détention provisoire à Kigali, pour « acte de terrorisme ». L’opposante Victoire Ingabiré est comme en résidence surveillée.
La journaliste Agnès Uwimana du journal Umurabyo est arrêtée peu de temps après que notre confère Jean Leonard Rugambague a été abattu à Kigali sans parler des journaux suspendus.
Et il y a quelques semaines, un opposant a été décapité près de Butaré. Ce climat de violences inquiète plusieurs ONG avant la tenue de l’élection présidentielle du 9 août. Des groupes de pression ont organisé, à Washington, une conférence de protestation contre cette élection qu’ils disent être jouée d’avance.
Les Nations-Unies et l’ONG Human Rights Watch ont appelé à une enquête exhaustive sur le mort d’un leader de l’opposition que l’on a retrouvé pratiquement décapité le mois dernier. Et puis il y a le cas de Peter Erlinder, cet avocat américain qui était allé à Kigali pour défendre l’opposante Victoire Ingabire, accusée de négation du génocide de 1994. Il a lui-même été incarcéré pendant trois semaines sous les mêmes accusations.
Erlinder a déclaré à la VOA qu’il ne serait jamais allé au Rwanda s’il avait su que le climat politique était aussi empoisonné. « J’avais été conforté par les élections prochaines et toutes les bonnes choses que le gouvernement américain avait dites récemment du gouvernement rwandais, sur les progrès qui avaient été réalisés… Malheureusement, on peut se demander si ces progrès sont réels ou si nous sommes en présence d’une dictature militaire soutenue par le gouvernement américain. Ce qui se passe en ce moment au Rwanda soulève des questions très difficiles », a déclaré Erlinder.
A la suite de l’arrestation de Peter Erlinder, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait dit comprendre l’anxiété des leaders rwandais face à ce qu’ils considèrent comme négation du génocide. En même temps, elle avait exhorté le Rwanda à ne pas saper tous les progrès réalisés en s’écartant des actions positives.
L’analyste Steve McDonald du Centre Woodrow Wilson de Washington vient de rentrer du Rwanda. Il se dit troublé, lui aussi, par la situation sur place. « La peur est palpable, la nervosité, le sentiment qu’il n’y a aucune liberté d’expression, d’association et de rassemblement et je pense que tout ceci pourrait être désastreux », a-t-il dit.
Steve McDonald se dit d’avis que le président Kagame refuse toute réconciliation afin de mieux asseoir son pouvoir.
Le président rwandais a balayé du revers de la main toutes les accusations selon lesquelles il serait derrière les récents assassinats.« Pourquoi un gouvernement serait-il aussi stupide ? Je n’aurais jamais été dans un gouvernement aussi stupide pour penser qu’il y a quelque chose a gagner dans l’assassinat de journalistes, de leaders de l’opposition les uns après les autres », a déclaré le chef de l’Etat rwandais.
Paul Kagame avait été élu en 2003 avec plus de 95% des voix mais, depuis, des dissensions se sont fait jour parmi ses anciens alliés politiques. L’ancien chef des services de renseignement du Rwanda, Patrick Karegeya, qui vit en exil en Afrique du Sud, déclarait récemment : « des dictateurs comme Kagame ne se retirent pas de la vie politique, ils ne peuvent être que renversés. »
De son côté, le Secrétaire d’Etat Adjoint américain aux Affaires Africaines, Johnnie Carson, s’inquiète de l’environnement politique au Rwanda qui, dit-il, « est entaché d’une série d’actions inquiétantes. »
La réponse de la porte-parole du gouvernement rwandais, Louise Mushikiwabo : « c’est une lecture de la situation faite de l’extérieur du Rwanda avec en plus des visées électoralistes. »

Par VOA
Washington, D.C. Mardi, 03 Août 2010
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