(Le Républicain (ml) 12/08/2010)
Personne ne pouvait le mettre en ballotage et ce n’est pas sa faute, s’indigne t-il, s’il « n’a pas d’opposition » autrement qu’en exil. C’est donc normal que le nouveau président du Rwanda reste Paul Kagamé. Comme depuis seize ans où l’homme fort et flegmatique du FPR reprit Kigali à un pouvoir génocidaire dont l’objectif d’éradication des Tutsi était indiscutable.
Avec machettes et gourdins certes mais avec aussi et surtout les mitraillettes de l’armée « républicaine » donnant, au finish, une tragédie qui nous fait encore honte, que l’on doit à la duplicité des uns et à l’indifférence des autres, dans tous les cas, à une démission coupable des grandes puissances de ce monde. Mais depuis, sous la férule de Paul Kagamé, - qui a toujours le seul vrai patron -, le Rwanda tente d’émerger.
Le pays est bien gouverné, il est aujourd’hui l’un des plus respectés d’Afrique, le trauma du passé est de mieux en mieux géré et Kigali est une capitale propre et en pleine expansion dans une région qui n’est plus, il est vrai, le champ de bataille d’antan mais qui offre encore beaucoup de ruines et de larmes. Nulle part ailleurs sur le continent, le leadership n’est autant engagé sur la question de l’équité, voire de la parité hommes-femmes. Ses efforts pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté -qui portent la griffe de Kagamé- sont incontestables, ils sont dignes d’être salués et ils sont, d’ailleurs plus que souvent, salués.
Toutefois, le Rwanda reste à entrer dans le cercle vertueux d’une bonne gouvernance reposant sur les aunes indissociables du bien-être économique et d’une démocratie sincère qui prend ses distances avec le cosmétique. Ce doit être la mission de Paul Kagamé IV qui a consommé, ne l’oublions pas Clinton I et II, Bush I et II et probablement Obama I.
La crise qu’il vient d’avoir pour la première fois avec l’Afrique du Sud doit être pour lui une bienfaitrice alerte. Car « l’Israélisation » du Rwanda -donc le même type de sauf-conduit qu’assure la mauvaise conscience des puissances vis-à-vis de Tel Aviv- est possibe mais pas sans respect scrupuleux des libertés fondamentales et des règles pluralistes. Kagamé est, sans doute, le premier à le sentir.
Adam Thiam
Le Républicain,
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