(Zenga-Mambu.com 03/08/2010)
" Le travail est indispensable au bonheur de l'homme ; il l'élève, il le console ; et peu importe la nature du travail, pourvu qu'il profite à quelqu'un : faire ce qu'on peut, c'est faire ce qu'on doit." Alexandre DUMAS, fils.
A travers cette annonce faite à la veille de la fête des 50 ans d’indépendance, il n’est pas inutile de se demander si celle-ci n’est pas encore une diversion politique pour détourner l’attention des congolais face à l’échec de la politique sociale conduite par le gouvernement.
QUELLE POLITIQUE DE LOGEMENT POUR LES CONGOLAIS ?
Sans tomber dans une paranoïa obsessionnelle, on sait que nos intérieurs ne sont pas protégés de la pollution. Les substances chimiques, dangereuses ou pas, sont partout. Aucune réglementation n’est observée pour la construction des maisons des congolais et augmenter ce risque en optant pour le tout béton, matériau complètement inapproprié pour les logements résidentiels en zones tropicales est irresponsable. Car ces constructions souvent calquées à l’image des constructions occidentales ne tiennent pas compte ni du climat, ni des coûts financiers exorbitants, encore moins de l’aspect écologique.
On a nettement l’impression que le gouvernement veut tout simplement troquer son humble maison de banco recouverte d’un toit de paille, de bois ou de terre compressée selon les ethnies, contre une maison "en dur" ,c’est à dire en béton, avec un toit de tôles ou en tuiles .. Les raisons ? La résistance aux intempéries qui évite d’avoir à refaire régulièrement ce qui se dégrade, enfin la raréfaction du bois est aussi invoquée.
En vérité, c’est l’accès symbolique à une classe sociale supérieure qui séduit. Résultat ?
Des constructions tristes et uniformes, où la température monte facilement à 52 degrés le jour et ne descend qu’à 40 degrés la nuit ! Impossible d’y vivre pour le congolais moyen dont l’accessibilité au split est tout simplement inimaginable. On y range la vaisselle et tout le débarras possible, et on dort et on cuisine parfois dehors. Quant aux "beaux quartiers", tant vantés, l’usage facile du béton permet les plus atroces fantaisies ! Les maisons huppées aux couleurs vives à l’image des villes américaines côtoient les artères et rues sans canalisation ou les immondices cohabitent avec les barrières style Louis XIV, quel contraste !!
« Depuis sa création en 1880, Brazzaville qui à l’origine n’était qu’un village de pécheurs, se construit de façon désordonnée, sans un plan local d’urbanisme et sans architecture imposante. Les différents Maires qui se sont succédés à la tête de la ville n’ont pu y remédier. »(1) Cette absence de cohérence urbanistique ou de plan local d’urbanisme n’a affecté ni les différents Maires, ni le Gouvernement de la République qui aujourd’hui sans une étude conséquente choisit « Kintelé (district d’Igné, dans le département du Pool), à 45 km au Nord de Brazzaville, à la pose de la première pierre d’un programme immobilier de construction de mille logements sociaux, dans le cadre d’une convention de partenariat entre le gouvernement et la société israélienne A.B Construction. »(2)
Comment peut-on imaginer qu’un congolais qui gagne 50.000 f CFA par mois puisse acquérir un logement au prix totalement inaccessible ? En effet, Construire 1000 maisons pour 50 milliards de FCFA dont le prix estimatif de chaque maison est de 50.000.000 FCFA, c’est tout simplement ingérable pour le citoyen moyen. Sauf pour ceux qui confondent les caisses de l’Etat à leur portefeuille personnel.
A l’exception d’un clan aux revenus douteusement acquis, combien de congolais travaillant normalement percevant les salaires que nous connaissons ont-ils les moyens de se payer des logements sociaux de ce type au Congo?
Il est impératif de donner aux populations les moyens de construire leurs propres maisons. Depuis plus de 10 ans le Congo exporte de plus en plus du pétrole brut, du bois et autres minerais. Les richesses du pays n’ont jamais atteint l’accroissement que nous observons actuellement.
PRIORITE A L’EMPLOI
Il serait plus judicieux d’investir dans la création d’emplois avec la mise en place de projets d’assainissement de la ville, de l’aménagement et nettoyage d’espaces verts, de la protection des sites inconstructibles…
Donner du travail à la population active et la possibilité de construire des structures de base, améliorer les conditions de vie d’une population de moins de 4 millions d´habitants est à notre sens une meilleure approche pour pallier au déficit du logement. Pourquoi ne s’attaque-t-on pas au prix élevé des terrains à Brazzaville et Pointe-Noire ? Comment peut-on admettre qu’un terrain constructible en zones à forte population comme Nkayi ou Dolisie avec un COS(*) de 0.10 sur un terrain de 1000 m², la SHON (**) maximale constructible étant de 100 m² puisse atteindre les 500.000 f Cfa ! Est-ce raisonnable ?
Il est toujours plus honnête d’apprendre aux gens à pécher et non leur offrir du poisson. Surtout si l’on conçoit que celui-ci est avarié. Nous ne sommes pas contre la construction des logements sociaux, mais nous dénonçons la manière dont les projets sont définis et le choix des éléments de concrétisation présentés. On pose là le problème à l’envers.
L’un des problèmes que les congolais mettent en avant comme préoccupation primordiale demeure : L’EMPLOI.
Des chiffres accablants s’alignent violemment d’années en années creusant toujours davantage le gouffre du chômage des jeunes dans les villes et dans les milieux ruraux.
Notre démarche ne doit pas s’arrêter à ce constat lamentable d’échec. Nous devons plutôt multiplier des initiatives dans tous les domaines pour favoriser l’emploi. Voici une série d’idées sur laquelle notre groupe de travail s’investit.
REHABILITER L’ECOLE PUBLIQUE.
L’Etat encourage la multiplication des écoles privées, dont les actionnaires ne sont autres que les mêmes décideurs qui crucifient l’école publique. Cet état de fait favorise la désertion des talents dans l’enseignement public au profit de l’enseignement privé. Certains enseignants découragés par l'irrégularité des salaires quittent le secteur public pour d’autres horizons plus prometteurs. En redonnant à l’école publique sa véritable place républicaine par une réelle politique de l’enseignement public, une politique de réinsertion des cadres, des jeunes diplômés peut se mettre en place pour favoriser un retour à l’emploi dans le secteur…
VOIRIES INEXISTANTES, TRANSPORTS EN COMMUN: EXEMPLES DE CRENEAU POUR L’EMPLOI POUR TOUS
La mise en place d’un vrai service de voirie dans les grandes villes peut favoriser des milliers d’Emploi. Par exemple, dans l’aménagement des espaces verts, (Encore faudrait-il qu’ils existent, à Pointe-Noire il n’y en a quasiment pas en dehors du domaine portuaire, et encore sont-ils menacés par les projets d’extension du port), les collectes et les traitements des déchets ménagers…
La législation des transports en communs (Taxi, bus etc.) dans les grandes villes en encourageant l’accès aux nationaux par des réductions des charges. Bien que cela fasse l’objet de vives contradictions comme le souligne Ya sanza Congo-déchaîné je cite : « La liberté dont jouissent les citoyens congolais pour mettre en service des bus et des taxis mène à une situation d’offre pléthorique et un engorgement de la circulation déjà mise à mal par la rareté des voies de qualité. Les véhicules très mal entretenus par leurs propriétaires sont un danger permanent pour la vie des passagers et celle des piétons et la vétusté de leur motorisation entraine une pollution très importante. Voilà le secteur type où la création d’une régie d’économie mixte s’impose. Plutôt que de mettre en service des véhicules « occasions d’Europe », il faudrait acheter des véhicules neufs dans le cadre d’une SA où les petits investisseurs pourraient devenir actionnaires. Pour cela encore faudrait-il que les congolais se fassent suffisamment confiance pour mutualiser. »
NOUVEAU CONTRAT POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES ECONOMIQUE DU CONGO
Nous estimons tout de même le coût excessif des douanes et autres frais liés a l’import pénalisent un bon nombre de nos concitoyens. Même en mutualisant les intérêts, il faut au préalable une négociation avec l’Etat. On doit arriver à une sorte de nouveau contrat en faveur de la démocratie et du progrès économique. Cette question de l’emploi passe par la constitution par le bas des forces sociales capables de faire naître et de défendre des institutions et des réseaux sortis du génie, de la créativité et surtout de nos propres traditions de solidarité.
REORGANISER ET MIEUX ENCADRER L’INVESTISSEMENT ETRANGER
Les entreprises immobilières quasiment léguées, sans aucune législation encadrant leur pratique, aux mains des asiatiques, des libanais et autres étrangers aux pratiques parfois douteuses, empêchent ainsi le marché de l’emploi des congolais de s’émouvoir. Nous souhaitions qu’une redistribution des postes de travail soit instaurée dans les grands travaux nationaux. De même l’exigence d’un contrat de transfert de compétences pour chaque chantier animé par les asiatiques et autres. Est-il normal que ce grand chantier qui va générer des millions de francs soit octroyés aux israéliens alors qu’ils existent des entreprises congolaises capables de réalisées les mêmes travaux et surtout avec un coût réduit ?
La mise en place d’un vaste programme de réalisation d’infrastructures sanitaires et sociales dans les grandes villes est un réel vivier pour les emplois et pérenniserait ceux existant déjà….
Lorsqu’on aura amélioré ces conditions, les congolais pourront peut-être s’offrir des maisons à 50.000.000 FCFA. Autrement ce projet sonne une fois de plus comme une magouille mafieuse destinée à alimenter les comptes en banque de certains dignitaires. Les vrais seuls possibles bénéficiaires de cette pseudo-opération "sociale".
Jean-Claude BERI
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