(Le Pays 03/08/2010)
La mode qui consiste à attendre qu’un chef d’Etat soit hors de son fauteuil pour lui torpiller les fesses, semble s’être déportée sur un autre terrain : celui de la présidence des partis politiques. Et c’est Agathon Rwasa, le dirigeant de l’ex-rébellion des Forces nationales de libération qui en a fait les frais au Burundi, le dimanche dernier. En effet, lors d’un congrès alternatif, des dissidents du parti ont décidé que la disparition de l’opposant ainsi que l’absence d’informations le concernant étaient des motifs suffisants pour le mettre au garage, définitivement.
Les mains du pouvoir n’ont pas été innocentes
Mais les mains du pouvoir n’ont pas été innocentes lors de la confection de ce costume de chef destitué que porte actuellement l’ex-leader des FNL. Sinon, comment comprendre qu’un parti qui ne sentait pas l’odeur du pouvoir puisse organiser un congrès couvé par les plumes chaudes de la police et sur "autorisation spéciale" du ministre burundais de l’Intérieur ? Comment faut-il interpréter la précipitation des membres d’un parti pour faire sauter comme un bouchon de champagne leur président, tout simplement parce que ce dernier est entré en clandestinité ? D’ailleurs, en temps normal, la logique ne voudrait-elle pas qu’on trouve un remplaçant provisoire à l’absent et qu’on le soutienne en attendant qu’il réapparaisse ? Et qu’est-ce qui empêche de croire que cette destitution fait partie des différentes tentatives de "putsch" organisées par le pouvoir contre Rwasa ? Si l’eau n’est pas plus claire, on trouverait difficilement mieux. Ainsi après avoir mis les institutions républicaines à genoux, Pierre NKurunziza vient-il également de mettre la démocratie, dans son pays, à terre avec ce "putsch" nouvelle formule et plus subtile. Mais la suite ne sera pas si nouvelle que cela. Car la pratique est bien vieille, celle qui consiste, depuis que le multipartisme a déposé ses baluchons en Afrique, à recréer des partis politiques fantoches qui entonneront ensuite les louanges de l’homme fort au pouvoir. L’étonnement serait le sentiment maître si les FNL, maintenant dirigées par Emmanuel Miburo, et dont le secrétaire général est un disgracié de Rwasa, Jacques Bigiramana, ne chantait pas désormais les faits et gestes du parti au pouvoir.
Que sera donc la réaction du "putsché" ?
Un tableau, en somme, qui présentera un paysage politique monotone et morne. Dans ce contexte, le Burundi peut désormais se révéler dangereux pour Agathon Rwasa qui ne s’aventurera certainement pas à y remettre les pieds. Mais il a toujours des partisans dans son pays. Que va-t-il tenter à présent ? Se rebeller de nouveau ? Reprendre les armes ? Que sera donc la réaction du "putsché" ?
Abdou ZOURE
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