(Le Temps.ch 20/08/2010)
Jeremy Ratcliffe, qui a démissionné mercredi de la Fondation Nelson Mandela, était en possession des gemmes depuis 1997. Il les a rendus
Ils ont bien été trois. Trois petits diamants bruts, et non pas une seule grosse pierre, que deux hommes, des inconnus, ont déposés dans la chambre du mannequin Naomi Campbell un soir de septembre 1997 à Pretoria en Afrique du Sud. Le 4 août dernier, à La Haye, devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) qui juge le Libérien Charles Taylor pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la beauté noire a relaté cette nuit mouvementée. Avec d’autres invités de marque, elle était ce soir-là l’hôte du président sud-africain Nelson Mandela (LT 5.08.2010).
«Petits cailloux sales»
Son témoignage, pensait l’accusation, devait apporter la preuve que l’homme fort de Monrovia avait bien la main sur des «diamants du sang», ce qu’il nie depuis le début de son procès entamé en janvier 2008. Le récit de Naomi Campbell, qui a raconté avoir reçu «plusieurs petits cailloux sales d’apparence» sans irrémédiablement affirmer qu’ils lui avaient été offerts par Charles Taylor, a été partiellement invalidé par le témoignage de l’actrice Mia Farrow devant le même tribunal, le 9 août. L’Américaine, qui comme Naomi Campbell et Charles Taylor participait à la réception de Nelson Mandela, a évoqué non pas plusieurs pierres mais «un énorme diamant». Elle a assuré que le mannequin n’ignorait pas que ce cadeau lui venait bien du président du Liberia.
«Une omission»
La version d’une seule pierre est à son tour contrariée par un autre protagoniste. Mercredi, Jeremy Ratcliffe a annoncé sa démission du Nelson Mandela Children’s Fund (NMCF), dont il est l’un des administrateurs après en avoir été le directeur au moment des faits. A la barre, Naomi Campbell avait expliqué que c’est auprès de lui qu’elle s’était délestée de gemmes qui lui brûlaient les doigts en espérant qu’il saurait en faire un usage caritatif.
Or l’homme n’a jamais parlé au NMCF de ces trois diamants bruts, qu’il a conservés en sa possession depuis 1997. «Une omission» qu’il regrette aujourd’hui, a expliqué le conseil d’administration dans un communiqué. Il s’agissait, a fait valoir Jeremy Ratcliffe, de ne pas mêler l’organisation à une potentielle activité illégale. Après le témoignage de Naomi Campbell, il avait transmis les pierres à la police sud-africaine, qui procède actuellement à leur examen en attendant de décider de la suite à donner à l’affaire.
Angélique Mounier-Kuhn
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