Les télécommunications en Afrique avaient pour règle quasi générale de passer par l’Europe, même lorsqu’il s’agissait de communiquer entre deux pays africains voisins, et même entre deux régions d’un pays. L’Afrique est en train de s’affranchir de cette tutelle.
Bientôt, le trafic entre l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est ne sera plus routé par l’Europe.
L’opérateur des télécommunications Liquid Telecom a annoncé s’être lancé dans le perfectionnement de son réseau de fibre optique à travers l’Afrique de l’Est. Ces travaux « ont déjà permis de décongestionner le réseau, améliorer la connectivité et fournir des taux de latence très bas sur le continent africain ». Depuis l’acquisition de Kenya Data Networks, de Rwandan ISP Stream et d’InfoCom, un fournisseur de service Internet en Ouganda, Liquid Telecom, a mis la priorité sur l’intégration de ces réseaux à son propre réseau de fibre optique existant pour créer un vaste réseau IP, sans failles, très redondant. Nic Rudnick, le président directeur général de Liquid Telecom, a déclaré que « les récents problèmes d’Internet en Afrique de l’Est ont mis en exergue une fois de plus le besoin de l’Afrique en haut débit, en meilleure redondance et d’un réseau transfrontalier à grande échelle. Voilà pourquoi Liquid Télécom investit dans ses propres infrastructures ».
L’entreprise s’est lancée dans la construction de l’un des plus importants réseaux de fibre optique du continent avec des infrastructures qui vont du nord de l’Ouganda à la ville du Cap en Afrique du Sud. Elles parcourent le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana, la RD Congo et le Lesotho. Soit plus de 13 000 kilomètres. Au début du mois de juin, ce projet d’envergure a d’ailleurs décroché le prix de la « Meilleure innovation en infrastructures de réseau fixe » lors du Global Telecoms Business (GTB) Innovation 2013.
Le Cameroun élimine les relais occidentaux
Le Ministère camerounais des postes et télécommunications travaille sur un projet de construction de « points d’échanges Internet à vocation régionale ». A en croire les experts interrogés par l’Agence Ecofin, ces points d’échange vont désormais mettre fin au transit par les relais occidentaux de toutes les communications téléphoniques et Internet passées à l’intérieur du Cameroun. Ce qui va annuler un coût de transit d’environ un milliard FCFA chaque année pour l’ensemble des opérateurs dans la structure des prix des communications téléphoniques et sur Internet et, partant, le coût des communications en général. Toujours selon les explications des experts, ces points d’échanges vont aussi booster la fluidité dans les opérations de communication, et même garantir une certaine sécurité. Ce d’autant que les actes de piratage, généralement rendus plus facile lors du transport des données, seront réduits avec l’annulation du transport desdites données, qui se fait jusqu’ici entre le Cameroun et les relais occidentaux.
Le mois passé, la Commission de l’Union africaine a encouragé les gouvernements à aller dans le même sens, en se dotant de points d’échange Internet afin de « gérer localement le trafic Internet.»
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