(Xinhuanet 16/06/2011)
ANTANANARIVO-- Le président de la Haute Autorité de la Transition (HAT), Andry Rajoelina, a mis à côté mardi la décision de Sandton qui a exigé sans condition le retour à Madagascar de l'ancien président malgache Marc Ravalomanana.
Les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) se sont réunis à Sandton, Afrique du Sud, les 11 et 12 juin dernier pour participer à un sommet extraordinaire concernant la résolution de la crise politique malgache. Ils ont exigé à cette occasion le retour sans condition de Ravalomanana. Ce dernier vit en exil en Afrique du sud depuis mars 2009.
Rajoelian a rejeté cette demande de la SADC lors d'un point de presse tenue mardi à Antananarivo, sous prétexte que le retour de Ravalomanana pourrait engendrer des troubles à Madagascar. Les forces armées malgaches ont également déclaré quelques instants avant le point de presse leur opposition au retour de l'ancien président.
Pourquoi Rajoelina a mis a côté cette demande de la SADC, alors qu'il demande la reconnaissance internationale pour son régime ?
D'après le propos de Rajoelina, « le retour de Marc Ravalomanana engendrera des troubles. Lorsqu'il pourra revenir, la loi du pays sera appliquée à lui. Selon le droit international, les crimes de sang ne sont pas amnistiables ».
Dans le camp des mouvances des trois anciens présidents Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, qui demeurent rivaux politiques de Rajoelina, le Dr. Emmanuel Rakotovahiny de la mouvance Zafy a dit à Xinhua lors d'une interview exclusive, que Rajoelina s'est opposé au retour de Ravalomanana « parce qu'il a certainement peur de lui. C'est la seule explication. Il a peur que si Ravalomanana est là, ce sera la pagaille ».
Rajoelina a dit d'avancer aux élections le plus tôt possible avec ou sans les aides de la communauté internationale. Mais un de ses anciens supporteurs, qui est devenu actuellement opposant, a dit que « Rajoelina a peur de Ravalomanana aux élections, c'est pourquoi il l'empêche de rentrer au pays ».
Pourtant, le Dr. Emmanuel Rakotovahiny a exprimé « qu'il est trop tôt pour parler des élections parce qu'aucun pays n'a reconnu le référendum ni la constitution. En plus, organiser une élection à cette époque sera une élection risquée ».
Un expert malgache en science politique, le professeur Raniriharinosy Harimanana, a expliqué que Rajoelina refuse le retour de Ravalomanana « parce que ce dernier constitue un rival de grande taille pour lui et le régime de la HAT en général. C'est logique s'il essaye de centrer le débat sur le crime de sang en s' appuyant sur les instruments internationaux en la matière concernant le droit de l'homme pour empêcher le retour de Ravalomanana ».
L'ambassadeur de France à Madagascar, Jean Marc Châtaigner, a donné également son point de vue. Cité par le journal Midi Madagasikara, Il a dit qu'il n'y a qu'une seule feuille de route, celle de la SADC. Or, le président de la HAT a pris comme référence la feuille de route initiale paraphée par les groupements politiques malgaches le 9 mars dernier. Cette feuille de route a été déjà modifiée par le sommet de Sandton.
Le journal Midi Madagasikara a également analysé que la grande île risque d'isolement et de sanctions après la déclaration d' Andry Rajoelina et des forces armées, parce que la plupart des organisations internationales demande le retour de Ravalomanana au pays.
Sur la déclaration des forces armées, le professeur Raniriharinosy Harimanana a indiqué que « c'est normal si la HAT est appréciant sur les forces armées. Depuis le début de la crise, les forces armées se soumettent volontiers à n'importe quel prix exorbitant pour être du côté du plus fort ».
La crise politique à Madagascar a débuté en décembre 2008, entre Marc Ravalomanana, président de la république de 2002 à 2009 et Andry Rajoelina, maire de la capitale de l'époque. Mais la crise est devenue une impasse entre d'une part la HAT de Rajoelina et d'autre part les trois mouvances depuis août 2009.
Ravalomanana s'est exilé au Swaziland puis en Afrique du Sud le 25 mars 2009, après avoir remis ses pouvoirs à un directoire militaire le 17 mars 2009 suite aux manifestations massives conduites par Rajoelina, qui s'est investi le 21 mars 2009 en tant que président de la HAT.
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