mercredi 2 mars 2011

RDC : Coup d’État manqué ou le bluff de Kabila à Kinshasa ?

(Libre Opinion) — « All the world’s a stage, And all the men and women merely players ; They have their exits and their entrances, And one man in his time plays many parts, His acts being seven ages » – (Le monde entier est un plateau de théâtre où toutes les femmes et tous les hommes ne sont que les personnages de la pièce. Et chacun y joue son role) – écrivait Shakespeare [As You like It Act 2, scene 7, 139-143].
Depuis dimanche 27 février 2011, il semble que le « raïs » des congolais a échappé à une révolution du palais. Que s’est-il réellement passé cette journée ? Qui sont ces « malfrats » qui auraient attenté à la vie du Président congolais ? Comment le lieu le mieux protégé de Kinshasa peut-il être pris d’assaut en pleine journée par « un groupe d’individus fortement armés » sans qu’aucun service de sécurité ne s’en rende compte ? Comment expliquer que son « excellence » monsieur le ministre de l´information, Lambert Mende Ombalanga, soit amené à annoncer ce fameux coup d’État sur les antennes de la radio télévision nationale congolaise (RTNC) alors que les coups de canon sifflaient à cinq cent mètres (camp Nkokolo) ? Est-ce peut on dire qu’il y a eu un putsch manqué contre Joseph Kabila ? Ou s´agit-il d´une comédie de mauvais goût signée Joka (Joseph Kabila) ?
On se croirait dans un film fiction ! Des tirs nourris à la résidence du chef de l’État congolais ! Est-ce la répétition de l´aventure de l´assassinat de Laurent Désiré Kabila un certain 16 janvier 2001 au Palais de Marbre à Kinshasa ? Que non ! Si en 2001 l’issue était fatale pour Laurent Désiré Kabila, cette fois, c´est le « happy end » ; car, Joseph Kabila venait de quitter sa résidence trente minutes avant qu’elle ne fasse l’objet d’une attaque surprise par des « assaillants » non autrement identifiés lesquels, aux dires de son « excellence » monsieur le ministre de l´information Lambert Mende, étaient lourdement armés. Bilan : Sept morts, une centaine de blessé et plusieurs capturés.
Selon les mauvaises langues à Kinshasa, la version officielle de son « excellence » Monsieur le ministre congolais de l´Information serait un gros montage, c´est-à-dire du bluff. Cette source soutient, en revanche, que des assaillants seraient armés des machettes dissimulées au dos de leur t-shirt à l´effigie du président Joseph Kabila. Une indication non signalée par son « excellence » monsieur le ministre de l´information lors de sa conférence de presse au cours de laquelle il a prétendu que les assaillants étaient lourdement armés. Aucune source indépendante n’en fait mention. C’est, armés des machettes, que les « soudards » ont affronté les gardes de « l´autorité » morale (sobriquet du Chef de l´État congolais). Pour les mauvaises langues, les alentours de la présidence – en ce compris le Grand Hôtel, l´ambassade Suisse et plusieurs domiciles des ambassadeurs accrédités en RD Congo – pullulent tous les jours des officiels du régime, des agents camouflés de services de « renseignements » (ANR) et autres militaires en uniforme et coiffés des bérets rouges, jaunes , bleus, vert-citrons. Il est pratiquement difficile pour ne pas dire impossible qu’un groupe d’assaillants, du reste lourdement armé, progresse pendant plus ou moins cinq à dix kilomètres à pied sans attirer l’attention des passants et de ces agents. De même, ceux qui ont attaqué le camp Kokolo ne pouvaient librement se mouvoir avec leurs lance-roquettes et chars de combat sans attirer l´attention des passants qui se rendaient au stade de martyr à Kinshasa pour suivre le duel V. Club contre Océan View de Zanzibar. Quant à l´aéroport de N´djili, inutile d´en parler, quand on sait que, outre le camp militaire à proximité, il y a les passagers, les vendeurs à la criée et surtout tous les services de sécurité y fourmillent. Une progression d’hommes en armes ne peut passer inaperçue. Par conséquent, mon « excellence » le ministre de l´information en RD Congo, comme à son habitude, n´a pas dit toute la vérité. Donc, ce n´est pas sûr que l’enquête ouverte pour comprendre ce qui a troublé le dimanche de la « haute » hiérarchie à la congolaise révèle la face cachée de cette comédie.
1. Bluff signé Joseph Kabila ?
Le « coup » d’Etat manqué contre le régime de Kinshasa laisse les congolais incrédules pour la simple raison que des questions essentielles, sur le mobile et les commanditaires du putsch, demeurent sans réponse. Qui sont les agresseurs ? D’où viennent-ils ? Qui est le commanditaire de leur action ? Quel est leur objectif ?
L´agitation qui règne dans les rangs du pouvoir de Kinshasa explique l´immoralité et la fourberie du comportement de ceux qui prétendent nous gouverner avec défi. Le scrutin majoritaire à un tour ne garantit plus la victoire aux élections ; il faut imaginer d´autres scénarii – surtout que la rue n´a pas encore dit son dernier mot en RD Congo – pour se maintenir au pouvoir ; car le rapprochement Tshisekedi-Kamerhe change la donne. Si ces deux opposants ainsi que le Mouvement de Libération du Congo font front commun, soutenus par Ne Mwanda Nsemi, le président de Bundu di Mayala, on parlera désormais de Kabila au passé (ex-président). Il faut donc trouver une astuce : inventer un coup d’État imaginaire afin de créer le chaos pour préparer la politique de la terre brûlée. L’objectif poursuivi par le régime de Kinshasa est simple : créer des troubles ; semer la mort et la désolation pour justifier la restriction des libertés individuelles et publiques. Ainsi pour mettre hors course les adversaires politiques, ces « assaillants » armés des lance-roquettes et des chars de combat qui circulaient librement dans les artères de Kinshasa au point d’attaquer le palais présidentiel, seront utilisés pour dénoncer les commanditaires imaginaires qui pourront être arrêtés ou assignés en résidence surveillée. Le scénario de Rwanda est entrain de se préparer en RD Congo.
2. Les dirigeants politique congolais n´ont ni foi ni loi
En République très démocratique du Congo où le pouvoir en place ne communique que pour faire sa propagande ; il est clair que nul ne saura la vérité sur ce qui s’est réellement passé dimanche 27 février 2010 à Kinshasa. Intimidé par son « excellence » monsieur le ministre de l´information, les médias d’État ne seront pas d’un grand secours. Dans son édition du dimanche soir, la radio publique flamande « VRTN » considère ce « coup » comme une « attaque non-organisée menée par des amateurs » (congoindépendant.com). En conséquence, il est difficile de soutenir sérieusement qu’une tentative de putsch a eu lieu dimanche 27 février 2011 à Kinshasa ; car les « affreux » n’ont à aucun moment tenté de prendre le contrôle des principaux ministères et les moyens d’information et de communication. Donc, la conclusion qui se dégage est simple : c´est une comédie jouée par Joseph Kabila et ses barbouzes afin de justifier dans les prochains jours la proclamation de l’État d’urgence en vue de restreindre les droits humains en RD Congo, notamment les droits d’organiser des réunions politiques. Et au finish, cette « attaque » pourrait servir de prétexte pour le régime en place de « nettoyer » l’armée de certains éléments gênants. ´A l’analyse de toutes ces questions, l’hypothèse que ce putsch « manqué » soit une farce signée Joseph Kabila peut être émise. Elle aurait pour but de contraindre « les assaillants » à donner des témoignages sur leurs « liens » avec cerveau moteur de l´opération, c´est-à-dire certains acteurs politiques congolais que Joseph Kabila et sa clique voudraient « neutraliser » ou d’engager le pays dans un processus d’insécurité devant conduire au report des élections. Les manœuvres du pouvoir à Kinshasa de museler l´opposition ou de réprimer dans le sang le meeting de l´Union de démocratie et le progrès social (Udps) du 24 avril prochain n´est pas non plus à exclure. Les dirigeants de Kinshasa n’ont ni foi ni loi. L’issue des « prétendues enquêtes » sur ce coup d’État imaginaire le démontrera dans les prochains jours. Les adversaires de Kabila sont avertis. L’homme ne reculera devant rien ; il va tuer, tuer et beaucoup tuer encore pour se maintenir au pouvoir. Il n’hésitera pas d’intimider ses adversaires. Cette fois-ci, la « haute » hiérarchie risque de se tromper énormément.
3. C´était de la farce !
Revenant sur la journée de dimanche 27 février 2011, une source bien informée à Kinshasa assure que Joka (Joseph Kabila) a quitté sa résidence aux alentours de 12h00 pour se rendre dans sa ferme de Kingakati. « C’est aux environs de 14 heures que la résidence présidentielle a subi l’attaque », dit-elle. Coïncidence ? Selon son « excellence » monsieur le ministre Mende, le chef de l’Etat a aussitôt regagné son habitation après avoir pris connaissance de cette agression. « C’est assez étrange de voir un chef d’État regagner sa résidence alors que celle-ci venait de subir une agression menée par des assaillants non identifiés qui pouvaient être éparpillés dans la ville ». Selon des informations franchement difficiles à vérifier, « Kabila » aurait été grièvement blessé et évacué dans un hôpital à Brazzaville. Aucune source indépendante n’a pu confirmer ce fait. Il en est de même des allégations selon lesquelles plusieurs membres de la garde rapprochée de la « haute » hiérarchie auraient péri lors des affrontements
Il y a lieu de rappeler qu´il y a un mois, l’aéroport de la Luano, à Lubumbashi, avait enregistré l’attaque d’un commando. Aucun assaillant n’avait malheureusement été arrêté. Mais un agent de garde du Groupe Forrest International y avait trouvé la mort. Alors que la rumeur imputait l’agression aux ex-gendarmes katangais, mieux connus sous le label de « Tigres », le gouverneur de province, Moïse Katumbi, avait parlé d’une mascarade. Selon lui, le commando n’aurait existé que dans l’imagination fertile des gens. Toutefois, les enquêtes sont ouvertes pour tenter de décrypter le mystère de l’incident de l’aéroport de la Luano. Pour la petite histoire, cet aéroport est situé à quelques kilomètres du camp militaire Kimbembe qui sert de base à un important contingent de la garde présidentielle, les fameux « Bana Moura ». Bilan : un fonctionnaire tué. Pourquoi ? L’opinion congolaise attend toujours de connaître la vérité sur cette affaire. « Nous attendons un rapport pour savoir exactement qui étaient ces gens. Tout est rentré dans l’ordre maintenant et les vols ont repris », déclarait Mende le 4 février dernier en soulignant que la police a arrêté plusieurs suspects et « s’est lancée à la poursuite des assaillants ».
Ouf ! Décidément, on en veut à Kabila ! Mais qu’a-t-il fait notre « président » pour mériter ce sort peu enviable ? Rien. Sinon que des morts, parsemés sur son chemin en dix ans de pouvoir ! La mal gouvernance reste la règle en RDC, et les droits de l’homme sont bafoués au point que les sbires de Kabila ont tués deux défenseurs des droits de l´homme pourtant invités par le chef de la police nationale congolaise. Franchement on nous prend pour des cons !

Par Dr. & Habil., Prosper Nobirabo Musafiri
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