(Afrik.com 12/08/2010)
Une crue d’une telle ampleur n’avait pas été observée depuis 1929
La crue exceptionnelle du fleuve Niger, due à une importante pluviométrie, a fait au moins 5500 sinistrés à Niamey, capitale de la République du Niger. Cette catastrophe intervient au moment même où le pays traverse une période de famine. Ce mercredi, la pluie n’avait pas cessé.
Réveillés par les eaux envahissant leurs maisons. C’est ce qu’ont connu, dans la nuit du 5 au 6 août, les habitants des quartiers de Niamey riverains du fleuve Niger. Quelques heures plus tard, certaines habitations, pour la plupart construites en banco (briques de terre), ont commencé à s’effondrer.
Selon un bilan provisoire, l’on compte plus de 5500 sinistrés dans une dizaine de quartiers proches du fleuve. Les inondations ont touché principalement les quartiers Lamordé, Karadjé, Zamagandey, Kossey et Kombo de la capitale. En outre, 220 ha de cultures maraîchères et 229 ha de cultures de riz ont été endommagés. Une première assistance a été fournie en eau, assainissement et bien non-alimentaires pour une partie des sinistrés.
Une crue sans précédent depuis 1929
« Nous enregistrons un débit de 1990 mètres cubes par seconde, c’est la première fois qu’on a relevé un tel débit depuis 1929 », a affirmé à la télévision publique nigérienne Abdou Gero, expert de l’Autorité du bassin du Niger (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Nigeria, Tchad et Niger).
Comme nous le confie Daniel Sighomnou, consultant pour l’ABN et Docteur en Sciences Naturelles au Centre de Recherches Hydrologiques de Yaoundé, « Une partie importante des eaux responsables des inondations à Niamey vient des affluents du fleuve Niger qui prennent leur source au Burkina Faso. Ces eaux résultent de précipitations exceptionnelles enregistrées dans la période du 21 au 31 juillet 2010 sur cette partie du bassin versant du Niger. »
Pour le chercheur, d’autres régions situées en aval de Niamey pourraient également être touchées par les mêmes eaux d’inondation, notamment la localité de Malanville à la frontière Niger-Bénin et certaines régions du Nigeria. En revanche, il nous précise que l’ampleur des inondations devrait « aller décroissant d’amont en aval. »
Le gouverneur de la région de Niamey, le colonel Soumana Djibo, a appelé les populations qui sont encore dans leurs maisons malgré les inondations à rejoindre la dizaine de sites de relogement, alors que les forces de sécurité procèdent à des évacuations depuis la semaine dernière. Il a également lancé aux associations et ONG nigériennes et étrangères « un appel à la solidarité » envers les sinistrés.
D’après les dernières données, quelque 773 ménages ont été touchés par les inondations du fleuve Niger à Niamey, soit 5451 personnes. Seuls 230 ménages, soit 1997 personnes, ont été replacées dans l’un des 10 sites communautaires (écoles), selon un rapport de l’agence humanitaire OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs).
L’ONU craint également l’apparition et la propagation de maladies dues au bétail qui a péri dans ces inondations.
Enfin, selon le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires religieuses, Cissé Ousmane, la situation risque d’empirer au regard des prévisions météorologiques qui annoncent d’importantes précipitations au cours des jours à venir. Selon les autorités, plus de 20 000 personnes pourraient en être victimes.
par Maxime Serignac
mercredi 11 août 2010
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