18 janvier 2011
Le dixième anniversaire de la disparition de M'Zee L.D Kabila a été fêté avec beaucoup d'éclat et de dignité. Toutes les manifestations organisées à cette occasion avaient mis l'accent sur le message de cet immense patriote à la nation congolaise. Des messages à la fois touchants, profonds et par moment déroutants. C'est que à ce jour, chacun parle de cet homme plus avec son cœur, et rarement avec la raison. Or, l'œuvre de M'Zee est tout ce qui a de plus rationnel. Autant le message des hommes de Dieu a été un, dense et homogène, autant celui des hommes politiques a pu prêter à quelques interprétations qui auraient découragé M'Zee lui-même.
En effet, lorsqu'au nom du PPRD, le professeur Boshab dit : " si nous pouvons fêter M'Zee comme nous le faisons aujourd'hui, c'est parce que nous sommes au pouvoir. Pour continuer à fêter cet anniversaire, nous devons nous battre pour être toujours au pouvoir ", que devons nous retenir ? Je rends l'idée du message avec mes mots à moi. Mais ma préoccupation, et celle de beaucoup de Congolais, en relevant ça, c'est : pourquoi être nécessairement au pouvoir pour fêter M'Zee ?
Quand on sait que le plus grand nombre de ceux qui l'ont pleuré, chaudement et sincèrement, n'ont jamais serré la main d'un bourgmestre, on est en droit de croire que le professeur Boshab a certainement voulu dire autre chose. Mais il a été trahi par sa bouche qui est allée plus vite que sa pensée. Parce qu'il est impossible qu'il puisse penser que si le PPRD n'est plus au pouvoir, il ne pourra plus fêter avec dignité et faste la mémoire de M'Zee L.D Kabila.
Au Grand Hôtel, une troupe théâtrale des professionnels accomplis a, elle aussi, livré quelques messages qui ont ému l'assistance. Le professeur Lopez a livré le sien dans un silence sépulcral. Les messages de la troupe théâtrale ont été à la fois émouvants, et par moment déroutants. Elle a par exemple montré, de manière tout à fait inopportune, comment sous la colonisation le Blanc maltraitait le Congolais. Etait-ce nécessaire dans une circonstance aussi solennelle, de remuer des souvenirs qui ne pouvaient qu'embarrasser certains de nos amis blancs, dont le professeur Lopez, qui nous accompagnent depuis 1960 ?
Plus déroutant, la manière dont le règne de Mobutu a été brièvement présenté. Tout le monde a pu constater, en suivant attentivement les acteurs, que Mobutu avait un grand cœur. Il recevait tout le monde, et pour tous les problèmes qui étaient portés à sa connaissance, il chargeait invariablement son conseiller pour les régler. Or, celui-ci le faisait toujours à sa manière, c'est-à-dire très mal. Au point où Mobutu, toujours accessible au petit peuple, n'était finalement que victime de ses conseillers. N'eût été cela, et c'est ça le message, Mobutu n'avait rien d'un méchant ou d'un mauvais patriote.
C'est une façon comme une autre, à travers des messages aussi déstructurants, de réhabiliter Mobutu dans l'opinion. Si c'était ça l'intention des acteurs, c'est réussi cent pour cent. Maintenant la question : avec des messages au contenu aussi diffus que déroutant, livrés en plus à une opinion parmi la plus sous informée du continent, à quel résultat espère-t-on arriver ? Aujourd'hui et demain ?
Mankenda Voka
lobservateur.cd
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire