(L'Express 18/01/2011)
Cinquante jours après le second tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire, l'impasse reste totale entre le président sortant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, dont l'élection a été reconnue par la majeure partie de la communauté internationale.
Le Premier ministre kényan, Raila Odinga, a rencontré lundi les deux hommes dans le cadre d'une mission de médiation.
"C'est une situation très difficile, mais je pense que nous faisons quelques lents progrès", a déclaré son porte-parole, Salim Lone, ajoutant qu'Odinga rencontrerait dans la journée des diplomates pour les informer de ses efforts mais que rien d'autre n'était programmé pour l'instant.
Alassane Ouattara a été reconnu vainqueur par la commission électorale et les résultats ont été certifiés par les Nations unies. Mais Laurent Gbagbo a fait invalider par le Conseil constitutionnel, qu'il contrôle, des milliers de bulletins de vote dans des secteurs favorables à Alassane Ouattara.
Le président sortant refuse de céder le pouvoir et garde le contrôle des bâtiments administratifs, de la télévision publique et des forces de sécurité.
L'administration parallèle de Ouattara, reconnue par les organisations régionales africaines, est basée dans un hôtel d'Abidjan, sous protection de l'Onuci, la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire, et assiégée par des forces pro-Gbagbo.
L'Union européenne et les Etats-Unis ont imposé des sanctions à Gbagbo et à ses proches et les efforts se poursuivent pour lui couper l'accès à des financements.
Mardi, le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, a durci le ton en réclamant le départ immédiat de Laurent Gbagbo. "La position du gouvernement britannique est que l'ancien président Gbagbo, qui a perdu l'élection, doit partir, et partir maintenant", a-t-il dit.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a menacé Laurent Gbagbo d'un recours à la force s'il ne cède pas le pouvoir.
La Grande-Bretagne a fait savoir qu'elle apporterait son soutien aux Nations unies en faveur d'en recours à la force si la Cédéao sollicite le soutien à une intervention militaire. Toutefois, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a exclu une intervention militaire britannique directe.
Le Premier ministre de Ouattara, Guillaume Soro, a lancé un appel à la grève générale à compter de mardi, après deux précédents appels restés sans effet.
La circulation était moins dense que d'habitude dans les rues d'Abidjan et certains magasins étaient fermés. Dans certains quartiers favorables à Ouattara, des jeunes ont brûlé des pneus dans la rue, ont rapporté des témoins.
L'Onuci estime qu'au moins 247 personnes ont été tuées depuis le début de la crise, pour beaucoup victimes de raids nocturnes perpétrés par les forces de sécurité ou des milices alliées dans des quartiers favorables à Ouattara. Le camp Gbagbo se défend de toute exaction.
Avec la détérioration des relations entre Gbagbo et l'Onuci, ses forces et ses partisans ont attaqué des patrouilles de l'Onu. Des casques bleus ont tiré de coups de semonce lundi pour disperser des jeunes pro-Gbagbo qui les entouraient près de l'hôtel où est descendu Odinga et la police a à son tour tiré des coups de semonce, ont rapporté des témoins.
L'Onuci a publié mardi un communiqué disant que les casques bleus avaient d'abord été la cible de tirs d'"éléments armés".
Les responsables militaires de la Cédéao devaient se réunir mardi au Mali pour discuter de la possibilité d'une intervention pour chasser Gbagbo du fauteuil présidentiel. Mais il semble qu'ils soient divisés sur la faisabilité d'une telle opération.
Salim Lone a souligné que l'objectif était de convaincre Gbagbo de partir. "Lorsque vous négociez, vous ne dites pas 'vous devez partir'. Vous tentez de convaincre votre interlocuteur de partir. Un accord négocié est dans l'intérêt des deux camps et dans l'intérêt du pays", a dit le porte-parole de Raila Odinga en notant que si Gbagbo était chassé par la force ses partisans causeraient des troubles.
Par Reuters, publié le 18/01/2011 à 14:15
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