mercredi 3 novembre 2010

Sénégal -EXCLUSIF : BARA SADY, Directeur général du Port Autonome de Dakar. : «Nous ambitionnons d’être la plateforme logistique de référence en Afrique»

(Les Afriques 03/11/2010)

En marge du Forum Africain des Infrastructures qui s’est tenu a Dakar du 21 au 22 octobre 2010, Monsieur BARA SADY, Directeur Général du Port Autonome de Dakar s’est confié en exclusivité à Les Afriques. Le point.
Les Afriques : Le Port Autonome de Dakar revendique t-il la première place portuaire au Sud du Sahara ?
BARA SADY, DG du PAD : Je ne perçois pas la question comme cela. Il ne s’agit pas de revendiquer la première place mais plutôt de se donner les moyens de notre ambition d’être une référence en Afrique. Le Port autonome de Dakar jouit de prédispositions stratégiques de plusieurs ordres. Notre position géographique et les conditions nautiques favorables constituent des atouts majeurs pour faire du PAD, un port de classe internationale ouvert 24 heures/ 24 et 7 jours sur 7. En dehors de ces deux aspects, nous sommes certifiés ISO 9001 depuis 2006 pour le pilotage des navires et depuis 2009 pour la gestion des terres- pleins. Il convient aussi de noter qu’en janvier 2008, suite à la concession du terminal à conteneurs, DP world, 3éme opérateur mondial, a réalisé des investissements massifs qui ont permis la réalisation de performances exceptionnelles. Nous misons aussi sur le développement des trafics concurrentiels de transbordement et de transit sur l’hinterland notamment le Mali ou le port de Dakar détient 60% de parts de marché.
LA : Pouvez-vous nous décliner la Vision Port 2010 que vous avez lancée depuis quelques années ?
B. S : Nous avons lancé en 2003-2004 la Vision Port 2010, qui s’appuie essentiellement sur la grande vision du président, Abdoulaye Wade sur le développement des infrastructures. Cette Vision Port 2010 tend à faire du PAD une plateforme de logistique de référence axée sur l’amélioration de la qualité des services. Il faut préciser que le socle de la Vision est composé de deux programmes d’investissements. S’agissant du premier programme qui s’étale de 2004 à 2008 il comprenait 4 projets majeurs :
1- Le projet de réhabilitation et extension du Mole 2 avec un approfondissement des profondeurs de 8-10 mètres et une extension de 3,5 hectares qui est déjà achevé.
2- L’extension du terminal à conteneurs avec :
•des terres pleins additionnels de 8 hectares obtenus par un remblai de 800 000 m3 de sable de mer
•un troisième poste à quai de 290m de long fondé à 13,5 m qui vient s’ajouter aux 430 mètres de linéaire de quai fondé à 11,60 m de profondeur.
3- La construction d’une plateforme logistique de 21 ha qui est constituée de :
•40 000 m2 de surface couverte de stockage (3 hangars de stockage de 8000 m2, un de 5500 m2 et de 4 hangars de 2500 m2)
•un parking gros porteur qui peut accueillir 700 camions,
•un espace de dépotage de conteneurs et
4- la réalisation d’une gare maritime internationale qui pour le moment sert au trafic passager sur les liaisons Dakar- Gorée et Dakar- Ziguinchor. J’ajouterai juste que nous tendons vers l’exploration à court terme du trafic de croisière. C’est à la fois très audacieux et faisable et le Port de Dakar travaille dans ce sens pour matérialiser ce projet.
Enfin, il faut aussi noter la réalisation du port sec de Bamako sur 6 ha
En ce qui concerne le deuxième programme d’investissement, il s’étend de 2008 à 2012. Le Port autonome de Dakar à travers son deuxième emprunt obligataire lancé sur le marché UEMOA depuis avril dernier pour un montant de 10 milliards FCFA va réaliser l’approfondissement du chenal d’accès et la réhabilitation du Wharf pétrolier. Les appels d’offres sont déjà lancés.
Vous conviendrez avec moi, que la Vision Port 2010 est axée principalement sur l’amélioration et la qualité des services.
LA : Quelles sont les motivations des deux emprunts obligataires lancés sur le marché financier de l’UEMOA en 2004 et 2010 par le PAD ?
B. S : C’est un pari audacieux de haute portée économique. Nous avons lancé le premier emprunt obligataire sur le marché financier de l’UEMOA en 2004 pour une souscription à hauteur de 30 milliards F CFA. C’est le plus gros emprunt obligataire institutionnel émis sur le marché sous-régional. Cet emprunt a mobilisé bon nombre d’institutions qui ont répondu favorablement à notre sollicitation. Des opérateurs des pays limitrophes comme la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Mali, ont souscrit à cette opération qui a été un grand succès. Nous l’avions bien préparée. Pour un besoin initial de 30 milliards F CFA, nous nous sommes retrouvés avec plus de 45 milliards F CFA au terme des souscriptions. Cette levée de fonds nous a permis de financer la plateforme logistique et l’extension du terminal à conteneurs. Nous venons également de lancer sur le marché de l’UEMOA, depuis avril dernier, un second emprunt obligataire pour un montant global de 10 milliards FCFA. L’engouement qu’a suscité cette opération auprès des souscripteurs nous a permis de disposer de quelques 15 milliards FCFA. Avec ces fonds déjà en place, nous allons financer le projet d’approfondissement du chenal d’accès et réhabiliter le Wharf pétrolier. Ces opérations de grande envergure réalisées sur le marché financier sous-régional prouvent que le PAD jouit d’une crédibilité internationale incontestable.
LA : On a beaucoup spéculé sur les conditions et les critères d’attribution de la concession pour la gestion du terminal à conteneurs du PAD à la multinationale DP World en fin 2007. Pouvez- vous revenir sur la concession ?
B. S : Absolument. Je me sens très à l’aise d’évoquer avec vous les péripéties de l’octroi de la licence à DP World. Je rappelle simplement que la convention de concession avec DP World a été signée en fin 2007. Nous avons lancé un appel d’offre international et j’avoue que tout s’est passé dans la plus grande transparence. Les procédures de pré-qualification et d’adjudication finale ne sont entachées d’aucune irrégularité. Nous avons respecté les règles du marché international à toutes les étapes. DP World a soumissionné au même titre que ses concurrents dont le groupe Bolloré, Maersk, Getma et a gagné. Par rapport aux multinationales concurrentes, elle avait l’offre la mieux disante aussi bien sur le plan technique que financier.
La procédure à été transparente sur toute la ligne et nous sommes convaincus d’avoir fait un choix pertinent. DP World est une référence mondiale, il opère sur 53 terminaux à travers 19 pays dans le monde. En Afrique, il opère à Maputo, en Djibouti, en Afrique du Sud et fait d’excellents résultats.
LA : En réalité, qu’est ce le PAD gagne plus en termes de plus value financière avec DP World?
B. S : Très bonne question. La convention de concession renferme 3 programmes d’investissement : le programme ferme d’investissement, le programme complémentaire et le programme conditionnel.
S’agissant du programme d’investissement ferme qui se termine en 2012, l’opérateur DP World a déjà, en 2010 dépassé les montants prévus d’environ 30%. Ce programme, ambitieux du reste, consiste à faire les travaux de génie civil pour le terminal à conteneurs, à acquérir des portiques de quai et des chariots cavaliers (RTG). A l’heure actuelle, ils sont tous sur le quai. Ce programme d’investissement de DP world à permis la mise en place d’un parc informatique de pointe et une mise à niveau des ressources humaines.
Concernant l’autorité portuaire, un point qui me paraît important et démontre l’impact de DP World sur le port est sans doute la perception des redevances variables.
A cela s’ajoute la prise en charge de l’entretien du terminal par le concessionnaire contrairement à la situation avec les ex opérateurs.
LA : Quels sont les défis à court terme du PAD ?
B. S : Nous voulons être la plateforme logistique de référence comme port pivot dans la sous région. Nous avons les atouts et les moyens de nos ambitions. A cela s’ajoute le capital d’expérience et d’expertise que nous détenons depuis plusieurs années dans ce domaine et qui se valorise davantage. Les investissements massifs de DP World nous positionnent à relever ce pari.
S’agissant de la desserte de l’hinterland, historiquement nous avons aussi avantages comparatifs vers le Mali avec une possibilité de trafic de 300 camions/ jour par le tronçon routier actuel (route du nord) et un potentiel à mettre en valeur avec le rail.
La construction de la Route du Sud ou la route de l’Intégration qui va permettre un gain de 250 km entre Dakar et Bamako, la relance des Entrepôts du Sénégal au Mali et l’ouverture de notre représentation à Bamako sont autant d’éléments qui présagent de bonnes perspectives pour l’accroissement de nos parts de marché sur le mali.
Aujourd’hui le PAD fait 60% des parts de marché sur le Mali. Nous entendons mener la grande révolution portuaire. Je vous donne rendez-vous dans quelques années s’il plait à dieu.

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