vendredi 19 novembre 2010

R.D.C. -Dette de la Rdc : 7, 35 milliards de dollars effacés

(Afrique Actu 19/11/2010)

Contrairement à la controverse créée avant la réunion de mercredi 17 novembre, le club de Paris a décidé l’annulation de la dette de la Rdc. Le gouvernement appelé à plus d’efforts pour améliorer le climat des affaires et endiguer la corruption.
La nouvelle est tombée mercredi dans la soirée. Un rebondissement qui a laissé certains observateurs dubitatifs. Car, en effet, dans une certaine opinion, on se demandait si demain, il n’y aura pas une autre déclaration remettant en cause les promesses d’annulation de la dette.La dernière prestation médiatique du ministre belge de la coopération, Charles Michel, avait poussé certains Congolais à douter de la bonne foi des institutions financières internationales et des partenaires bilatéraux de la Rdc. Dans d’autres milieux où on a l’habitu
de de messes noires contre leur pays, le champagne avait coulé à flot à l’idée que le point d’achèvement réussi à coup de sacrifice, n’aurait finalement servi à rien. Une curieuse façon de vouloir le bonheur du peuple congolais. Du côté du gouvernement congolais, on est resté serein tellement que ni les déclarations de Charles Michel, ni les commentaires indélicats d’une certaine opposition, n’avaient force de décision. On ne pouvait pas réussir le point d’achèvement en supportant toutes les étapes et s’entendre dire « l’on ne sait pas comment la Rdc y est arrivée ».
La décision qui est tombée mercredi vient réconforter le gouvernement congolais. Les créanciers publics de la Rdc, réunis autour du Club de Paris, ainsi que le Brésil, ont décidé d’annuler 7,35 milliards de dollars us de dette de la Rdc. C’est l’essentiel que le gouvernement congolais voulait. Se débarrasser de cette odieuse dette que les partenaires de la Rdc gardaient pour des raisons difficiles à expliquer. Car, ils savent tous que cette dette n’avait pas servi au peuple congolais. Cette dette effacée, la Rdc peut respirer et réécrire l’histoire de son développement sur un fond assaini. La décision est intervenue à la suite d’une réunion de pays industrialisés membres du Club de Paris dont les Usa et la Russie. Le Brésil qui s’est joint au club de Paris est allé dans le même sens. La dette est annulée dans le cadre de l’initiative Ppte. Cela veut dire que la Rdc est appelée à utiliser les ressources ainsi dégagées dans la lutte pour l’éradication de la pauvreté.
Il s’agit d’une décision méritée et non d’un cadeau des créanciers de la Rdc. Pour le commun de Congolais, afin d’éviter une certaine manipulation d’une certaine opposition en cette période imminente de campagne électorale, il faut une explication. Les 7,35 milliards de dollars Us n’est pas de l’argent comptant. L’opinion doit savoir que si le Club de Paris a annulé la dette, c’est parce que la Rdc n’était plus en mesure de la payer. Sa capacité de production est devenue moindre par rapport à capacité de paiement.
Lorsque les partenaires demandent que l’argent dégagé puisse désormais servir à la lutte pour la réduction de la pauvreté, cela veut tout simplement dire que les fonds qui seront mobilisés et qui servaient hier au service de la dette devront être affectés aux projets pro-pauvres. Pour une fois de plus, le gouvernement congolais, dans la vision de Joseph Kabila, est en voie de rendre possible le vœu des pères de l’indépendance à travers l’hymne national : « Et pour de bon, prenons le plus bel élan dans la paix ».
Le pays avait décidé de partir de l’évaluation après cinquante années d’indépendance, sur de nouvelles bases. C’est dans ce cadre que le point d’achèvement a été vécu comme une pierre dans la nouvelle gouvernance. C’est une performance compte tenu du fait que ce n’est pas chaque jour que chaque pays atteint le point d’achèvement. La Rdc, peut-on rappeler, est le 30ème pays à accéder à ce point d’achèvement de l’initiative Ppte.
La Rdc, en plus du fait que c’est un pays pauvre fortement endetté, est un pays sortant des guerres fratricides. Un pays post-conflit. Si la Rdc est engagée dans la recherche du point d’achèvement depuis des décennies, c’est en 2001 que le pays entrevoyait le bout de tunnel. La gestion du pays a permis qu’il atteigne quelques mois après le point de décision. Cet effort sera interrompu en 2006 à cause de la mauvaise gestion du PEG (programme économique du gouvernement). La Rdc est repartie en lutte avec le gouvernement issu des élections de 2006. En dépit des difficultés, le gouvernement a tenu le cap. Au mois de juin 2O10, la Rdc a atteint le point d’achèvement. Cet accord avec le Fmi et la Bm, ouvrait des perspectives nouvelles avec une voie ouverte sur l’annulation de la dette.
Pour la petite histoire
Pour retrouver les origines de l’initiative Ppte, il faut remonter en 1996. C’est au cours de cette année que la Banque mondiale et le FMI ont lancé l’idée de l’initiative Ppte. C’est un cadre créé par les créanciers de pays pauvres très endettés afin d’envisager l’annulation de leur dette en vue de leur permettre, avec de l’argent épargné du service de la dette, de lutter contre la pauvreté. Certains pays n’avaient pas attendu la dernière réunion du Club de Paris. C’est le cas de l’Espagne qui, en septembre de cette année, avait déjà gratifié la Rdc de l’annulation d’une dette de 224 millions de dollars Us. Cette annulation était consécutive à un accord signé par le Club de Paris au mois de mars 2010.
Contrairement à ce que d’aucuns pouvaient penser, l’annulation de la dette n’est pas une jouissance, mais une exigence. C’est dans ce cadre que l’on comprend les recommandations des partenaires de la Rdc. Il s’agit entre autre de demander à ce pays de fournir davantage d’efforts en vue d’améliorer le climat des affaires. Cette recommandation s’impose dans la mesure où, pour mobiliser des ressources, il faut booster les investissements. Il en est de même des efforts à fournir pour endiguer la corruption, un fléau qui participe à la dilapidation des moyens de l’Etat. Tout cela n’est possible que par la bonne gouvernance, un effort de tous et non seulement des dirigeants. Car, on ne peut pas se dire soucieux de l’avenir du pays sans se sentir individuellement et collectivement concerné par les efforts d’assainissement des mœurs.

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