Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme - L’ouverture sous la présidence du Président de la république de Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, du ‘’Débat national sur le Terrorisme et l’extrémisme’’ et la cérémonie de clôture présidée par le Premier ministre, le Dr Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf, sont assez édifiants sur l’intérêt qu’accorde le pouvoir en place à cette question.
C’est une stratégie à plusieurs axes dans laquelle ont dominé jusque là les interventions militaires qui sont mise en vigueur par Nouakchott pour booter le terrorisme hors du territoire mauritanien. Ce débat parait comme une autre flèche à l’arc anti-terroriste. Le récit.
Depuis le 4 juin 2005, la Mauritanie est devenue la cible d’attentats attribués à ‘’un groupuscule de terroristes’’. Tout a commencé par une violente attaque contre la garnison de Lemgheitty tuant dix sept soldats. La dernière de ces nombreuses attaques fut celle dirigée contre la région militaire à Néma, le 24 août 2010. C’est pour juguler ce fléau que les autorités ont organisé au palais des Congrès de Nouakchott du 24 au 28 octobre 2010 un ‘’débat national’’ en présence d’invités nigériens, maliens, sénégalais et algériens.Les religieux, au cours du débat national, ont tenu à apporter l’éclairage nécessaire sur la nature non islamique de ces actes qui ne relèvent donc que du ’’terrorisme et de l’extrémisme’’, la terreur des salafistes. « Ces actions sont contraires aux enseignements de notre sainte religion, aux valeurs culturelles de notre société et à la plus simple logique politique, leurs auteurs ne se sont pas privés d'alléguer des interprétations extrémistes étrangères au sens authentique de la Sunna et les finalités de la Charia », souligne le rapport de synthèse du débat national, à la lumière d’intenses débats découlant de ‘’l’axe religieux et doctrinal’’ qui s’est décliné en plusieurs thèmes de conférences : ‘’position de l’islam par rapport à la violence et l’extrémisme’’, ‘’rôle des oulémas mauritaniens dans la propagation de l’islam’’ et ‘’comment extirper les phénomènes de la violence et l’extrémisme’’, ‘’la théorie et la pratique des relations avec l’autre en Droit musulman’’ . Il y a eu également la lecture de certaines expériences de lutte contre le radicalisme et l’extrémisme. Les Oulémas et penseurs ont montré que le terrorisme et l'extrémisme sont des phénomènes étrangers à l'esprit de l'Islam et qu'ils sont uniquement engendrés par l'ignorance. Ils ont également rappelé que cette sainte religion ne s'est propagée dans ces contrées qu'à la force des mots, des arguments, du prêche et du Jihad basé sur le Coran et la Sunna. Les terroristes ne sont nullement des Jihadistes, soulignent-ils.
A l’instar de cet axe religieux et doctrinal, d’autres axes ont fait l’objet d’une perle de conférences comme ‘’axe culturel et académique’’, ‘’axe communication’’, ‘’axe politique’’ et enfin ‘’axe justice, défense et sécurité’’.
Formation
Dans le cadre de l'axe culturel et intellectuel, les universitaires, conférenciers et intervenants ont abordé les dimensions pédagogiques, sociales, psychologiques, juridiques et économiques du phénomène. A la suite des conférences et interventions, les participants ont souligné que les dimensions en question ne doivent être omises dans aucune approche sérieuse visant à identifier les causes du phénomène et à déterminer les solutions de nature à immuniser la société contre le fléau. L’injustice, l’inégalité devant l’accès à l’Education et devant l’emploi et bien d’autres maux de la société ont été identifiés comme étant à l’origine de l’extrémisme et du terrorisme. Les portes à toutes les aventures sont ouvertes à ces jeunes, généralement désœuvrés et qui n’ont plus rien à perdre qui sont recrutés par les terroristes au nom de la Jihad. Des appels à la raison ont été lancés à la faveur de l’ouverture d’un dialogue avec des jeunes mauritaniens qui ont intégré les réseaux de terrorisme.
Opérations militaires
Face à la menace d’Al Qaïda, puisqu’il s’agit bien de lui, même si les autorités de Nouakchott se défendent d’user de cette appellation, le pays de Mohamed Ould Abdelaziz en a fait une question de défense nationale, de sécurité du citoyen et de la patrie. C’est ce qui a conduit l’armée sur le terrain des opérations militaires pour faire face « avec détermination, aux bandes du terrorisme et du crime organisé là où elles constituent une menace réelle », affirment les autorités. A l’ouverture de ce débat, le Président Mohamed Abdelaziz ne disait pas le contraire en assurant : « nous sommes déterminés à défendre notre territoire et notre stabilité quel que soit le prix à payer, et l'objectif de ce colloque est de d'informer pleinement les citoyens sur les visées criminelles des bandes armées».
L’organisation d’un débat national sur le terrorisme et l'extrémisme a eu comme objectif premier d’apporter l’antithèse des raisons avancées par les salafistes pour justifier les actes de violence, et de ‘’clarifier leur contradiction avec notre sainte religion et les valeurs de notre société pacifique et hospitalière’’, indique la note de synthèse.
Le pouvoir a mis à profit le débat national sur le terrorisme et l’extrémisme pour fustiger l’opposition politique et la presse indépendante. Ainsi la rencontre a dénoncé les « idées défaitistes défendues par certains milieux politiques, qui se font l'écho de la propagande tendancieuse des bandes terroristes, au moment où la conjoncture nationale exige une union sacrée, pour faire face aux dangers de la criminalité transfrontalière ».
L’opposition et la presse terroristes
Si le débat n’a pas fait de cadeau à certains, en plus des terroristes, c’est bien la presse privée et l’opposition politique, qui sont à peine mises sur le banc des ‘’apatrides’’ pour avoir exprimé leur opinion sur les opérations militaires de l’armée mauritanienne. L’accent a été mis ‘’sur la nécessité de mettre les questions qui menacent la sécurité nationale au dessus des différends politiques et de pousser les formations politiques à assumer pleinement leur responsabilité en éclairant l'opinion publique sur les dangers du terrorisme et de l'extrémisme’’, souligne la conférence nationale. Quant à la presse, selon de nombreux intervenants, en livrant des informations liées aux actes des terroristes, elle ne fait que les renforcer et leur donner de la valeur. Mais rares sont ceux qui ont soutenu le droit à l’information, la liberté d’expression et le devoir d’informer du journaliste. Les sorties déraisonnées de certains intervenants, et même de certains responsables, ont souvent pris l’allure d’un procès ficelé contre les médias. Et sans doute contre l’opposition qui n’a vraiment pas saisi cette tribune. Elle a laissé passer l’opportunité, alors qu’elle était officiellement invitée.
Une partie de l’opposition avait choisi de jouer la politique de la chaise vide, tandis que certains opposants ont participé à ce débat multidimensionnel. Si certaines interventions ont sonné comme ceux d’opposants, mais vraiment pas sous cette bannière, la presse mauritanienne, elle, est restée muette comme une carpe. Attendait-elle de rentrer dans ses colonnes ? En tout cas, certains journalistes étrangers, qui en étaient réduits à ronger le pouce, ont craint un avenir proche sombre pour la presse libre en Mauritanie. Le pouvoir à Nouakchott n’est-il pas pour une presse libre, critique ? L’avenir nous le dira. Pour ce qui est du débat national, ‘’les participants ont insisté sur la nécessité d'enraciner la déontologie du métier de journaliste, de tenir compte de la dimension pédagogique de la presse qui porte un message visant les esprits des citoyens et qui doit par conséquent mettre en avant l'intérêt suprême de la Nation tout en faisant preuve d'un grand professionnalisme’’, souligne la note de synthèse.
Les participants ont reconnu l'adoption par la Mauritanie d'une ‘’approche militaire et sécuritaire orientée vers la lutte contre la criminalité par la force de la loi et sur une stratégie offensive préventive’’.
Boukary Daou - Envoyé spécial à Nouakchott
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