vendredi 5 novembre 2010

Guinée -Un dimanche classé rouge

(Afrique Actu 05/11/2010)

C’est en principe après-demain dimanche 7 novembre 2010 que les Guinéens iront, enfin, aux urnes pour le second tour de la présidentielle du 27 juin dernier. Une longue attente qui avait fini par plonger l’opinion publique locale et internationale dans la crainte d’un scénario à l’ivoirienne. Mais depuis un certain temps, tout porte à croire que cet énième rendez-vous électoral sera le bon.
Les deux protagonistes du scrutin ayant sinon multiplié des signes rassurants du moins lâché du lest dans la surenchère. A tout cela s’ajoute la visite éclair à Conakry, samedi passé, du facilitateur de la crise guinéenne, Blaise Compaoré, qui a sans doute travaillé au corps les deux finalistes. Mais si la date du 7 novembre semble désormais certaine, restent cependant deux inconnues majeures : l’ambiance électorale et surtout l’accueil qui sera réservé au verdict des urnes.
A couteaux tirés depuis qu’ils sont arrivés respectivement premier et deuxième au terme du premier tour de la présidentielle, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, abordent ce second round le couteau entre les dents. Transformant ainsi le terrain politique en un gigantesque champ de batailles rangées. Derniers avatars en date de la tumultueuse transition guinéenne : les violences du 22 au 24 octobre dernier survenues à Conakry et Haute-Guinée.
Et, à la veille du jour J, la météo politique n’incite guère à l’optimisme. Pour ne pas dire qu’elle passe ce dimanche 7 novembre au niveau de vigilance rouge face aux gros nuages noirs qui continuent de s’amonceler au-dessus du Château d’eau de l’Afrique occidentale. Va-t-il encore pleuvoir sur Conakry ? Lancinante question au regard des passes d’armes ces derniers jours entre l’ex-Premier ministre de Lansana Conté et l’opposant historique guinéen.
En effet, sur les ondes de la radio mondiale RFI, le premier n’y est pas allé par quatre chemins pour traiter le second d’« arrogant ». Et nul doute qu’à son tour de parole, aujourd’hui, sur la même antenne, le candidat du RPG, qui n’a pas appris à tendre la joue droite quand on le gifle sur la joue gauche, répliquera à la hauteur de l’attaque. De petites méchancetés, certes, mais qui restent symptomatiques de l’état d’esprit qui prévaut actuellement dans un camp comme dans l’autre : mon candidat ou rien.
Arrivé en tête au premier tour avec 43,69% des voix, Cellou Dalein Diallo se voit déjà prochain président de la République. Convaincu d’avoir été victime de fraudes électorales, Alpha Condé, naguère crédité de 18,25%, n’attend que le soir du scrutin pour sabrer le champagne.
Dans ces conditions, point besoin d’être grand clerc pour savoir que c’est encore parti pour des résultats contestés avec, c’est ce qui serait le plus dramatique, des manifestations dans les rues, des affrontements entre partisans des deux camps, des interventions des forces de l’ordre et tout ce qui peut s’ensuivre.
A moins que, par sursaut démocratique et respect de la parole donnée, en cas de défaite, Cellou ou Condé, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, ne fasse contre mauvaise fortune bon cœur. Car l’homme d’Etat, le vrai, pense à la nation, et l’homme politique seulement à une élection.

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