(Le Pays 05/11/2010)
Le verdict du premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire est tombé dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 novembre 2010. Ainsi, les Ivoiriens ont décidé d’aller à un deuxième tour prévu en principe le 28 novembre prochain pour choisir leur futur président. Ce sera entre les candidats de la majorité présidentielle, Laurent Gbagbo, et du RDR, Alassane Dramane Ouattara qui ont respectivement obtenu 38,3% et 32,08% des voix.
Le plus dur commence maintenant pour les candidats Laurent Gbagbo de la majorité présidentielle et Alassane Dramane Ouattara du RDR qui devront en principe s’affronter le 28 novembre prochain dans le cadre du deuxième tour de la présidentielle. C’est ce qui ressort des résultats du premier tour annoncés à partir de 00h20 dans la nuit du 3 au 4 novembre dernier par le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, assisté de ses collaborateurs. Ainsi, Laurent Gbagbo arrive en tête avec 1 755 495 voix soit 38,3%, suivi de Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui obtient 1 480 610 voix soit 32,08%.
Aimé Henri Konan Bédié du PDCI/RDA occupe le troisième rang avec 1 165 219 voix soit 25,24%. Après ces ténors, on retrouve loin derrière, le leader de l’UDPCI, parti créé par feu le général Robert Gueï, le Dr Albert Mabri Toikeusse avec 118 664 soit 2,57%, tandis que l’unique dame candidate Jacqueline Lohouès Oble obtient 12 233 voix soit 0,27%. Dans l’ensemble, c’est une élection qui s’est bien déroulée respectant les normes internationales, ont relevé les observateurs internationaux. Ce qu’on peut retenir, c’est que Laurent Gbagbo, en plus de sa région (l’Ouest), a eu la maîtrise du Sud à savoir Abidjan et ses environs, pendant que Alassane Dramane Ouattara faisait la loi au Nord et Henri Konan Bédié était roi au Centre. Des résultats qui ne satisfont pas les partisans de ces trois poids lourds et le candidat du PDCI/RDA est le premier à avoir contesté officiellement ceux-ci.
Pendant ce temps, dans le quartier général du RDR sur l’un des terrains de l’hôtel du Golf, quelques militants se plaignent d’avoir été volés mais disent attendre la réaction de leurs dirigeants pour voir quelles attitudes tenir. Pour eux, la victoire de leur leader était acquise dès le premier tour. Il était question que les responsables du RDR se prononcent dans la soirée du 4 novembre. Par contre, au niveau du quartier général de Laurent Gbagbo, des militants ne sont pas contents de leur score qui aurait dû aller au-delà des 50% pour leur candidat. Au niveau des militants des différents camps, on sent un petit peu la nervosité. Dans cette ambiance d’après élection, les activités ont repris tout doucement sur les bords de la Lagune Ebrié.
A présent tout est clair
Maintenant que tout est clair, on annonce une bataille rude pour le second tour. D’ores et déjà, si on tient compte des calculs et des alliances au RHDP, le candidat du RDR a les faveurs des pronostics mais comme on le dit en sport, rien n’est encore joué. En effet, les partisans d’ADO pourront compter sur les paroles des leaders des autres du RHDP mais sur le terrain où le vote régional, voire ethnique prend le dessus à parfois plus de 50%, ce sera une autre réalité. Au PDCI/RDA par exemple, certains militants de l’époque Bédié avouent n’avoir pas oublié comment ils ont perdu facilement le pouvoir par la faute de Alassane Dramane Ouattara, tout en reconnaissant qu’ils ont eux aussi une grande part de responsabilité dans leur propre échec.
Pendant ce temps, des jeunes du parti de l’éléphant confient que depuis dix ans, le pays n’enregistre aucun changement et il n’y a pas d’emploi pour eux ni de perspective. Alors, ils veulent changer quel que soit celui qui est en face du président au pouvoir afin d’essayer autre chose. Pour l’instant, il est difficile de dire si tous vont maintenir leur positon ou faire volte-face à quelques jours du scrutin. Laurent Gbagbo, lui, a toujours clamé haut et fort « qu’une élection n’est jamais gagnée d’avance et celui qui le dit ne connaît pas les élections", ajoutant que "j’aime les élections puisque je suis un enfant des élections." Il s’agira pour les deux candidats de convaincre les électeurs mais surtout les abstentionnistes puisque sur 5 725 720 inscrits, il y a eu 4 837 579 participants, et réapprendre à voter aux 221 655 personnes qui ont voté nuls.
D’ici le 28 novembre, si rien ne vient troubler quoi que ce soit, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts de l’Agnéby, du Bandama et de bien d’autres contrées. Pourvu que la paix, la sérénité, la tranquillité qui ont prévalu tout au long de la campagne, du vote et des lendemains du premier tour demeurent pendant le processus du second tour, déclarent les observateurs et bon nombre d’Ivoiriens qui ne souhaitent que la paix, quel que soit le président élu.
Antoine BATTIONO (Envoyé spécial)
ENCADRE
Des partisans de Bédié manifestent
Au lendemain de la proclamation des résultats définitifs provisoires, le candidat du PDCI/RDA, Henri Konan Bédié, a officiellement contesté les résultats et exigent un recomptage de ceux-ci. Il semble avoir été entendu par ses partisans qui ont dès la journée du jeudi 4 novembre commencé à occuper la rue. En effet, ils étaient rassemblés au niveau du carrefour de l’église catholique Saint Jean de Cocody en allant vers l’hôtel Ivoire. Ces derniers, en majorité des jeunes, sont sortis pour contester le score de leur candidat et n’ont pas manqué de scander : « Gbagbo tricheur ou encore Youssouf Bakayoko (président de la CEI issu du PDCI/RDA) tricheur, on nous a volés. » Ils sont restés sur les lieux, faisant des va-et-vient avec un mégaphone dénonçant la magouille au sein de la CEI, avant de décider de poursuivre ailleurs et dans les prochains jours.
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