(Xinhuanet 05/10/2010)
LOME -- Le Togo pourra jouir, à partir de décembre, d'une solvabilité renforcée qui le mettra, paradoxalement, à l'épreuve d'un défi de capitalisation de son potentiel de réendettement, après la réduction de 90% de sa dette extérieure de 2,2 milliards de dollars.
Ce nouveau coup de pouce en perspective pour l'économie togolaise parachèvera, presque, le cheminement vers l'atteinte affective par le Togo du point d'achèvement de l'initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), après le point décision en 2008.
Malgré la marge de manoeuvre que le Togo aura pour encore s'endetter, tout en gérant rationnellement les 10% de la dette extérieure, la nouvelle ère mettra plus de pression sur la politique d'endettement de ce pays. Il lui faudra opter pour des dettes rationnelles en vue du financement des secteurs porteurs et bénéfiques aux populations.
Marshall Mills, chef division adjoint du Département Afrique au FMI, parle d'une stabilité renforcée par laquelle le Togo " pourrait repartir d'une base saine pour pouvoir accélérer la croissance et relever le niveau de vie des Togolais".
"Le grand défi c'est après le point d'achèvement. C'est de profiter au maximum de cette nouvelle possibilité", a-t-il fait remarquer, annonçant la problématique de choix des secteurs d'urgence pour lesquels le gouvernement devra chercher à s'endetter et le type de dette à contracter pour éviter un endettement qui plombe le décollage économique.
Pour Mills, dans le contexte à venir, "la croissance soutenable devant être induite par le secteur privé", les autorités togolaises se devront d'agir sur le secteur bancaire, les secteurs des phosphates, d'électricité et des télécommunications pour accélérer la croissance économique et réduire la pauvreté.
A son analyse, cette performance marchera de paire avec les réformes liées à la gestion des finances publiques pour une bonne gouvernance des affaires de l'Etat.
"Pour maintenir la viabilité de la dette à moyen terme, les autorités devront s'assurer que leurs objectifs d'investissements publics sont compatibles avec un endettement maîtrisé qu'il faudra consigner dans une stratégie d'endettement à moyen terme", a indiqué une mission du FMI qui a fait un examen de quinze jours de la situation économique du Togo.
A l'analyse, il s'agit d'un défi de capitalisation par le Togo de l'avantage de voir réduite une importante partie de sa dette extérieure pour constituer un aiguillon à son développement, étant entendu que la dette extérieure est souvent dite un engrenage sans fin qui empêche le décollage des pays en développement.
Le Togo enregistre cette percée pendant que les Institutions de Bretton Woods maintiennent le regard contrôleur sur l'assainissement de ses finances publiques et sur la bonne gouvernance; une démarche inscrite dans un programme global de réformes pluridimensionnelles pour la relance économique.
"Nous avons examiné la conjoncture ici au Togo aussi bien que le programme économique du gouvernement. On a constaté que la croissance au Togo reprend doucement partant de 3,5% cette année", a dit Marshall Mills.
Au niveau de l'Institution de Bretton Woods, la réduction de 90% des 2,2 milliards de dollars de dettes multilatérales et bilatérales du Togo marque le début d'une nouvelle période de solvabilité pendant laquelle les efforts d'investissement à l'interne devront s'intensifier pour les secteurs publics et sociaux.
L'atteinte du point d'achèvement "présente bien sûr des avantages à court et à très court terme" dont l'effacement de la dette, a expliqué M. Adji Ayassor, ministre togolais de l'Economie et des Finances, qui reconnaît que cela donnera à son pays la capacité d'endettement et de pouvoir emprunter pour relancer la croissance économique.
Abderahmane Sarr, le représentant résident du FMI au Togo, qualifie la situation à l'horizon de nouvelle solvabilité retrouvée qui permettra à ce pays de "se réendetter mais un réendettement prudent".
Pour l'heure la mission du FMI, qui s'est achevée au Togo, se satisfait des résultats des réformes et note que la politique budgétaire "continue de contribuer à la croissance" et que le déficit budgétaire global devrait être autour de 2,9% du PIB en 2010.
Le déficit global est prévu à 2,8% du PIB en 2011, pendant que la croissance devrait continuer à augmenter pour atteindre 3,7% en 2011, à la seule condition que tout est "accompagné d'efforts considérables dans la mobilisation de recettes".
"L'orientation actuelle de la politique budgétaire favorisant des dépenses d'investissements plus élevées reste appropriée au vu de la conjoncture internationale et des besoins en investissement pour rattraper les nombreuses années de sous-investissement", a précisé la mission au terme de son séjour dans la capitale togolaise.
A son appréciation, les autorités togolaises "continuent de poursuivre les réformes nécessaires pour mobiliser les recettes budgétaires, respecter rigoureusement les plafonds des dépenses et augmenter les dépenses d'investissements, utilisant l'aide extérieure en complément de leurs efforts internes".
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