(Les Afriques 22/10/2010)
Six mois à peine épuisés de son second quinquennat, le président togolais Faure Gnassingbé montre un grand optimiste en l’avenir de son pays. Pourtant, il est en début d’un second quinquennat difficile .
«Avec l’orthodoxie et les efforts de rationalisation qui ont gouverné les finances publiques ces dernières années et la nouvelle dynamique qui a caractérisé nos relations avec la communauté internationale, il est permis d’affirmer que demain sera meilleur qu’hier et aujourd’hui ». Parole du président togolais Faure Gnassingbé, mardi 19 octobre, à la rentrée spéciale du Conseil national du dialogue sociale (CNDS), un cadre de gestion consensuelle et apaisée des enjeux et défis du monde du travail au Togo. Pourtant, il est en début d’un second quinquennat difficile : puisque devant gérer une contestation de sa réélection et aussi faire face à plus de défis socio-économiques jamais connus sur les cinquante dernières années sur lesquelles feu Gnassingbé Eyadèma, son père, a incarné le plus long régime de 38 ans. Faure Gnassingbé a, en face, le plus complexe chantier de la réconciliation nationale pour amener le peuple à faire le catharsis de la douloureuse période 1958-2005. Il doit revoir les infrastructures routières en dégradation chronique, redresser une économie rendue exsangue à la fois par la mauvaise gouvernance et une longue crise socio-politique, maintenir le cap d’un secteur agricole qui dégage déjà des excédents et assainir les finances publiques. Une récente mission du FMI avait conclu que le déficit global du pays est prévu à 2,8% du PIB en 2011, pendant que la croissance devrait continuer à augmenter pour atteindre 3,7% en 2011, à la seule condition que tout soit « accompagné d’efforts considérables dans la mobilisation de recettes ». Déjà en janvier, le Premier ministre Gilbert Houngbo avait indiqué que le quinquennat 2010-2015 doit être celui de la croissance et de la croissance soutenue , insistant que les autorités auront « le devoir d’aller chercher, d’ici 2015, au moins 5% de croissance ».
Mais le Togo, en voie de parachever un processus de désengagement de l’Etat de quatre grandes publiques, doit faire repartir la croissance économique, en capitalisant le fort taux de bancarisation de son pays estimé à près de 20%. Plus, il a à s’attaquer au chantier de l’emploi, du travail et de la sécurité sociale pour une population jeune de plus en plus diplômée à l’épreuve d’un taux de sous-emploi de 27% et de chômage de 6.6%. Pour ce dernier chantier, Octave Nicoué Broohm, professeur d’université et syndicaliste, se démène à la tête du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale à traduire les préoccupations en réalités avec pour la première fois le relèvement, déjà, au double du SMIG et du SMAG, l’idée d’une mutuelle de santé et une cartographie en finition sur le chômage. Faure Gnassingbé, se fondant sur les indicateurs économiques et financiers « qui sont en progrès et s’améliorent de jour en jour », mise fortement sur les avantages de l’atteinte certaine, en décembre prochain, du point d’achèvement de l’initiative PPTE qui réduira de 90% la dette extérieure de 2,2 milliards de dollars pour donner à son pays le potentiel d’aller vers un « réendettement intelligent », en vue d’un redressement de l’économie. Ce processus, rassure-t-il, « avance positivement et laisse envisager des perspectives de mobilisation de ressources pour le financement du développement ». Prudemment, il a laissé une mise en garde, difficilement voilée, pour gager la consolidation des acquis. « Nous devons bannir les comportements nuisibles au développement de notre économie et redoubler d’effort et de vigilance au travail pour générer un nouvel environnement favorable à la relance et à la consolidation des paramètres positifs actuels ». Plus loin, il martèle : « nous devons nous départir du simplisme des fausses radicalités ».
En effet, le jeune président togolais de 44 ans dépeint l’actualité de son pays en termes de perspectives qui s’affichent meilleures et qui se renforceront davantage dans le sens d’un mieux-être de tous. Le prochain budget de l’Etat, pour lui, en sera une illustration : « la concrétisation de nos efforts se traduira encore par des avancées en termes de renforcement du pouvoir d’achat, de sauvegarde des revenus, de soutien à la production et à la consommation et de réduction des précarités diverses par le biais, entre autres, d’une politique volontariste de protection sociale ». Modestie oblige, Faure Gnassingbé se retient, reconnaissant des limites aux résultats obtenus au travers le Dialogue social tripartite qui peine à traduire 125 engagements depuis 2006. « Les attentes sont encore nombreuses, les sollicitations de plus en plus immenses », a-t-il reconnu avançant qu’il y a encore du chemin à faire pour atteindre les rivages de la prospérité. Le président togolais explique que l’émergence et la prospérité attendues dans son pays ne peuvent se créer que si les acteurs fonctionnent avec un minimum de consensus obtenu à la suite d’une dynamique de dialogue, poursuivant que le Togo « a besoin de stabilité politique et sociale pour opérer efficacement et durablement son développement ».
Par Olivier Tovor, Lomé
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