(Metro 05/10/2010)
Le fils Wade devient «ministre d'État et ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures». Son père y a ajouté hier celui de ministre de l'Énergie. Soit 6 ministéres dans un gouvernement qui compte près de 60 ministres.
Le fils du président du Sénégal ajoute à ses fonctions celle de ministre de l'Énergie, selon un décret présidentiel publié lundi et lu sur les ondes radio du pays.
Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade, a tenté sans succès de se faire élire à la mairie de la capitale, Dakar, en mars 2009. Peu de temps après, son père l'a nommé «ministre d'État et ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures». Son nouveau titre de ministre de l'Énergie s'ajoute à ses responsabilités actuelles.
Le président Wade, âgé de 84 ans, a été accusé de tenter de positionner son fils pour lui succéder à la tête de l'État sénégalais après sa mort. Le poste de ministre de l'Énergie pourrait se révéler crucial en regard des fréquentes coupures de courant dans le pays qui ont provoqué des émeutes dans certaines parties de la capitale.
Des opposants se lâchent sur Me Wade
Le limogeage du ministre d’Etat, ministre de l’Energie, Samuel Amète Sarr n’a pas seulement suscité des commentaires dans la presse. Les hommes politiques et détracteurs du président de la République et du régime libéral se sont aussi lâchés. Des réactions auxquelles il était permis de s’attendre.
C’est le cas du Professeur Abdoulaye Bathily, par ailleurs leader de la Ligue démocratique qui indique dans le Populaire que «Me Wade a perdu la raison en remplaçant Samuel Sarr par Karim Wade (son fils). «Ce qui vient de se passer en est une illustration. Pour lui, «il n’y a pas de Gouvernement au Sénégal ; c’est Wade et famille qui gèrent tout».
A son avis, « la dévolution est déjà installée au Sénégal ». Et c’est le Sénégal qui en pâtit parce qu’il «s’enfonce dans l’abîme».
De son côté, le chef de file du MODEL, Ibrahima Sall n’en croit pas à ce changement. C’est la raison pour laquelle il est convaincu que ce changement est « une stratégie de manipulation de la part de Me Wade ». Puisqu’à l’en croire, ce problème énergétique pouvait se régler sans passer par ces démarches maladroites. «Avec un budget de 1200 milliards, l’Etat a les moyens de résoudre la question de l’électricité». Un avis partagé pare le Coordonnateur du Mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo, qui pense que remplacer Samuel Sarr par Kariml Wade, c’est du blanc bonnet, bonnet blanc.
Ce goût d’amertume est aussi partagé par le patron de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et ses camarades qui dénoncent «l’incompétence» du nouveau ministre de l’Energie. « Alors que tous les observateurs s’accorder pour s’étonner des compétences trop étendues sur les frêles épaules de Wade fils, voilà que le père lui confie le secteur de l’Energie dont il a contribué au naufrage, étant entendu que son nez n’est jamais loin partout où ça sent le souffre», ont fustigé les Progressistes à travers un communiqué émanant de leur bureau politique.
Karim Wade a finalement eu la peau de Samuel Sarr, vont s’exclamer les partisans du fils du président de la République. Comme Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio, Samuel Sarr est tombé, après plusieurs mois d’une confrontation épique qui a pris une tournure épistolaire la semaine dernière. De nombreux observateurs juraient que pour rien au monde, Abdoulaye Wade ne démettrait son ancien compagnon d’infortune dans l’affaire Me Sèye, détenteur de beaucoup de secrets familiaux. Karim Wade a eu raison à la fois d’Abdoulaye Wade et de Samuel Amète Sarr, un sénégalo-gambien dont toute la fortune et la carrière ont été bâties sur un bon carnet d’adresses et plus tard sur son passé d’ancien financier du Pds. Alors qu’il était en disgrâce à Banjul, du fait d’une affaire de fraude sur l’Energie révélée par la presse gambienne et une commission parlementaire, l’avènement d’Abdoulaye Wade au Sénégal l’a sauvé d’une descente aux enfers certaine.
Malgré ses carences évidentes, son faux CV et une gestion catastrophique du ministère de l’Energie, ce petit bout d’homme a toujours été adoubé et protégé par son mentor, Abdoulaye Wade lui-même. La presse faisait état en ce début de semaine, du plaidoyer que le président de la République a fait en sa faveur lors du dernier Conseil des ministres. C’est sans doute vrai. Mais cette démission est un démenti que Karim Wade apporte à son père, et la confirmation qu’il fait à ses adversaires que s’il n’a pas l’électorat et le parti, il a au moins l’Etat.
Si sa nomination à la tête de l’Energie se confirmait, ce serait la preuve qu’il est maintenant le véritable homme fort du Sénégal, puisque les pouvoirs du chef de l’Etat se limitent maintenant à des missions de représentation à l’étranger. Se pose alors la question de savoir comment Samuel Sarr, au courant des secrets les plus intimes de cette famille, peut-il être laissé à lui-même. La réponse est sans doute dans les derniers rapports transmis au parquet par la Cour des comptes et l’inspection d’Etat. Il y a assez pour faire planer sur l’ancien financier du Pds une épée de Damocles pour le faire taire. A l’origine de cette affaire qui a coûté sa place à Samuel Sarr, une affaire de commissions qui a mal tourné.
THE ASSOCIATED PRESS
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