(Cyberpresse 06/10/2010)
Trois organisations non-gouvernementales françaises ont appelé mardi Paris à "tout mettre en oeuvre" pour que soit annulé un prix scientifique de l'Unesco au nom du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, qu'elles accusent de corruption massive.
"L'association du nom de l'Unesco à celui d?un chef d?Etat en exercice au sujet duquel existent de forts soupçons de détournements massifs de biens publics ne peut rendre service ni à l'Unesco ni à la science", estiment les organisations Sherpa, Transparence International France et Human Rights Watch France, dans un communiqué.
"Avec ses partenaires de l?Union européenne, la France doit exiger l?annulation du prix Unesco-Obiang, seule position de nature à contribuer à la cohérence de sa politique de développement en Afrique", affirment les ONG, rappelant la "responsabilité particulière" de la France, pays hôte de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) et important contributeur à son budget.
En juin, à la suite de la controverse suscitée par cette récompense, le Conseil exécutif de l'Unesco avait suspendu la remise du prix et décidé de poursuivre les consultations. L'organisation avait indiqué qu'elle prendrait une décision sur l'avenir de cette distinction lors de sa session d'octobre.
Le président Obiang, qui dirige d'une main de fer le petit Etat d'Afrique centrale depuis un coup d'Etat en 1979, a offert 3 millions de dollars pour cinq ans afin de "récompenser la recherche en sciences de la vie", selon l'Unesco.
Son pays est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais l'essentiel de sa population (moins d'un million d'habitants) vit dans la pauvreté. Dans son rapport 2009, Transparence International fait figurer la Guinée équatoriale à la 168e place sur 180 pays en matière de corruption.
Outre des ONG et des personnalités africaines, plusieurs Etats membres, notamment les Etats-Unis et l'Espagne au nom de l'UE, avaient demandé la suspension de cette remise du prix. De son côté, l'entourage de M. Obiang n'a eu de cesse de dénoncer des résistances à une initiative émanant d'un pays africain.
"Nous espérons que cette situation va être résolue au cours de la séance" d'octobre, a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'Unesco Sue Williams, précisant que la question du prix Obiang n'était pas officiellement inscrite à l'ordre du jour mais que chaque Etat membre était libre de l'aborder.
"Ce qui est important pour nous, c'est que le processus de dialogue continue pour parvenir à une décision consensuelle", a-t-elle ajouté, soulignant qu'en l'absence de consensus, l'attribution de ce prix demeurait "en suspend".
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