(Ouestaf 02/08/2010)
Ouestafnews - Le Bénin, considéré depuis sa conférence nationale de 1990 comme l’un des modèles de démocratisation les plus réussies en Afrique de l’Ouest, a célébré dimanche 1er août 2010 le cinquantenaire de son indépendance, sur fond de gros scandale financier, que l’opposition a tenu à porter sur le terrain politique en perspective de la présidentielle de 2011.
Dénommée « affaire ICC », du nom de l’entreprise à l’origine de ce scandale de placements illégal de fonds dans laquelle des milliers de Béninois ont perdu leur épargne, l’affaire est naturellement revenue dans le discours à la nation du chef de l’Etat, discours dont Ouestafnews a obtenu copie.
« Depuis quelques mois, plusieurs milliers de nos compatriotes se sont laissé abuser et se sont fait extorquer leurs revenus par des structures dites de collecte et de placement de fonds. Des promesses de rémunération mirobolante leur ont été faites», a affirmé le chef de l’Etat béninois dans son discours radio-télévisé.
Le président Boni, tout en exprimant sa « solidarité » en faveur des victimes de cette vaste escroquerie à l’échelle nationale, a averti ses compatriotes contre l’appât du « gain facile ».
« La vraie richesse naît du travail (…). Ce qui nous arrive aujourd’hui traduit l’absence de l’amour pour l’autre, l’égoïsme et la recherche du gain facile », a-t-il notamment affirmé,
Mais bien avant ce discours, et avec la perspective d’une présidentielle en 2011, l’opposition politique s’est emparée de ce scandale pour en faire une illustration de la « mauvaise gouvernance », à mettre au passif du régime en place.
Dès l’éclatement de l’affaire, Adrien Houngbédji, au nom de « l’Union fait la nation », une coalition de partis d’opposition, avait imputé la responsabilité totale et entière de l’affaire au régime en place, accusant le pouvoir d’avoir protégé, « quatre années durant », les responsables d’ICC.
« Le Bénin était partout présenté comme un modèle de démocratie, comme un modèle de gouvernance et voici qu’aujourd’hui, la presse internationale ne parle plus de nous que comme étant les champions du scandale financier », affirmait l’opposant dans une déclaration rendue publique dès le 17 juillet, quelques jours seulement après l’éclatement du scandale.
«Il nous faut de la détermination pour restaurer l’image de notre pays et lui permettre de retrouver sa place au plan international», a renchéri de son côté Bruno Amoussou, au nom de la même coalition, lors d’une conférence de presse tenue une dizaine de jours plus tard.
Face à ces attaques, le camp présidentiel est vite passé de la défensive à la contre-offensive.
Ainsi des partisans du pouvoir sont allés jusqu'à accuser M. Houngbédji lui-même d’avoir bénéficié des services d’ICC pour s’acheter un appartement à Paris. Une accusation démentie par l’intéressé avec force détails, à travers un communiqué retraçant le montage financier, avec la vente de « ses biens en Côte d’Ivoire et au Gabon », qui lui a permis d’acheter son logement dans la capitale française…
En attendant que les responsabilités et l’implication des uns et des autres soient plus clairement situées, le pouvoir tente de limiter les dégâts et de sauver son image.
Il a notamment promis de rembourser les victimes, a procédé à l’arrestation des principaux responsables mêlés à l’affaire, et a enclenché une procédure de saisine de l’assemblée nationale pour la traduction en justice de l’ancien ministre de l’intérieur Armand Zinzindohoué.
Dans un entretien avec la Télévision nationale, Irené Koupaki ministre d’Etat chargé du Développement, de la prospective et de l’évaluation de l’action publique et président du Comité de crise - mis en place par le gouvernement pour recenser et rembourser les victimes - a fait savoir que 52.000 déposants ont déjà été recensés et 124.000 contrats pour un montant total de 70 milliards FCFA enregistrés.
Ces victimes seront intégralement remboursés, a promis le ministre Koupaki qui a par ailleurs révélé, qu’il existe dans le pays 70 structures illégales de placement d’argent, dont 53 « sont en négociation » avec le Comité de crise pour mettre en place « un plan de remboursement ».
Lundi 2 Août 2010
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