jeudi 20 mai 2010

Afrique du sud : les raisons de la phobie sécuritaire

(BBC Afrique 20/05/2010)
Des milliers d'étrangers s'apprêtent à se rendre en Afrique du Sud à l'occasion de la Coupe du monde de football mais une question est sur toutes les lèvres : les garanties de sécurité sont elles suffisantes dans ce pays présenté comme l'un des plus dangereux au monde ?
En vérité, il est difficile de défendre la nation arc-en -ciel sur ce plan : l'Afrique du sud est un pays où le taux de criminalité est quasiment le plus élevé au monde.
Chaque jour, on y dénombre au moins 50 crimes.
Des statistiques font également état de 18.000 tentatives d'assassinat par an.
Crimes et agressions font d'ailleurs souvent la ''Une'' des médias locaux.
En avril dernier, la nouvelle de l'assassinat, dans sa ferme, d'Eugène Terreblanche, le dirigeant du parti d'extrême droite sud-africain avait fait le tour du monde.
Au début du mois de mai aussi, la presse se faisait aussi l'écho du meurtre de Lolly Jackson, propriétaire d'une chaîne de strip-tease sud-africaine à la sortie de Johannesburg.
Image écornée
Du coup, à quelques semaines du coup d'envoi de la coupe du Monde, la presse britannique ne cesse de présenter une image, plutôt terrifiante de l'Afrique du Sud.
Récemment un quotidien a, par exemple, mis en lumière ce qu'il appelle une culture de la violence dans la ville du Cap : forte présence de gangs, trafic de drogue, vols à main armée et meurtre toutes les 25 minutes.
De quoi freiner évidemment l'ardeur et l'enthousiasme de nombreux fans du ballon rond.
La situation est, en fait ,plus complexe estime Johan Burger, chercheur à l'institut sud africain d'études de sécurité.
"Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le taux de criminalité, même s'il reste élevé, a baissé de 44 % depuis 1995.Ce qui est très significatif '' a-t-il souligné.
De plus, selon lui, il est très important que les gens sachent dans quel contexte se déroulent ces crimes.
Selon lui, les recherches montrent que 80% des meurtres se passent entre des personnes qui se connaissent ou se fréquentent.
En d'autres termes, certains quartiers difficiles enregistrent un taux de criminalité qui peut être parfois plus élevés que la moyenne nationale.
Kwa Mashu, un bidonville de Durban dans la province du KwaZulu-Natal a la triste réputation d'être considéré, par la presse, comme la capitale du crime en Afrique du Sud.
Rien qu'en 2009, plus de 300 personnes y avaient été assassinées.
Il est vrai qu'il a ravi la vedette à Nyanga, un autre bidonville près du Cap, qui, jusque lè détenait la palme de la ville la moins sûre.
De toute évidence, ces endroits sont très peu fréquentés par les touristes.
D'après Johan Burger, les recherches menées par d'autres universitaires établissent un lien entre la situation sociale et le taux de criminalité.
Emeutes dans un bidonville
Disparités
"Le taux de chômage est très élevé dans ces quartiers là. Tout cela engendre frustration et violence'', explique t-il.
Il s'y ajoute selon lui, que le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser.
Selon les analystes, les services publics sont dans un état lamentable.
Ce qui pousse les jeunes à manifester souvent violemment leur colère.
Mais, comme dans toutes les grandes villes du monde, les touristes qui se rendront en Afrique du sud pourraient faire face à un problème sérieux : les vols.
Dans ces cas précis, ils sont rarement victimes de coups et blessures.
Ils font juste l'objet de menaces et sont souvent dépossédés de leurs biens.
Il est évident que les pickpockets et autres bandits considèrent l'événement comme une véritable aubaine.

© Copyright BBC Afrique

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