mercredi 7 avril 2010

Cote d`Ivoire - APPLICATION DE L’ACCORD POLITIQUE DE OUAGADOUGOU: Le jeu dangereux de Gbagbo et Soro

(Soir Info 07/04/2010)
Le chef de l’Etat Laurent Gbagbo et le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, jouent à cache-cache dans l’application de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) qu’ils ont délibérément signé dans la capitale burkinabé le 4mars 2007. C’est le moins que l’on puisse dire dans le feuilleton qui se déroule en ce moment dans la conduite du processus de paix en Côte d’Ivoire. Sur la question essentielle du désarmement des ex-combattants, les deux hommes se livrent une guerre fraiche et joyeuse, donnant l’impression qu’ils sont d’accord sur tout. Pourtant, tout semble les diviser. A en croire, Guillaume Soro qui s’exprimait dans l’hebdomadaire ‘’Jeune Afrique’’ du lundi 5 avril 2010, le chef de l’Etat ‘’ne fait pas du désarmement un préalable à l’élection’’. Pour le chef du gouvernement ivoirien, Laurent Gbagbo est tout simplement pris en otage par certains dirigeants du Front populaire ivoirien (Fpi, parti au pouvoir), qui ‘’n’ont jamais accepté’’ qu’il soit premier ministre. ‘’Je considère que, tant que le président de la République ne m’aura pas parlé de cette affaire de désarmement-ce qui relève de son choix souverain-, ce problème n’a pas lieu d’être posé’’, a tranché Guillaume Soro. Qui promet au camp présidentiel, de faire en sorte que le jour des élections, aucun électeur ne soit empêché de voter. De son côté, le chef de l’Etat, sans toutefois être d’accord avec son premier ministre, essaie de le ménager quelques fois. Mais lorsqu’il est exaspéré par certaines attitudes des ex-rebelles, il lâche aux trousses du Premier ministre et des forces nouvelles, ses ‘’guerriers’’ qui combattent pour obtenir le désarmement des ex-combattants avant la tenue des élections présidentielles. Le numéro un ivoirien qui parvient, toujours à calmer les esprits dans son camp, refuse toujours d’afficher la fermeté dans le désarmement des ex-combattants, laissant plutôt le choix à ses partisans d’agir. Ce qui permet à certains analystes, d’affirmer qu’il est en ‘’deal’’ avec le secrétaire général des Forces nouvelles. Pendant que les deux signataires de l’Apo manœuvrent assez bien pour glisser sur les sujets qui fâchent, leurs partisans sont au bord de l’affrontement, eux qui sentent véritablement la nécessité de sortir de l’état actuel de la situation. Tant du côté des Forces nouvelles que du camp présidentiel, ‘’la base’’ ne veut plus se laisser conter. Mieux, elle veut par sa force, en imposer à Soro et à Gbagbo. Qui tentent de minimiser la polémique sur le désarmement. Le premier (Guillaume Soro) qui menace de mettre au pas ses hommes, a laissé entendre dans son interview à ‘’Jeune Afrique’’, que ‘’la recréation est finie’’. Il tente ainsi de démontrer sa détermination à aller jusqu’au bout dans l’application de l’Apo. Sans toutefois s’engager à désarmer ses soldats avant les élections. Quant au second, Laurent Gbagbo, sans être ferme sur la question du désarmement, il a indiqué le mardi 23 mars 2010 à l’occasion de la pose de la première pierre de l’hôtel international Onomo à Port-Bouët, que ‘’c’est la fin du film western’’. Sans en dire plus. Au regard de différents pions avancés par Gbagbo et Soro, il n’est pas exagéré d’affirmer que les deux ‘’partenaires’’ de l’Apo jouent à un jeu dangereux qui pourrait perdre l’un ou l’autre, ou même les deux.
mercredi 7 avril 2010 par BAMBA Idrissa
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