Muhammadu Buhari, le nouveau président du Nigeria qui entrera en fonction le 29 mai, sera jugé rapidement sur le dossier de Boko Haram. Pour parvenir à juguler la violence du groupe islamiste qui sévit au nord-est du pays à la frontière du Tchad, du Niger et du Cameroun, il lui faudra continuer et accentuer l'effort militaire engagé par son prédécesseur,Goodluck Jonathan, avec beaucoup de retard.
Il lui faudra également restructurer une armée en plein doute après le limogeage, ces dernières années, des chefs d'état-major des armées de terre et de l'air. Muhammadu Buhari devra aussi veiller à ce que les moyens financiers mis à la disposition de l'institution ne soient pas détournés (le budget de l'armée représente 11 % du budget fédéral).
Le problème du delta du Niger
C'est à ce prix que les troupes nigérianes parviendront à occuper les terrains libérés de l'emprise de Boko Haram, ce qui n'est, pour l'heure, pas le cas et demeure la grande faiblesse de l'offensive anti-islamiste actuelle. Là encore Buhari est lui-même son meilleur argument: ancien général, il devrait avoir moins de mal à se faire entendre des officiers que l'ex-président Goodluck Jonathan. Sur le plus long terme, Muhammadu Buhari a dit son intention de mieux équilibrer religieusement et ethniquement l'armée.
A priori moins urgent, le processus de paix dans le delta du Niger sera également difficile à gérer, car cette zone, où pullulent les groupes armés, est très sensible. C'est de là que provient le pétrole, principale ressource du pays, et c'est également une zone très opposée au nouveau pouvoir. «Il va falloir beaucoup de doigté, sinon une reprise de la lutte est possible», souligne Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français de relations internationales (Ifri). En jeu: la fin de l'Amnesty Process qui permet depuis 2008 à quelque 26.300 ex-miliciens de toucher 400 dollars par mois.
Tanguy Berthemet lefigaro.fr
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