(Le Monde 02/11/2011)
Une session plénière du Processus de Kimberley a autorisé mardi 1er novembre, avec "effet immédiat", les exportations de diamants de deux sites miniers de Marange au Zimbabwe, qui avaient été suspendues à la suite de graves violations des droits de l'homme commises sur ces sites en 2008.
La décision du système de certification internationale, qui vise la non-commercialisation des diamants dont la vente finance des guerres, concerne les "mines conformes de Marange Ressources et Mbada", indique une proposition de la présidence du Processus, actuellement confiée à la République démocratique du Congo (RDC), signée par une délégation européenne et le ministre zimbabwéen des mines et du développement minéral, Obert Mpofu.
Considérées comme les plus riches découvertes en Afrique depuis des décennies, les mines de Marange ont été envahies en 2008 par l'armée zimbabwéenne, qui a expulsé des milliers de mineurs, avant de forcer des civils à les remplacer. Selon des groupes de défense des droits de l'homme, environ 200 personnes y ont été tuées, et d'autres battues ou violées, poussant les experts du Processus de Kimberley à suspendre les exportations de diamants de Marange.
UN ACCORD ASSORTI DE CONDITIONS
En mars, la RDC avait unilatéralement permis au Zimbabwe – dont les liens avec la RDC sont étroits – de reprendre la commercialisation, avant de se raviser face à la contestation des autres membres du Processus. Mais le Zimbabwe a récemment obtenu, avec l'appui de l'Inde et de la Chine, de reprendre la vente de ces diamants à travers deux entreprises zimbabwéennes. Cette décision avait été contestée par les Occidentaux, les groupes de défense des droits de l'homme et une industrie minière soucieuse d'éviter la mauvaise publicité que lui font ces "diamants du sang".
En août, la BBC avait diffusé des témoignages faisant état de viols et de violences physiques par la police et l'armée contre des civils pour les forcer à chercher des diamants près de Marange. Le ministre des mines du Zimbabwe avait alors qualifié ces accusations de "ridicules".
Selon le nouvel accord signé mardi, "les exportations peuvent avoir lieu moyennant une vérification de conformité" d'une équipe de contrôle du Processus de Kimberley. Cette équipe visitera avant la fin du mois la puissante société minière chinoise Anjin, qui opère à Marange, et les nouvelles mines "dans les quatorze jours suivant la date d'invitation", est-il précisé dans le document. Le Zimbabwe devra par ailleurs rendre compte de "l'identification des investisseurs, la réglementation des mines artisanales, la lutte contre le creusage illicite et le trafic illégal". Les représentants du Processus de Kimberley pourront en outre accéder à Marange pour un "rapportage continu" sur l'application du système de certification.
LEMONDE.FR avec AFP
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