(Romandie.com 01/03/2011)
WASHINGTON - Un Yéménite a déposé plainte contre Djibouti devant la Commission africaine des droits de l'homme pour avoir été transféré en 2003 pour interrogatoire dans ce petit pays de la Corne de l'Afrique à la demande de la CIA, selon une copie de la plainte rendue publique lundi.
Mohammed Al Asad, 51 ans, habitait avec sa famille en Tanzanie depuis 1985 quand il a été arrêté et emmené en avion vers un pays inconnu qu'il a ensuite identifié comme étant Djibouti.
Il y a, selon la plainte déposée en décembre 2009 par deux organisations américaines de défense des droits de l'homme et restée jusqu'ici confidentielle, passé quinze jours seul dans une cellule sommaire, subissant plusieurs interrogatoires menés par une femme se présentant comme américaine et un Djiboutien.
Il a alors compris qu'il était soupçonné de soutien matériel à l'association de charité musulmane Al Haramain, que les Etats-Unis ont classée dans la liste des organisations soutenant le terrorisme en janvier 2004.
Ensuite, il a été à nouveau transporté en avion vers une autre prison, selon la plainte, qui précise que sa famille n'a jamais été mise au courant du lieu de sa détention.
A chaque fois violemment déshabillé, fouillé dans l'anus, protographié nu, rhabillé et enchaîné yeux bandés, oreilles bouchées, allongé sur le sol de l'avion, M. Al Asad a été, après Djibouti, "transféré et détenu dans trois autres prisons secrètes américaines en différents points du globe", dont l'Afghanistan, selon la plainte.
Finalement, l'homme a été renvoyé au Yémen en mai 2005 et est sorti de prison un an plus tard. Il n'a jamais été poursuivi pour aucun fait de terrorisme.
La Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, instance juridique basée en Gambie, doit décider maintenant si elle estime la plainte recevable.
"C'est la première fois qu'une plainte pour transfèrement illégal en Afrique par la CIA est déposée", a expliqué dans un communiqué Solomon Sacco, avocat pour Interights, une des organisations travaillant sur ce dossier. "Les Etats (africains) qui ont collaboré avec les Etats-Unis dans ce programme d'interrogatoires, en enfreignant leurs propres lois, doivent en répondre devant la Commission africaine des droits de l'homme", a-t-il ajouté.
"La commission africaine peut aujourd'hui saisir l'occasion historique non seulement de défendre la souveraineté africaine et les droits de l'homme mais aussi de rendre une justice trop longtemps attendue à un homme qui a été enlevé, emprisonné et torturé au nom de la sécurité nationale", a ajouté Jayne Huckerby, du Centre pour les droits de l'homme et la Justice internationale de la New York University.
(©AFP / 01 mars 2011 02h11)
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