(Afriscoop 03/01/2011)
La troisième édition du Fesman (Festival mondial des arts nègres) a pris fin ce 31 décembre 2010. Cet important évènement pour les cultures noires a été décrié dans son organisation par les opposants au régime de Dakar ; mais Me Abdoulaye Wade et son entourage ont tenu dur comme fer.
C’est bien beau de vanter les cultures noires ; cependant, faut-il nécessairement le faire quand on a le pied dans la boue et la tête dans les étoiles ?
Les principales têtes d’affiche qui ont pris part au Fesman 3 ont éprouvé toutes les difficultés du monde pour répondre avec objectivité aux questions relatives au coût faramineux de cet important rendez-vous culturel de l’Afrique et sa diaspora. On est tous d’accord pour saluer le retour de ce Festival sur l’agenda culturel de l’Afrique, mais personne ne veut faire le lien entre son coût et les réalités quotidiennes du pays qui l’abrite.
La gêne affichée par les « guest stars » précitées pour se prononcer sur le coût du Fesman 3 est facile à comprendre. Pourquoi la Libye, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Botswana, ou encore le Ghana, etc., des Etats plus riches que le Sénégal, ne se sont pas portés volontaires pour abriter la dernière édition du Fesman ? On a beau mettre dans la balance l’argument selon lequel, c’est en terre sénégalaise que la grand-messe des « Arts nègres » a vu le jour. Pour un Etat ouest-africain comme le Sénégal, dépenser des milliards de fcfa en l’espace de trois semaines relève de l’irrationnel. La patrie de Léopold Senghor va à coup sûr être mieux connue dans le monde à l’issue de ce Festival. Un peu comme le Burkina Faso qui abrite souvent de multiples rendez-vous francophones. Toutefois, le trou laissé par la rencontre du 10 au 31 décembre 2010 dans le budget national ne sera pas aisé à combler !!
L’urgence n’était pas l’organisation du Fesman 3 au Sénégal
Deux manifestations de rue. C’est la méthode choisie par les principaux opposants au pouvoir de Dakar pour crier haro sur les activités du Fesman 3. Non pas parce que ces Sénégalais sont contre une autre expression de l’image de l’Afrique dans le monde. Mais tout simplement au nom du fait que les compatriotes de Me Wade ont trop de problèmes à l’heure actuelle, comme on le dit dans la rue africaine. Inondations et délestages du courant électrique occupent une place de choix dans cette litanie de maux. Sans compter que la répartition et la rétribution des rôles durant le Fesman 2010 ont été faites, de l’avis de divers artistes locaux, sur la base du copinage et du laisser-aller.
En effet, les réalités ubuesques des Sénégalais demeurent. Cela fait froid dans le dos de se rendre à l’évidence que la patrie de M. Wade qui décrie généralement les inégalités sur la planète est toujours à la merci des inondations. Un peu comme si aucun des nombreux intellectuels de bon aloi du Sénégal n’est à même de solutionner ce drame social qui perdure depuis d’interminables mois. Karim Wade (fils du président qui dirige actuellement un vaste ministère) peine en outre à mettre fin aux coupures répétitives du courant au pays de Mamadou Niang. La coupe du paradoxe est pleine quand on imagine que le Sénégal qui a déclaré « ne pas avoir les moyens pour renflouer l’épave du “Joola” » (du nom du célèbre navire qui a sombré au début de la décennie écoulée), dépense des milliards de fcfa pour un Festival. Pauvres victimes du plus grave naufrage maritime civil de l’Histoire….
Bref, l’apaisement politique sur la terre natale de Senghor doit plutôt lui servir à s’élever au niveau des développements de la Côte d’Ivoire et du Ghana en Afrique occidentale. Oui à la défense d’une autre et nouvelle image du Sénégal sur la Terre. Mais pas quand la majorité de ses fils et filles tirent le diable par la queue.
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