Mardi, 04 Janvier 2011 23:01 Jean-Chrios MOUKALA .
La relance du débat sur le contentieux électoral de la dernière élection présidentielle gabonaise : un nouveau défi pour la "commnunauté internationale " !
Le contentieux politique ivoirien né de la dernière élection présidentielle, qui peine depuis quelques semaines à trouver d’issue, en dépit des rodomontades de la pseudo-communauté internationale et de ses valets continentaux (CDEAO, BCEAO, etc.), risque finalement de trouver peut-être sa solution par l’absurde.
En effet, l’histoire qui n’est jamais avare de rebondissements, parfois teintés d’ironie, vient de relancer le débat sur un autre contentieux électoral né cette fois-ci de la dernière élection présidentielle gabonaise.
Bien qu’ayant été occulté par les mêmes médias aujourd’hui plus que loquaces sur la crise ivoirienne, ce débat fait suite aux propos tenu, face caméra dans l’excellent documentaire de Patrick Benquet (diffusé récemment par la chaîne de télévision France 2) par M. Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique du président Jacques Chirac, dans lequel celui-ci affirmait sans ambages , que les résultats de l'élection présidentielle gabonaise donnaient perdant M. Ali Bongo Ondimba, mais que la France était intervenue pour inverser les chiffres !
Prenant la balle au bond, M. André Mba Obame, la victime de ce véritable déni de démocratie vient de décider, après cinq mois passés en France, et inspiré en cela certainement par le cas ivoirien, de rentrer à Libreville pour revendiquer à son tour sa victoire qui lui avait été confisquée par le conseil constitutionnel gabonais.
Et comme cela apparaît clairement ici, nous voici de nouveau en face du même cas de figure que celui auquel est confrontée actuellement la Côte d’ivoire. La désignation du vainqueur de l’élection présidentielle au Gabon a donc finalement été à peu près aussi démocratique et transparente que celle qui a permis le maintien de M. Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d’ivoire. La seule différence, c’est que dans un cas la protestation de ladite « communauté internationale » est unanime, et que dans l’autre elle a laissé faire, car l’initiative émanait semble-t-il, d’après le témoignage de M. Michel de Bonnecorse, de l’un de ses mandants, en l’occurrence ici la France.
Toutefois, la survenance opportune dans le débat actuel de ce second contentieux électoral pose fatalement à la prétendue « communauté internationale », et en de termes sans ambiguïtés, la question de sa véritable indépendance vis-à-vis des pays influents, et donc de sa neutralité. Les mêmes qui crient aujourd’hui, et à juste titre, haro sur M. Laurent Gbagbo sauront-ils en faire autant demain contre M. Ali Bongo Ondimba à la suite de cette étonnante révélation de M. Michel de Bonnecorse, qui en matière de politique africaine n’est pas un novice ? M. André Mba Obame, la victime de ce déni de démocratie, bénéficiera-t-il aussi, à l’instar de M. Alassane Ouattara, du même soutien de la part de la désormais « vertueuse » communauté internationale et surtout du même activisme des médias français ? Voilà donc autant de questions qui se posent désormais à tous ceux qui semblent actuellement instrumentaliser à leurs propres fins la crise politique ivoirienne !
La relance de ce débat relatif au contentieux électoral gabonais, dans le contexte actuel dominé par la crise politique ivoirienne est une véritable épine sous le pied de la « communauté internationale ». Toutefois, autant il constitue un défi, il peut aussi par l’absurde apporter, d’un point de vue jurisprudentiel, une solution à la crise ivoirienne, à savoir que ce qui peut être toléré au Gabon peut aussi l’être en Côte d’ivoire, ou qu’à l’inverse, ce qui est intolérable pour la Côte d’ivoire l’est également pour le Gabon.
La véritable communauté internationale, garante d’un multilatéralisme au service de l’intérêt général dans un monde mondialisé, doit avoir une attitude morale et non moraliste. La morale étant l’ensemble des exigences que l’on s’impose à soi-même, alors que le moralisme renvoie aux leçons que l’on inflige aux autres. Les semaines à venir nous diront quelle sera l’attitude qu’adoptera finalement la communauté dite internationale face à cette relance du débat sur le contentieux électoral né de la dernière présidentielle gabonaise ? Cette communauté dite internationale saura-t-elle enfin devenir morale où demeurera-t-elle toujours moraliste ? C’est en définitive de ce choix que dépendra véritablement la résolution de la crise politique ivoirienne, et non d’une quelconque intervention des « tirailleurs » de la CEDEAO, même dûment mandatés par une communauté dite « internationale » aux contours, du reste, de plus en plus flous …
Toute indécision en la matière ne manquera à coup sûr, au mieux, de décevoir les « pauvres et trop crédules » amis africains de ladite communauté internationale, ou au pire d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui doutent à juste titre de sa légitimité à vouloir régenter le monde.
Jean-Chrios MOUKALA
(Économiste, membre du Réseau Congo 21)
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