Kinshasa, 19/01/2011 / Politique
C’est un véritable bouleversement de la stratégie que le scrutin présidentiel à un tour a provoqué dans les rangs de l’opposition qui comptait beaucoup sur le mode des deux tours dont le premier devait servir à dégager le contour du principal émule derrière lequel se liguer
C’est un véritable temps d’arrêt qui s’observe à l’opposition. La révision constitutionnelle initiée par la majorité est venue bouleverser tous les calculs. Une course de fond commence entre les différentes parties en lice là où tout le monde se préparait fiévreusement à un marathon tranquille et régulier.
Le drame dans le bouleversement, c’est que l’opposition a perdu toute sa marge de manoeuvre. Cette marge s’inscrivait dans les limites d’un affrontement républicain où il était sûr que le premier tour se limiterait juste à définir le vrai visage de l’élection présidentielle.
Il était dès lors exclu de jouer aux équilibristes de circonstance. Chaque parti comme chaque leader de l’opposition n’aurait- eu qu’à mettre son pied à l’étrier. La suite allait se définir de soi. Comme en 2006, tout le monde se serait jeté à l’eau.
Quitte à réitérer l’union sacrée des forces du changement qui, au second tour de la présidentielle précédente, prit la forme quelque peu menaçante de l’Union pour la Nation. 29 des 31 candidats blackboulés au premier tour se rangèrent derrière une seule candidature.
L’arithmétique électorale avait vraiment facilité les choses. Arbitre neutre, elle avait permis à chacun de connaître son véritable poids politique. Et de remiser ses armes au profit du plus méritant.
Mais aujourd’hui, que faire ? Comment départager les différents partis de l’opposition ainsi que leurs leaders?
Juché sur un rêve de légitimité évalué jusqu’à ce jour à l’applaudimètre, chaque leader de l’opposition se croit investi du rôle messianique.
Dans le lot, seul le Mlc peut se targuer de posséder une assise populaire officielle, parce que dûment chiffrée. 42 pour cent de l’électorat national.
Tout le reste, l’Udps, l’Unc et la suite n’ont aucune donnée chiffrée en main même s’il est vrai qu’elles sont tout sauf des tigres en papier. Sur quelle base alors monter une alliance politique, avant toute confrontation sur terrain ?
Le plus sûr au moins, c’est que sur la base de son visa obtenu en 2006, le parti cher à Jean Pierre Bemba ne saurait accepter de second rôle. Quelque soit son contenu. Surtout que l’option de présenter la candidature de Bemba n’a pas changé.
Mais en face, l’Udps, imbue d’un messianisme indéniable, ne saurait non plus s’aligner derrière qui que ce soit.
Entre les deux poids lourds, l’Unc un jeune loup aux dents en fer, ne saura se contenter de jouer à l’arbitre... C’est là toute la raison de l’attachement au second tour. Pour l’instant, malheureusement, tous les calculs sont tombés à l’eau.
Lançant sciemment un ballon de sonde pour s’affranchir sur la question, le Secrétariat Général de l’Udps dut se résoudre à l’évidence en Décembre 2010.
Annonçant en manchette d’un journal aligné que le Mlc s’était rangé derrière la candidature de Tshisekedi, la réplique du parti cher à François Mwamba ne se fit guère attendre. Un démenti formel et sans appel.
Tous les observateurs avertis de la scène politique congolaise durent noter avec grand intérêt l’échange silencieux, mais orageux, entre les deux poids lourds de l’opposition.
A dire vrai, il ne sera pas facile de démêler l’écheveau de cette nouvelle intrigue au sein de l’opposition congolaise. Particulièrement en ce moment où tout le monde est fermement convaincu qu’en cas d’alliance bien orientée, l’opposition peut dire sa messe en 2011...
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