(France 24 03/01/2011)
Les présidents béninois, cap-verdien et sierra-leonais reviennent en Côte d'Ivoire accompagnés du Premier ministre kényan pour tenter de convaincre Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. La semaine dernière, leur mission s’était soldée par un échec.
L’heure est de nouveau à la négociation à Abidjan. Une semaine après une médiation infructueuse des présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et cap-verdien Pedro Pires, les trois émissaires de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sont de retour en Côte d’Ivoire pour tenter de convaincre Laurent Gbgabo de quitter le pouvoir. Mais ils sont, cette fois, accompagnés du médiateur de l’Union africaine (UA), le Premier ministre kényan Raila Odinga, qui a qualifié sa visite de "mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d’Ivoire".
Comme les précédentes, cette nouvelle mission diplomatique de l'UA et de la Cédéao sur les bords de la lagune Ébrié s’annonce ardue. Tout au long du week-end, Laurent Gbagbo a en effet répété, une nouvelle fois, qu’il ne démissionnerait pas. "Nous n’allons pas céder", a-t-il notamment promis dans ses vœux du Nouvel An à la nation, dénonçant également "une tentative de coup d’État menée sous la bannière de la communauté internationale".
"Laurent Gbagbo continue d’affirmer qu’il a bel et bien gagné l’élection, rapporte ainsi Pauline Simonet, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Abidjan. Par la voix de deux de ses avocats français, Jacques Vergès et Roland Dumas, le président sortant a de nouveau demandé un recomptage des voix et la mise en place d’un comité d’évaluation du second tour [qui s’est déroulé le 28 novembre]", ajoute-t-elle.
Impasse de la médiation
Ce lundi, Goodluck Jonathan, le chef de l'État nigérian qui préside également la Cédéao, a annoncé qu’il déciderait mardi "d’un nouveau pas à franchir dans la résolution de la crise ivoirienne". La Cédéao brandit, notamment, la menace d’une opération militaire si Laurent Gbagbo refuse de se retirer au profit de son adversaire Alassane Ouattara, dont l’élection a été reconnue par la communauté internationale.
De son côté, la Sierra Leone a haussé le ton, affirmant que le départ de Laurent Gbagbo ne fera l’objet "d’aucun compromis". "Nous essayons de favoriser un départ paisible pour lui afin qu’il puisse quitter ses fonctions dignement", a cependant affirmé Ibrahim Ben Kargbo, porte-parole du gouvernement sierra-léonais.
Une opération militaire risquée
"Les sommations ne fonctionnent pas très bien sur Laurent Gbagbo", rappelle toutefois sur l’antenne de FRANCE 24 Pierre Cherruau, chef du service Afrique du magazine "Courrier international". "Une intervention militaire poserait d’énormes problèmes car Laurent Gbagbo n’est pas un président isolé. Selon la Commission électorale indépendante, près de la moitié des Ivoiriens sont de son côté et sont persuadés, comme lui, qu’il a remporté l’élection", poursuit-il.
"Si cette médiation ne parvient pas à son but, si la communauté internationale est prête à faire partir Laurent Gbagbo par la force, elle devra en assumer la violence qui en découlera", renchérit Christophe Champin, journaliste à RFI, qui rappelle que de nombreux ressortissants africains et occidentaux sont installés en Côte d’Ivoire. Selon l’ONU, 179 personnes ont déjà été tuées dans le pays depuis la mi-décembre.
FRANCE 24 (texte)
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