mardi 23 novembre 2010

Somalie -Hambourg juge dix pirates somaliens

(Le Figaro 23/11/2010)

Six siècles après la condamnation à mort de Klaus Störtebeker, le célèbre «Corsaire rouge» décapité avec ses 71 compagnons, Hambourg a entamé, ce lundi, le procès de dix pirates somaliens. Murés dans le silence, les accusés ignorent probablement le sort que réservait la cité hanséatique à leurs illustres prédécesseurs, dont la tête coupée était exposée près du port. La tradition s'est interrompue il y a quatre cents ans. En dépit des «preuves accablantes» citées par l'accusation, les Somaliens jugés pour l'attaque du cargo allemand MS Taipan en avril au large de la Corne de l'Afrique encourent au maximum quinze ou vingt ans de réclusion.
Arrêtés par la marine néerlandaise, les dix accusés répondent d'attaque contre le trafic maritime et de tentative de rapt en vue d'obtenir une rançon. (Crédits photo: AP/Royal Dutch Navy)
Arrêtés par la marine néerlandaise avant d'être transférés en Allemagne en juin, les dix accusés répondent d'attaque contre le trafic maritime et de tentative de rapt en vue d'obtenir une rançon. Ils avaient donné l'assaut au porte-conteneurs allemand à 900 km à l'est des côtes somaliennes. Mais les inculpés n'avaient pu mettre la main sur les quinze membres d'équipage, qui s'étaient réfugiés dans un espace sécurisé dans les cales du navire. Avant de prendre la fuite, le capitaine avait lancé un appel au secours à un bâtiment néerlandais de la force européenne antipiraterie Atalante.
Trois heures et demie plus tard, la frégate Tromp de la marine néerlandaise avait donné l'assaut et un militaire néerlandais avait été légèrement blessé dans des échanges de coups de feu. Une vidéo de l'opération, deux lance-roquettes et cinq fusils d'assaut Kalachnikov saisis aux pirates figurent parmi les preuves. Pour le porte-parole du tribunal de Hambourg, Conrad Müller-Horn, leur condamnation ne fait aucun doute. «Ils doivent s'attendre à des peines de cinq ans au minimum», estime-t-il. Cela n'arrêtera probablement pas les pirates somaliens, qui opèrent de plus en plus loin des côtes pour échapper aux navires de la mission Atalante. Leur butin est estimé à 100 millions d'euros par an. Selon le Bureau international maritime, 23 navires et plus de 500 membres d'équipage sont actuellement détenus par des pirates somaliens.
Le nom et l'âge des accusés
La défense a expliqué que les actes de piraterie sont la conséquence des troubles en Somalie et de la surpêche pratiquée par les Occidentaux dans la région. La piraterie «ne peut être résolue que par une solution politique, ont estimé ce lundiles avocats. Un jugement de cette cour n'aura aucune influence sur la piraterie dans l'océan Indien.» Les accusés, dont la plupart portent une casquette de base-ball et des vêtements de sport, suivent avec décontraction les débats, traduits par trois interprètes. La lecture des noms a, à elle seule, duré près de quarante-cinq minutes, juges, interprètes et accusés cherchant à s'accorder sur une orthographe et une prononciation commune. Les échanges les plus vifs ont porté sur l'âge des accusés, l'un d'entre eux affirmant avoir 13 ans. L'âge légal pour être jugé en Allemagne est de 14 ans. Cependant, les experts médicaux estiment que l'accusé en question a plus de 18 ans.
Le procès doit se poursuivre jusqu'en janvier. L'un des pirates a déjà déposé une demande d'asile politique en Allemagne. Loin de la chaleur moite du golfe d'Aden, les pirates disent n'avoir «peur que d'une chose, a expliqué l'un des avocats, l'hiver allemand».
Saint-Paul

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