(BBC Afrique 04/10/2010)
Les dignitaires du Royaume-Uni n’ont pas assisté à la parade de vendredi pour le 50e anniversaire de l'indépendance du Nigeria, ciblée par des attentats à la bombe qui ont tué 12 personnes.
Le représentant de la reine d'Angleterre, le duc de Gloucester, devait assister aux festivités mais ne l’a pas fait. L’ancien Premier ministre Gordon Brown a tout simplement annulé sa visite dans le pays.
Ces défections ont soulevé des questions au sujet de ce que les autorités nigérianes savaient vraiment sur l'imminence de ces attaques.
Le groupe militant Mend a revendiqué les attentats.
Le Mend, le mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger, qui affirme se battre pour une répartition plus équitable des revenus pétroliers, a envoyé un avertissement peu avant les explosions.
Il a déclaré que "plusieurs engins explosifs ont été placés avec succès dans et autour du site par nos agents infiltrés au sein des services de sécurité du gouvernement".
Il a ajouté : "Il n'y a rien à célébrer après 50 ans d'échec. Pendant 50 ans, le peuple du Delta du Niger a vu sa terre et ses ressources pillées."
Le Mend a ensuite accusé les responsables du pays d'agir "de manière irresponsable" en faisant fi de leur avertissement.
Les deux bombes ont explosé à environ cinq minutes d'intervalle.
En contact permanent
Un porte-parole du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth a confirmé avoir "reçu des indications d'un risque de sécurité accru", et pris des mesures immédiates pour mettre à jour les conseils de voyage après l'avertissement du Mend, vendredi matin.
Il était prévu que le duc de Gloucester assiste au défilé, mais il n’y était pas. Son bureau a refusé de commenter les raisons pour lesquelles il s’est retiré. L’ ancien premier ministre britannique, Gordon Brown, ne s'est finalement pas, non plus, déplacé.
Le porte-parole du bureau des affaires étrangères et du Commonwealth a déclaré : "La sécurité des visiteurs VIP est toujours l'objet d'un examen rigoureux. Nous restons en contact permanent avec les autorités nigérianes à ce sujet."
Le ministre britannique aux Affaires étrangères, William Hague a condamné les attentats, les décrivant comme "lâches et méprisables".
"Mes pensées vont aux blessés et aux familles de ceux qui ont perdu la vie", a-t-il déclaré.
Selon le journal nigérian This Day, les services de renseignements britanniques ont averti les autorités nigérianes de la possibilité de ces attaques.
This Day a également signalé qu’une descente a été effectuée à la maison du chef du Mend, Henry Okah, en Afrique du Sud, à la demande des autorités nigérianes.
L’agence de presse Reuters a cité un porte-parole de la police sud-africaine disant qu'il ne pouvait "ni confirmer ni infirmer que l'opération a eu lieu".
C'est un gros coup porté au gouvernement nigérian ... cela va présenter le pays sous un très mauvais jour, et faire fuir les investisseurs étrangers.
Elkana Habila, citoyen nigérian
Le porte-parole de la police nigériane, Jimoh Moshoo, a confirmé que douze personnes avaient été tuées dans les attentats, dix-sept autres blessées, et qu'une chasse à l'homme avait commencé.
Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a qualifié les attaques d’"acte cruel et désespéré".
Les Nigérians moyens se sont étonnés de ces attentats.
Elkana Habila a déclaré à Reuters: "C'est un gros coup porté au gouvernement nigérian ... cela va présenter le pays sous un très mauvais jour, et faire fuir les investisseurs étrangers."
Amnistie
L'an dernier, le gouvernement nigérian a signé un accord d'amnistie avec les rebelles dans le Delta, offrant de l'argent et une promesse de formation professionnelle pour les anciens militants qui auraient déposé les armes.
La violence a baissé et le nombre d'enlèvements a diminué depuis l'accord, mais de nombreux combattants se plaignent que le gouvernement n’a pas rempli sa part du contrat.
La production de pétrole a augmenté depuis que l'amnistie est entrée en vigueur - d'environ 1,6 millions de barils par jour elle est passée à presque deux millions aujourd'hui.
La plupart des attaques du Mend ciblaient jusque-là des oléoducs et des bornes d'alimentation dans le sud.
Le président Jonathan est lui-même originaire de la région du Delta. Quand il a pris ses fonctions en début d’année, un vieux chef rebelle a déclaré à la BBC qu’il serait la meilleure personne pour résoudre la crise du Delta, vu qu’il en comprend les problèmes.
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