La visite du secrétaire général de l'Élysée à Abidjan a été fructueuse. En discutant des dossiers sensibles, Claude Guéant et Laurent Gbagbo ont ouvert la voie à un règlement à l'amiable du contentieux politique franco-ivoirien.
14h30, le 3 octobre, à l'aéroport Houphouët-Boigny d'Abidjan. Le Falcon 900 du secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, s’envole pour Paris sous les regards complices de l’ambassadeur de France, Jean-Marc Simon et du conseiller diplomatique du président Gbagbo, Alcide Djédjé. Les deux hommes sont visiblement satisfaits, la visite en Côte d’Ivoire du premier collaborateur de Nicolas Sarkozy n’a pas souffert de la moindre anicroche.
Pourtant tous les dossiers sensibles ont été abordés, de l’élection présidentielle aux événements de novembre 2004, douloureux pour les deux pays. Au cours de la matinée, Guéant a rencontré le Premier ministre, Guillaume Soro, et les deux principaux opposants ivoiriens, Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié. « La France n’a ni candidat, ni favori », a-t-il affirmé à chacun tout en constatant la bonne volonté des acteurs politiques d’aller à l’élection dans un climat apaisé. Les leaders de l’opposition ont toutefois demandé à la communauté internationale d’être vigilante pour que la tenue du scrutin se déroule dans la transparence et le calme, particulièrement à l’annonce des résultats.
Entretien très franc
La veille, le président Gbagbo et Claude Guéant avait renoué les fils du dialogue. La relation franco-ivoirienne, jusque-là très distante, avait été marquée par l’absence du chef de l'État ivoirien au sommet France-Afrique de Nice et à la fête nationale française du 14 juillet. À l’époque, Gbagbo avait justifié cette décision d'une phrase sans équivoque : « Il n’y a pas de raison que j’aille en France tant qu’on n’aura pas discuté du différend qui continue d’opposer l'État français à l'État de Côte d’Ivoire. »
Guéant et Gbagbo, qui se voyaient pour la première fois, ont eu un entretien très franc au cours duquel ils ont commencé à évoquer le contentieux politique. Il a notamment été question du dédommagement des victimes ivoiriennes de l’armée française à la suite des manifestations de « patriotes » devant l’Hôtel Ivoire en novembre 2004. Le président ivoirien, qui estime avoir fait un premier pas en réhabilitant deux écoles françaises et en dédommageant les petites entreprises saccagées lors de ces journées de violences, a ouvert la voie à un règlement à l’amiable.
« Nous allons tout faire pour éviter un procès qui raviverait les blessures du passé », explique un proche du chef de l'État. Mais le cadre légal de ce règlement pacifique reste à définir.
« Partenariat d'exception »
De son côté, Paris est disposé à jeter les bases d’un nouveau « partenariat d’exception si la Côte d’Ivoire le souhaite ». « La France y est prête, résolue et elle en sera très heureuse », a précisé Claude Guéant. Coopération économique et culturelle, échanges universitaires, politique de défense et de sécurité... Tout est désormais envisageable avec à la clé de grosses sommes disponibles dans le cadre de l’annulation de la dette ivoirienne à l’égard du Trésor français.
Autre preuve de bonne fois, l'Élysée va appuyer la demande ivoirienne au Conseil de sécurité des Nations Unies pour l'obtention de l’application de la dérogation à la résolution 1572 de manière à pouvoir acheter des armes non létales. Abidjan souhaite équiper sa police et sa gendarmerie (essentiellement avec des boucliers, des matraques et des bombes lacrymogènes) pour assurer le maintien de l’ordre le jour du vote. Les militaires français de l’opération Licorne, quant à eux, se tiendront à la disposition de l’Onuci pour la sécurisation du scrutin. « Une page est entrain de se tourner, une ère nouvelle s’annonce », a conclu le secrétaire général de l'Élysée.
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