(Le Monde 17/05/2010)
Synthèse • L'Assemblée nationale de la République centrafricaine a adopté, lundi 10 mai, un projet de loi permettant de prolonger sine die le mandat du président de la République, François Bozizé, qui expire le 11 juin. Aucune date n'a été fixée pour l'élection présidentielle qui devait avoir lieu le 25 avril, puis le 16 mai.
La société civile et les bailleurs de fonds internationaux reconnaissent que les conditions ne sont pas réunies pour qu'un scrutin incontestable puisse être organisé, notamment faute d'un recensement des électeurs. Cette situation fait craindre la reproduction, en République centrafricaine, du scénario de la Côte d'Ivoire, où le président Laurent Gbagbo reste au pouvoir alors que son mandat a expiré en 2005.
Le 8 avril, Alain Joyandet, secrétaire d'Etat français à la coopération, a signé à Bangui un nouvel accord de défense entre la République centrafricaine et la France. Il a souhaité que les élections aient lieu "dans le respect des conditions démocratiques".
La stabilité du pays importe à la France, notamment parce qu'Areva y a signé, en août 2008, un accord prévoyant la mise en exploitation en 2010 de la mine d'uranium de Bakouma. Mais ce projet a pris du retard, suscitant une tension entre les deux pays.
La République centrafricaine, dominée dans les années 1970 par l'empereur Bokassa, soutenu par la France, est régulièrement secouée par des coups d'Etat. Le dernier, en 2003, a porté au pouvoir le général Bozizé, qui a été confirmé par les urnes en 2005.
Le pays, ravagé par une guerre civile au début des années 2000, reste en proie à une insécurité persistante, alimentée par des rebelles et des coupeurs de route. Le nord du pays, aux confins du Tchad et du Soudan, est affecté par le conflit du Darfour ainsi que par une rébellion locale. Dans le Sud-Est sévit l'Armée de résistance du Seigneur, d'origine ougandaise, connue pour ses enlèvements d'enfants, dont les exactions provoquent des déplacements de population.
Pays enclavé et pauvre, la République centrafricaine est classée 179e sur 182 à l'indice du développement humain des Nations unies publié en 2009. C'est le 10e pays du monde le plus infecté par le sida.
Mais seules 36 % des personnes qui en souffrent à un stade avancé bénéficient des médicaments antirétroviraux, selon le dernier rapport de l'Onusida. Ce taux ne dépasse pas 4 % pour les enfants. En raison de ce contexte, l'espérance de vie diminue : de 43 ans voilà cinq ans, elle vient de passer au-dessous de la barre symbolique des 40 ans.
Philippe Bernard
© Copyright Le Monde
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire