vendredi 7 mai 2010

Cameroun - Levée du corps du journaliste mort en détention, avec un fort dispositif policier

(Cyberpresse 07/05/2010)
YAOUNDÉ — La levée de corps du journaliste camerounais Bibi Ngota, mort en détention le 22 avril, a eu lieu jeudi à la morgue du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé, en présence d'un important dispositif des forces de l'ordre.
La dépouille du journaliste a ensuite été conduite jeudi au domicile de ses parents à Mendong, quartier périphérique de la capitale.
"Il y plein de gendarmes et de policiers à la maison en ce moment (jeudi soir). Nous n'arrivons pas à pleurer Bibi en paix. C'en est trop. Après la violation du secret médical, ils font de la violation de domicile", a affirmé à l'AFP le frère cadet du défunt Bruno Ntede.
Le journaliste sera inhumé samedi dans son village de Mingalé (sud), selon sa famille.
Germain Cyrille Ngota Ngota, surnommé Bibi Ngota, est mort à 39 ans le 22 avril à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé, où il était en détention préventive depuis près d'un mois et demi.
Le 23 avril, Yaoundé a annoncé avoir ordonné une enquête judiciaire sur ce décès. La France a demandé que la "lumière soit faite", les Etats-Unis ont réclamé une enquête "effectuée de manière globale, transparente et sans délai".
La famille de Bibi Ngota affirme qu'il souffrait d'"hypertension sévère" et d'une hernie nécessitant une "opération" et qu'il n'a pas eu les soins appropriés.
Jeudi, le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a attribué son décès à des "infections opportunistes" liées au VIH, le virus du sida, en assurant que M. Ngota a tardivement appris son état.
La famille du journaliste ainsi que l'ordre des médecins camerounais se sont insurgés contre ces révélations.
Bibi Ngota, qui a toujours clamé son innocence, avait été écroué en même temps que deux autres journalistes, Robert Mintsa et Serge Sabouang, toujours détenus, pour "faux et usage de faux". Les autorités les accusent d'avoir imité "la signature du secrétaire général de la présidence de la République sur des documents dont ils se servaient pour (lui) faire du chantage".

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