(Le blog finance 03/11/2010)
Où l'on reparle du Soudan ... sans toutefois parler - officiellement - de son pétrole ...
Alors que le pays extrêmement riche en hydrocarbures organise dans deux mois un référendum d'auto-détermination dans sa partie Sud, Barack Obama a décidé de maintenir pour au moins douze mois supplémentaires les sanctions économiques américaines à son encontre. C'est en effet ce qu'a annoncé lundi la Maison-Blanche.
Volonté de lutter contre les terroristes et d'établir une paix durable dans le pays ... ou d'en retirer la meilleure part du gâteau en usant si besoin du chantage économique ?
Les actions et la politique du régime soudanais sont "hostiles aux intérêts des Etats-Unis et représentent une menace permanente, inhabituelle et extraordinaire contre la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis", a ainsi indiqué Barack Obama dans une lettre au Congrès informant les élus de la prolongation de ces sanctions mises en oeuvre depuis 1997, limitant le commerce et les investissements américains au Soudan.
La semaine dernière, les chefs des deux régions du nord et du sud du Soudan ont afffirmé souhaiter avoir de "bonnes relations" quelque soit l'issue du référendum d'indépendance, et ce malgré un différend sur le statut d'une région contestée d'Abyei.
Auparavant, le sénateur américain John Kerry avait menacé de durcir les sanctions contre le Soudan si le gouvernement ou les Sudistes entravaient la tenue du référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan prévu le 9 janvier. «Je veux être clair, nous voulons que le gouvernement organise le référendum et respecte la décision du Sud», a déclaré à la presse M. Kerry, lors de son arrivé à Khartoum. «Si une des (deux) parties choisit d'aller dans le mauvais sens durant les prochaines négociations d'Addis Abeba, nous aurons plusieurs options comme le durcissement des sanctions» américaines imposées à Khartoum, avait-il menacé.
Lors d'un scrutin prévu le 9 janvier prochain, les Sud-Soudanais doivent choisir entre le maintien de l'unité avec le Soudan ou la sécession. Ce scrutin est le point-clé de l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud.
A l'heure actuelle, des responsables du Parti du congrès national (nordiste de M. Béchir) et du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, sudiste) discutent en quatre comités des questions post-référendaires : sécurité, citoyenneté, partage des ressources naturelles ... et respect des accords internationaux.
Les deux parties tentent de trouver une solution concernant le dossier d'Abyei, une région pétrolifère contestée située à la lisière Nord-Sud et revendiquée à la fois par les tribus sudiste Dinga Ngok et nomade arabe nordiste Misseriya.
Rappelons en effet que le pétrole soudanais est un des principaux enjeux du référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan prévu en 2011.
Si les champs pétrolifères ont été découverts dès le début des années 1970, la production n'a débuté qu'en 1999 dans les zones sous contrôle nordiste, avant de s'étendre au Sud-Soudan en 2006. Soit un an après la signature d'un accord de paix mettant fin à la guerre opposant depuis 1983 le Nord majoritairement musulman et le Sud, chrétien et animiste.
A l'heure actuelle, selon le FMI, le pétrole représente 95% des revenus à l'exportation du Soudan et 60% des recettes du gouvernement central de Khartoum. Lequel est donc grandement dépendant des investissements étrangers ... y compris américains.
En 2008, la production quotidienne a atteint 480.000 barils exportés presque exclusivement vers les marchés asiatiques, dont la Chine (214.000 barils/jour) et le Japon (102.000).
Hasard ou malédiction du pétrole ? les principales régions de production sont situées à la frontière entre le Nord et le Sud, dans les bassins géologiques de Muglad et Melut. Les réserves du Soudan sont estimées à près de six milliards de barils, au cinquième rang en Afrique derrière la Libye, le Nigéria, l'Algérie et l'Angola.
Les revenus de l'or noir reviennent dans un premier temps au gouvernement central de Khartoum, lequel doit en verser 50% au gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan (GOSS) pour les forages situés en territoire sud-soudanais. 2% des revenus vont également à l'exécutif de chaque région de production.
Selon un rapport de l'ONG Global Witness datant de 2009, les données de Khartoum sur la production de l'or noir au Sud-Soudan ne seraient pas en phase avec celles des entreprises pétrolières présentes sur place, laissant penser que le Nord ait pu cacher des ventes de brut afin de limiter ses transferts vers le Sud.
Par Elisabeth Studer le 01 novembre 2010
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