dimanche 31 octobre 2010

Elections en Côte d'Ivoire : appels au calme

Côte d'Ivoire - Présidentielle en Côte d'Ivoire: Abidjan et Bouaké la rebelle "votent pour la paix"

De Christophe KOFFI (AFP)

ABIDJAN — "J'ai voté pour la paix", lance Adèle Doba, tout sourire, en sortant d'un bureau de vote à Abidjan. Comme de nombreux Ivoiriens, elle s'est levée tôt dimanche pour donner un président à la Côte d'Ivoire et tourner la page d'une décennie de crise.
Dans tous les quartiers de la métropole ivoirienne (un tiers des quelque 5,7 millions d'inscrits), les électeurs se sont pressés devant les bureaux de vote avant même l'ouverture à 07H00 locales (et GMT) du scrutin présidentiel, le premier depuis 2000, fébrilement attendu après six reports depuis 2005.
Dans une ambiance bon enfant, les Abidjanais attendent calmement leur tour, sous l'oeil vigilant des forces de l'ordre. Mais dans la matinée certains centres ont mis du temps à ouvrir leurs portes.
Adèle Doba, mère de famille, a "voté pour le président sortant", populaire dans l'immense quartier de Yopougon. Laurent Gbagbo est "à même d'assurer un bon avenir pour mes six enfants", dit-elle, convaincue.
Monique Kanga veut aussi oublier la guerre déclenchée par le coup d'Etat manqué de 2002 et la crise qui a déchiré et appauvri le pays.
"Je suis contente parce qu'on va avoir la paix, nos enfants vont avoir du travail", déclare la vieille femme, qui a pu entrer en priorité dans son bureau de Koumassi, un autre quartier populaire.
Casquette vissée sur la tête, l'informaticien Jules Ahoré est "très ému". Il vient de glisser son bulletin dans l'urne dans le quartier chic et verdoyant de Cocody. "Je me sens libre, c'est comme si j'étais à l'église et que je venais de prendre la communion..."
Mais dans le bureau où trônent le président et ses assesseurs, tous en chasubles orange-blanc-vert, les couleurs nationales, son voisin Georges Etranny, connu des Ivoiriens pour ses livres et sa musique, est moins serein.
"Les Africains nous ont habitués à des après-élections tendues. Nous faisons un premier pas mais il faut croiser les doigts pour que les résultats arrivent et que chacun accepte le verdict", avance-t-il.
A Bouaké (centre), fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui contrôle le nord du pays depuis 2002, c'est aussi jour de fête. Rues quasi-vides, commerces fermés: des milliers de personnes se sont donné rendez-vous dans les écoles aménagées en lieux de vote.
"Maintenant on est libéré, je pense que la Côte d'Ivoire va se retrouver", s'exclame Azita Bamba, une commerçante venue avec ses six enfants.
"Ici à Bouaké on a trop souffert, on est dans l'insécurité, on ne mange pas bien et nos frères ne trouvent pas de travail", se lamente-t-elle. Mais la jeune femme a foi dans son champion, l'ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara ("ADO"), candidat pour la première fois et grand opposant avec l'ex-président Henri Konan Bédié. "Avec +ADO+, tout ça va changer".
Pour Lassina Touré, chauffeur de 35 ans, ce scrutin marque un tournant pour les "dioulas". Ces ressortissants du nord majoritairement musulman s'estiment stigmatisés depuis des années, car soupçonnés d'être étrangers. Sur fond de querelle de l'"ivoirité", leur sort est depuis longtemps au coeur des tourments du pays.
"Cette élection va ramener ma dignité perdue, parce qu'on nous a volé notre dignité", assène-t-il froidement.
"Avant, quand tu dis que tu t'appelles Touré, Koné ou Bamba, on dit que tu n'es pas ivoirien. Mais en accomplissant mon acte civique aujourd'hui, j'ai retrouvé ma citoyenneté".
Copyright © 2010 AFP

Cote d'Ivoire - Elections en Côte d'Ivoire: des incidents à Créteil

A Créteil (Val-de-Marne), la police a du utiliser du gaz lacrymogène et un homme a été interpellé pour outrage, ce matin, aux abords d’un bureau de vote lors du premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne qui a débuté ce dimanche matin.

Une trentaine de policiers ont été déployés pour ramener le calme. Le ton est monté lorsque des électeurs ivoiriens se sont vus refuser l’accés aux urnes. Selon des opposants au président sortant Laurent Gbagbo: «L’ambassade de Côte d’Ivoire a changé le lieu de vote il y a trois jours sans prévenir personne. Certains qui devaient voter à Créteil doivent désormais se rendre à Aubervilliers (Ndlr: Seine-Saint-Denis) ou à Asnières (Ndlr: Hauts-deSeine). C’est du magouillage pour remporter les élections». De leur côté les partisans du président sortant dénoncent une opposition qui «fait tout pour perturber ce scrutin attendu depuis longtemps». Les bureaux de vote doivent fermer vers 19 heures. L’ambassade de Côte d’Ivoire n’a pas pu être jointe pour le moment.

Vincent Vérier
leparisien.fr

Côte d'Ivoire - Scrutin de la réconciliation en Côte d'Ivoire

(Le Point 31/10/2010)

ABIDJAN (Reuters) - Le premier tour de l'élection présidentielle censée réconcilier la Côte d'Ivoire a commencé dimanche matin, 5,7 millions d'électeurs étant appelés à choisir leur dirigeant avec cinq ans de retard.
Ce scrutin présidentiel est le premier en dix ans dans le pays coupé en deux depuis une tentative de coup d'Etat en 2002, avec au Nord les rebelles de Guillaume Soro, nommé Premier ministre en 2007, et au Sud les partisans du président Laurent Gbagbo.
Le premier tour du scrutin, régulièrement repoussé depuis 2005, met aux prises Laurent Gbagbo, l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
La plupart des 20.000 bureaux de vote ont ouvert avec un peu de retard dans la matinée et doivent fermer à 17h00 GMT. Les résultats préliminaires seront annoncés dans les trois jours.
"Pour moi, ce vote signifie la paix, c'est pour cela que nous avons pris les armes il y a huit ans. Maintenant c'est fini", dit Abou Coulibaly, un ancien rebelle interrogé à la sortie d'un bureau de vote de Bouaké, bastion rebelle du nord du pays.
De longues files d'attente ont commencé à se former devant les bureaux de vote, que quelques-uns des 60.000 agents électoraux étaient encore en train d'installer à l'heure officielle d'ouverture.
REPORT DU SECOND TOUR ?
Cette élection est jugée essentielle pour permettre au pays de retrouver sa place de poumon économique régional et de premier producteur mondial de cacao.
Si la campagne électorale s'est globalement déroulée dans le calme et si les échanges entre les candidats ont été moins houleux que prévu, les craintes demeurent de voir voler en éclat les bonnes résolutions dès l'annonce des résultats.
"Les résultats de l'élection seront probablement contestés et le second tour, fixé au 28 novembre, pourrait être repoussé", note Rolake Akinola, experte de l'Afrique de l'Ouest à l'Eurasia Group.
Face aux risques de contestation, le Premier ministre, Guillaume Soro, a appelé samedi les candidats à accepter les résultats qui seront annoncés dans les trois jours suivant le scrutin.
A l'approche des élections, les forces de sécurité ont été déployées dans le pays. Policiers et gendarmes sont chargés d'assurer la sécurité dans le Sud tandis que les anciens rebelles sont responsables du Nord qu'ils contrôlent depuis la guerre de 2002-2003.
Environ 9.500 soldats de l'Onu chargés du maintien de la paix, épaulés par la force Licorne française, sont prêts à intervenir en cas de violences.
"Bien sûr qu'il y aura de la violence : quand les gens verront que leur candidat ne l'a pas emporté, ils protesteront. C'est normal", dit Pierre Bai, qui attend patiemment pour voter dans une école d'Abidjan.
"Mais je pense que ça ira. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'un président élu démocratiquement qui sorte le pays de cette crise."

Reuters Publié le 31/10/2010 à 10:43 Reuters
par Tim Cocks
Marine Pennetier et Clément Guillou pour le service français
© Copyright Le Point

R.D.C. - Les fonds vautours réclament 452,5 millions de dollars à la RDC

(Les Afriques 31/10/2010)

La République démocratique du Congo, RDC, est en voie de déchanter. Elle n’a pas fini de célébrer l’aboutissement de la longue procédure, entamée en 2002, qui lui a permis d’obtenir l’effacement de ses 12,3 milliards de dollars, soit 80% de sa dette, pour avoir atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés, qu’elle doit affronter les fonds vautours.
Les bailleurs de fonds, qui s’étaient fait beaucoup entendre à l’occasion des contrats chinois, contraignant finalement la RDC à les amputer du tiers, soit 3 milliards de dollars, sont curieusement aphones sur ces hold-ups des fonds vautours.
Alors que le gouvernement se réjouissait de ce « succès », les ONG, tel le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-monde (CADTM), faisaient remarquer que cette dette devait être décrétée nulle et non avenue, comme récemment celle de l’Irak, parce qu’essentiellement issue de la période Mobutu, « [elle] était une dette « odieuse » selon le droit international, c’est-à-dire contractée par un régime non démocratique, sans bénéfice pour la population locale et en connaissance de cause des créanciers ». L’essentiel, pour la RDC, est hélas ailleurs. L’avantage escompté de l’annulation de la dette est partiellement menacée par les fonds vautours. Ils lui réclament au total 452,5 millions de dollars.
Condamnations des tribunaux anglo-saxons
Le pays est la principale cible au monde des fonds vautours. Sur les quarante procédures engagées par les fonds vautours contre vingt pays, essentiellement d’Afrique et d’Amérique latine, il en compte à lui seul huit, dont cinq ont déjà débouché sur sa condamnation.
La « modicité » des fonds réclamés par les fonds vautours à la RDC, 452,5 millions de dollars, par rapport aux 12,3 milliards de dollars de dette effacés, pourrait rendre anecdotiques les actions intentées par les fonds vautours, mais ce serait oublier que la RDC n’aurait jamais payé sa dette abyssale, alors que les condamnations des tribunaux anglo-saxons lui coûtent déjà et annihilent ses efforts de relance.
Saisies
Ainsi, un tribunal sud-africain, en autorisant le fonds vautour FG Hemisphere à saisir les 105 millions de dollars de recettes que la SNEL, l’entreprise publique d’électricité de la RDC, compte tirer de la vente d’électricité à l’Afrique du Sud, porte un coup dur à une entreprise qui n’arrive pas à satisfaire, faute d’investissements, les besoins énergétiques d’un pays doté d’un potentiel hydroélectrique susceptible de fournir tout le continent africain.
La créance due par la SNEL en septembre 2004, n’était que de 18 millions de dollars.
Ayant trouvé son cadavre, Hemisphere ne le lâche plus. Elle a intenté une autre action, cette fois à Hong Kong. Le 10 février, la Cour d’appel de Hong Kong s’est déclarée compétente pour traiter la nouvelle plainte du fonds vautour contre la SNEL. Dans les années 80, elle avait contracté auprès de la firme yougoslave Energoinvest une créance de 37 millions de dollars. Hemisphere a racheté à bas prix la créance en 2004. Elle réclame aujourd’hui plus de 100 millions de dollars.
Malgré les évidents problèmes juridiques que pose cette action, non seulement le caractère odieux de la dette, dénoncé par les ONG, mais la Yougoslavie ayant depuis éclaté, le problème de la succession mérite d’être posé. Le tribunal de Hong Kong n’en a cure. Il a autorisé le plaignant à saisir les 350 millions de dollars que l’entreprise publique congolaise Gécamines doit recevoir de l’entreprise China Railway.
Gecamines, qui était le fleuron de l’économie congolaise, est aujourd’hui en décrépitude avancée. Les investissements nécessaires à la production n’ont pas été effectués depuis des décennies. Perdant 20 millions d’euros par mois, elle comptait sur ces recettes pour se moderniser et relancer sa production. La décision du tribunal la prive de ces recettes.
Défaut
Tout n’est encore pas perdu. Le nouveau mécanisme mis en place à Tunis sous l’égide de la Banque africaine de Développement, la Facilité africaine de soutien juridique, s’est saisi de l’affaire et proposé ses services à Kinshasa. La RDC, dans toutes ces procédures, a toujours été condamnée par défaut. L’Etat évanescent de ces dernières années, peut-être aussi des complicités internes, l’expliquent largement. Ayant désormais la possibilité de disposer de ressources financières et de conseils pertinents pour confier l’affaire aux plus grands cabinets spécialisés, la RDC peut peut-être espérer sortir de ce mauvais pas.
Parallèlement à cette action devant les tribunaux, le gouvernement congolais est encouragé à répertorier toutes les dettes de ses entreprises publiques, qu’il connaît très mal, ainsi que les banques trop bien disposées à l’égard des fonds vautours, pour éviter d’y placer ses ressources.
Les vautours fondent sur la RDC, cible du quart de leurs actions dans le monde.
La République démocratique du Congo, RDC, est en voie de déchanter. Elle n’a pas fini de célébrer l’aboutissement de la longue procédure, entamée en 2002, qui lui a permis d’obtenir l’effacement de ses 12,3 milliards de dollars, soit 80% de sa dette, pour avoir atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés, qu’elle doit affronter les fonds vautours.
Les bailleurs de fonds, qui s’étaient fait beaucoup entendre à l’occasion des contrats chinois, contraignant finalement la RDC à les amputer du tiers, soit 3 milliards de dollars, sont curieusement aphones sur ces hold-ups des fonds vautours.
Alors que le gouvernement se réjouissait de ce « succès », les ONG, tel le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-monde (CADTM), faisaient remarquer que cette dette devait être décrétée nulle et non avenue, comme récemment celle de l’Irak, parce qu’essentiellement issue de la période Mobutu, « [elle] était une dette « odieuse » selon le droit international, c’est-à-dire contractée par un régime non démocratique, sans bénéfice pour la population locale et en connaissance de cause des créanciers ». L’essentiel, pour la RDC, est hélas ailleurs. L’avantage escompté de l’annulation de la dette est partiellement menacée par les fonds vautours. Ils lui réclament au total 452,5 millions de dollars.
Condamnations des tribunaux anglo-saxons
Le pays est la principale cible au monde des fonds vautours. Sur les quarante procédures engagées par les fonds vautours contre vingt pays, essentiellement d’Afrique et d’Amérique latine, il en compte à lui seul huit, dont cinq ont déjà débouché sur sa condamnation.
La « modicité » des fonds réclamés par les fonds vautours à la RDC, 452,5 millions de dollars, par rapport aux 12,3 milliards de dollars de dette effacés, pourrait rendre anecdotiques les actions intentées par les fonds vautours, mais ce serait oublier que la RDC n’aurait jamais payé sa dette abyssale, alors que les condamnations des tribunaux anglo-saxons lui coûtent déjà et annihilent ses efforts de relance.
Saisies
Ainsi, un tribunal sud-africain, en autorisant le fonds vautour FG Hemisphere à saisir les 105 millions de dollars de recettes que la SNEL, l’entreprise publique d’électricité de la RDC, compte tirer de la vente d’électricité à l’Afrique du Sud, porte un coup dur à une entreprise qui n’arrive pas à satisfaire, faute d’investissements, les besoins énergétiques d’un pays doté d’un potentiel hydroélectrique susceptible de fournir tout le continent africain.
La créance due par la SNEL en septembre 2004, n’était que de 18 millions de dollars.
Ayant trouvé son cadavre, Hemisphere ne le lâche plus. Elle a intenté une autre action, cette fois à Hong Kong. Le 10 février, la Cour d’appel de Hong Kong s’est déclarée compétente pour traiter la nouvelle plainte du fonds vautour contre la SNEL. Dans les années 80, elle avait contracté auprès de la firme yougoslave Energoinvest une créance de 37 millions de dollars. Hemisphere a racheté à bas prix la créance en 2004. Elle réclame aujourd’hui plus de 100 millions de dollars.
Malgré les évidents problèmes juridiques que pose cette action, non seulement le caractère odieux de la dette, dénoncé par les ONG, mais la Yougoslavie ayant depuis éclaté, le problème de la succession mérite d’être posé. Le tribunal de Hong Kong n’en a cure. Il a autorisé le plaignant à saisir les 350 millions de dollars que l’entreprise publique congolaise Gécamines doit recevoir de l’entreprise China Railway.
Gecamines, qui était le fleuron de l’économie congolaise, est aujourd’hui en décrépitude avancée. Les investissements nécessaires à la production n’ont pas été effectués depuis des décennies. Perdant 20 millions d’euros par mois, elle comptait sur ces recettes pour se moderniser et relancer sa production. La décision du tribunal la prive de ces recettes.
Défaut
Tout n’est encore pas perdu. Le nouveau mécanisme mis en place à Tunis sous l’égide de la Banque africaine de Développement, la Facilité africaine de soutien juridique, s’est saisi de l’affaire et proposé ses services à Kinshasa. La RDC, dans toutes ces procédures, a toujours été condamnée par défaut. L’Etat évanescent de ces dernières années, peut-être aussi des complicités internes, l’expliquent largement. Ayant désormais la possibilité de disposer de ressources financières et de conseils pertinents pour confier l’affaire aux plus grands cabinets spécialisés, la RDC peut peut-être espérer sortir de ce mauvais pas.
Parallèlement à cette action devant les tribunaux, le gouvernement congolais est encouragé à répertorier toutes les dettes de ses entreprises publiques, qu’il connaît très mal, ainsi que les banques trop bien disposées à l’égard des fonds vautours, pour éviter d’y placer ses ressources.
Rachat de créances
A l’instar du Libéria, le gouvernement congolais pourrait aussi entreprendre de racheter lui-même certaines créances, pour éviter que les fonds vautours ne s’en saisissent avant lui.
Les bailleurs de fonds, qui s’étaient fait beaucoup entendre à l’occasion des contrats chinois, contraignant finalement la RDC à les amputer du tiers, soit 3 milliards de dollars, sont curieusement aphones sur ces hold-ups des fonds vautours. Comme la Belgique et la France l’ont montré, ils ont les moyens de contrecarrer ces fonds. Le Sénat belge a adopté, le 31 janvier 2008, une loi empêchant la saisie des fonds publics destinés à la coopération internationale par les fonds vautours et une proposition de loi française, du 2 août 2007, stipule qu’il « ne peut être prononcé aucune condamnation ni donné aucun effet en France à un jugement étranger prononcé contre un débiteur (…) lorsqu’il apparaît que l’acquisition de la créance procède d’une spéculation sur les procédures susceptibles d’être intentées contre le cédé et les tiers, et non sur la valeur de marché de la créance et son évolution ».
Rachat de créances
A l’instar du Libéria, le gouvernement congolais pourrait aussi entreprendre de racheter lui-même certaines créances, pour éviter que les fonds vautours ne s’en saisissent avant lui.
Les bailleurs de fonds, qui s’étaient fait beaucoup entendre à l’occasion des contrats chinois, contraignant finalement la RDC à les amputer du tiers, soit 3 milliards de dollars, sont curieusement aphones sur ces hold-ups des fonds vautours. Comme la Belgique et la France l’ont montré, ils ont les moyens de contrecarrer ces fonds. Le Sénat belge a adopté, le 31 janvier 2008, une loi empêchant la saisie des fonds publics destinés à la coopération internationale par les fonds vautours et une proposition de loi française, du 2 août 2007, stipule qu’il « ne peut être prononcé aucune condamnation ni donné aucun effet en France à un jugement étranger prononcé contre un débiteur (…) lorsqu’il apparaît que l’acquisition de la créance procède d’une spéculation sur les procédures susceptibles d’être intentées contre le cédé et les tiers, et non sur la valeur de marché de la créance et son évolution ».
30-10-2010
© Copyright Les Afriques

Tanzanie - Quatrième élections générales en Tanzanie

(Le Monde 31/10/2010)

DAR ES SALAAM - Les bureaux de vote ont été ouverts dimanche matin à 06H (04H GMT) en Tanzanie et dans l'ile semi autonome de Zanzibar.
Les électeurs ont commencé à voter une heure plus tard afin de désigner leur président, leurs députés et les élus locaux. Le scrutin sera clos à 18H (14H GMT).
Le président Jakaya Kikwete qui se représente et devrait être réélu a prévu de voter dans son quartier au nord de la capitale économique Dar es Salaam en milieu de matinée.
Agé de 60 ans il représente le Chama ma Mapinduzi (CCM - parti révolutionnaire) au pouvoir depuis 1992. Cinq autres personnes sont candidates mais son principal concurrent est M. Wilbrod Slaa du Chadema qui avait obtenu 10% des suffrages lors de la dernière consultation.
A Zanzibar, qui a un président propre, 400.000 votants vont choisir entre 7 candidats mais les candidats du CCM, Ali Mohamed Shein et du Front civique uni (CUF) Seil Sharif Hamad, sont les principaux challengers.
La campagne électorale qui s'est terminée samedi a été la plus vigoureuse depuis la réintroduction du multipartisme en 1992. Lors d'un dernier meeting samedi soir le chef de l'etat a promis d'améliorer l'éducation, la santé et les infrastructures dans ce pays démuni d'Afrique de l'Est qui dépend essentiellement de son agriculture.Ses opposants ont, eux, dénoncé des promesses non tenues par le CCM qui dirige le pays depuis son indépendance en 1961.Dix neuf millions d'electeurs sont attendus pour cette quatrième élection depuis la réintroduction du multipartisme en 1992. La Tanzanie a jusqu'à présent évité les troubles politiques qu'ont connu ses voisins du Kenya, d'Ouganda, du Burundi, du Rwanda et de République démocratique du Congo.A Zanzibar, l'ile autonome rattachée à la Tanzanie en 1964, des troubles se sont produits à chaque élections en raison de tensions entre les différentes communautés. Afin d'éviter de nouvelles tensions une constitution permettant un partage des pouvoirs été mise en place.
(©AFP / 31 octobre 2010 07h31)
© Copyright Le Monde

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samedi 30 octobre 2010

LAURENT GBAGBO - Discours du candidat de LMP_ Laurent Gbagbo au stade Ho...

Election en Cote d'Ivoire

Henri Konan Bedié, ancien président de la Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire - Guillaume le conquérant

30/10/2010 à 19h:32 Par François Soudan, envoyé spécial à Abidjan pour jeune afrique
Il s’apprête, mission accomplie, à quitter son poste de Premier ministre. Mais aussi à prendre date auprès des Ivoiriens. Confidences exclusives d’un ovni politique à qui d’aucuns prêtent un avenir au sommet de l’État.
« Ai-je changé ? Oui, bien sûr. Je suis moins fougueux, moins impatient. J’ai vécu en dix ans ce que d’autres vivent en une existence. Alors j’ai appris à donner du temps au temps et je me suis forgé une carapace. » Ainsi parle Guillaume Soro en cet après-midi orageux de la mi-octobre, veille de l’ouverture officielle de la campagne. Pour cet entretien-bilan de fin de mission dans son bureau de la primature à Abidjan, le chef du gouvernement ivoirien s’est entouré de trois fidèles de son premier cercle, celui qui, on l’imagine, l’accompagnera pour d’autres aventures quand il quittera son poste, fin 2010 ou début 2011, en toute hypothèse avant son trente-neuvième anniversaire, le 8 mai prochain. Il y a là Ibrahim Sy Savané, ministre de la Communication (et ancien de J.A.), Meïté Sindou, porte-parole, et Alain Lobognon, conseiller spécial. Tous trois savent que leur chef est en passe d’entrer dans l’histoire de la Côte d’Ivoire pour avoir organisé les premières élections véritablement démocratiques à la ­magistrature ­suprême depuis l’indépendance. Et tous les quatre savent que les jours à venir seront ceux de tous les espoirs et de tous les dangers. En filigrane de la longue conversation à bâtons rompus que nous avons eue avec Guillaume Soro se dessine aussi le destin d’un homme qui n’entend manifestement pas s’arrêter en si bon chemin. Et à qui tous les rêves semblent permis, à condition de savoir les mériter…
Guillaume le rebelle
Question : « La rébellion du 19 septembre 2002, c’était vous ? » Réponse : « C’était nous. » « Vous qui ? » « Moi, Guillaume Soro, porte-parole des Forces nouvelles. » Question : « Le choix de la lutte armée, c’était vous ? » Réponse : « J’y ai contribué. » « Et si c’était à refaire ? » « Je ne regrette rien. On allait dans le mur. Notre but, ce n’était pas de prendre le pouvoir, mais de stopper l’ivoirité. Il fallait absolument y parvenir. » Sur cette période de sa vie, largement couverte par la chape du secret, Guillaume Soro demeure, huit ans après, toujours aussi laconique. On sait qu’elle fut, pour l’ancien leader étudiant, une période fondatrice. On sent qu’il n’en assume pas encore tout à fait les aspects moins dicibles : les morts, les meurtres, les haines, inhérents à toute guerre civile. « En réalité, dit-il, nous n’avons eu que trois ou quatre jours d’affrontements armés avant que le pays s’installe dans la partition. » Le premier cessez-le-feu est conclu le 17 octobre et les accords de Marcoussis sont signés en janvier 2003. « Tout de suite, j’ai compris qu’il fallait négocier. L’exemple à ne pas suivre, pour moi, c’était celui de Savimbi en Angola : le combat de trop. »
Meeting en faveur de l'application des accords de paix à Yopougon, en mars 2008.
© AFP
Guillaume le Premier ministre
« On me donnait à peine trois mois de survie, j’ai tenu plus de trois ans… » Lorsqu’il accède à la primature après les accords de Ouagadougou, le 29 mars 2007, Guillaume Soro est déjà ministre d’État depuis quatre ans. Le décret à peine signé, le voici pourtant saisi d’une sorte de vertige : sera-t-il à la hauteur ? Parviendra-t-il à cohabiter avec un Laurent Gbagbo plein de méfiance ? Pendant trois jours, il ne dort pas ou presque, tenaillé par le doute. Et puis il se jette à l’eau. Il vient juste d’intégrer ses bureaux, sous le regard intimidant de la galerie de portraits des Premiers ministres qui l’ont précédé, d’Alassane Ouattara à Charles Konan Banny, et voici que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale débarquent à Abidjan. On lui accorde six mois pour mettre la Côte d’Ivoire « sous programme » et payer les salaires des fonctionnaires, sinon tout sera bloqué. « Heureusement, dit-il aujourd’hui, j’ai eu en Charles Diby Koffi un excellent ministre des Finances. » Guillaume Soro ne bénéficie d’aucun délai de grâce. Le 29 juin, des soldats perdus de son propre camp, furieux d’une collaboration avec le pouvoir qu’ils assimilent à une trahison, tirent au lance-roquettes sur son avion qui vient d’atterrir à Bouaké. Il y a des morts, et le Premier ministre en réchappe de justesse. « Je m’y attendais, cela faisait partie des risques assumés », explique Soro, pour qui ces premiers mois de primature sous le feu des extrémistes des deux camps furent très difficiles à vivre. À force d’insistance, il obtient du président Gbagbo qu’il écrive au secrétaire général de l’ONU afin que soit constituée une commission d’enquête indépendante sur cet attentat. Réponse de New York : « Nous n’en avons pas les moyens. » Néanmoins, trois ans et demi plus tard, le Premier ministre se dit déterminé à aller jusqu’au bout : « Quand vous avez connu pareil traumatisme, la recherche d’une vérité irréfutable est une évidence. Je ne lâcherai rien… »
Guillaume Soro a alors 35 ans et l’heure n’est pas à la psychothérapie. En ces années 2008 et 2009, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise de gestion de l’État sur fond de sortie électorale introuvable. Émeutes de la faim, crise énergétique, nouvelles émeutes, délestages massifs d’électricité, 6 000 milliards de F CFA (9,1 milliards d’euros) de dette à rembourser, un gouvernement à deux doigts de la chute et cette méchante rumeur selon laquelle l’État d’exception dans lequel s’enfonce le pays arrangerait finalement tout le monde, y compris lui, dont le but serait de s’éterniser à son poste. « Rétrospectivement, c’était stupide, dit-il aujourd’hui. Premier ministre, ce n’est pas un métier, c’est une fonction. Mon intérêt est de produire des résultats, pas de durer. Sauf à vouloir insulter l’avenir. » Tenir, c’est pourtant ce qu’à fait Guillaume Soro pendant plus de trois ans, en améliorant point après point une cote de popularité loin d’être acquise d’avance : 47 % de bonnes opinions selon le dernier sondage TNS/Sofres (octobre 2010), contre 31 % en septembre 2009, avec un taux de confiance personnel de 63 % pour que l’élection présidentielle se tienne dans de bonnes conditions. « Compte tenu de la précarité de notre environnement, ce n’est pas mal », commente-t-il. Le FMI table sur un taux de croissance de 3 % en 2010, et le point d’achèvement de l’Initiative PPTE (pays pauvres très endettés) est à portée de main. « Si l’on m’avait prédit cela en 2007, j’aurais signé tout de suite.
Guillaume, Laurent, Alassane et les autres...
Gbagbo, Ouattara, Bédié : les trois principaux protagonistes du jeu électoral ivoirien disent du bien de Soro, et cela ne l’étonne pas outre mesure : « Je suis sérieux et honnête avec eux. Aucun ne peut dire que je l’ai trahi et aucun ne peut dire qu’il m’a dans la poche. Je me suis toujours comporté comme un arbitre qui n’aurait pas le droit au carton rouge. »
Une position qui, il le reconnaît, ne fut guère aisée à conserver tant les suspicions, parfois, auront été vives. Particulièrement lors de la dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI), puis du gouvernement, à laquelle il était hostile, entre janvier et mars 2010. Guillaume Soro se souvient d’un entretien particulièrement tendu avec le chef de l’État, à deux doigts de la rupture, auquel ce dernier mit brusquement un terme… en l’invitant à déjeuner. Ou de ces discussions orageuses avec les deux chefs de l’opposition, qui commençaient par un « c’est hors de question, ça suffit ! » définitif et s’achevaient, quelques heures plus tard, sur un compromis. « J’ai toujours dit au président Gbagbo : j’ai signé un accord avec vous, je ne vous poignarderai jamais. Mais ne comptez pas sur moi pour vous livrer Bédié et Ouattara. Je dois reconnaître que, dans le fond, il a parfaitement joué le jeu. Sur l’essentiel, à savoir la préparation de l’élection et le désarmement, il m’a laissé carte blanche. »
Le Premier ministre ne s’en cache pas : il doit beaucoup à Blaise Compaoré. À commencer par le « making of » de ce qu’il est devenu. La rébellion ? Soro ne dit mot sur le rôle prêté au chef de l’État burkinabè : inutile de remuer les braises. Sur sa nomination à la primature, par contre, il est beaucoup plus disert. « C’est lui qui nous a amenés à la table des négociations », explique-t-il. Un jour de janvier 2007, Soro est à Bouaké, fief des Forces nouvelles, quand il reçoit un coup de téléphone de Compaoré : « Guillaume, le président Gbagbo m’a envoyé un émissaire, son conseiller spécial Désiré Tagro, pour discuter avec toi. Il faut que tu le rencontres. » Soro : « Ce n’est pas une bonne idée. » Compaoré : « J’insiste, il faut que tu le voies. » Soro : « Je dois d’abord consulter mes camarades. » Peu après, Blaise Compaoré le rappelle : « Tagro est avec moi, je te le passe. » La conversation terminée, Guillaume Soro écrit une lettre au président burkinabè : d’accord pour une négociation et pour le poste de Premier ministre, mais dans le cadre de la résolution 1633 de l’ONU. Nouveau coup de fil de Blaise : « Laurent Gbagbo est OK sur l’approche. » Soro tombe des nues : ses amis et lui s’attendaient à coup sûr à un refus de la part du président ivoirien ! Ainsi naquirent les accords de paix de Ouagadougou…
Depuis, le soutien de Compaoré au jeune Premier ministre, dont il est le mentor beaucoup plus que le Pygmalion, ne s’est jamais démenti. D’où les interrogations, inévitables, sur le degré de dépendance du second par rapport au premier : « Blaise Compaoré à de grandes qualités et je le tiens en grande estime, je n’ai aucun complexe à le dire », répond Soro. « Nous nous respectons, et il ne m’a jamais obligé à agir contre mon gré, ce n’est d’ailleurs pas son style. Par contre, il m’a toujours soutenu. Lors de la crise de la CEI, alors que j’étais guetté par le découragement, il ne cessait de me répéter : “Guillaume, va jusqu’au bout !” » Dont acte. Mais ce qui s’est tissé au fil des épreuves entre les deux hommes ressemble fort à un lien d’amitié, sur lequel Soro entend pouvoir compter, demain, dans sa nouvelle vie.
Le destin de Guillaume
Pour les trois ou quatre mois à venir, son agenda est tout tracé. D’abord, Guillaume Soro ira voter le 31 octobre, puis le 28 novembre en cas de second tour. On se hasarde, sait-on jamais, à poser la question : « Pour qui ? » La réponse fuse : « Vous plaisantez, je suppose. » Le lendemain de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, il remettra sa démission au président élu. Deux scénarios sont dès lors possibles. Soit ce dernier nomme immédiatement un nouveau Premier ministre, soit il décide de reconduire Guillaume Soro jusqu’aux législatives de fin février 2011, ainsi que le stipule une disposition (non contraignante) de l’accord de Ouagadougou. En toute hypothèse, il s’en ira au plus tard en mars prochain. Pour deux raisons. À supposer qu’on lui propose à nouveau le poste, il n’a aucune envie d’affronter les urgences sociales et économiques qui attendent le futur chef du gouvernement, lequel aura de fortes chances d’y laisser des plumes. Et puis, ses projets politiques sont ailleurs. On prête en effet à Guillaume Soro l’intention de se faire élire député chez lui, à Kofiplé, dans le Nord, en pays sénoufo. Lui et une quinzaine de ses proches à travers le pays, afin de former à l’Assemblée un groupe d’indépendants dont il sera le chef, capable de peser, de « faire de la politique » et, peut-être, si les conditions s’y prêtent, de déléguer quelques-uns des siens au gouvernement.
Lui-même se tiendra à l’écart de la mêlée. Après quelques mois de repos sabbatique, Guillaume Soro compte bien réapparaître dans ses habits neufs. Celui d’un homme à peine quadragénaire qui opère un retour sur le terrain et à qui tous les espoirs sont autorisés. « Quand j’entends des gens me prédire un destin de présidentiable, cela me flatte bien sûr. Mais je ne suis pas le seul », dit-il, avant d’ajouter, comme pour sonder son interlocuteur : « Et puis, même si je m’arrêtais maintenant, j’en connais beaucoup qui se contenteraient de mon bilan, vous ne croyez pas ? » Non, on ne croit pas Guillaume Soro quand il assure qu’il n’a jamais rien planifié dans sa vie et qu’« il n’y a pas de raisons pour que ça ne continue pas ainsi ». On l’écoute volontiers, par contre, quand il reconnaît qu’« on n’échappe pas à son destin », et que si ce dernier venait à le rattraper il ne lui « tournera pas le dos. » En 2015 peut-être, en 2020 plus vraisemblablement, il sera candidat à la présidence de la République. Ce n’est pas lui qui le dit, mais rares sont les Ivoiriens qui ne le pensent pas…
La nuit tombe sur Abidjan et les heures se mélangent. Lorsque nous sommes allés lui rendre une première visite dans sa suite du Golfe Hôtel, qui lui sert de domicile bis, un peu avant l’aube, Guillaume Soro travaillait encore, babouches aux pieds. De son bureau de la primature, regagné après une poignée d’heures de sommeil en plein jour, le Premier ministre contemple maintenant le soleil couchant colorer de rose la grisaille du Plateau. Depuis un bon moment, la conversation se poursuit en tête à tête. « J’ai eu la chance, dit-il, d’avoir travaillé avec trois hommes, Gbagbo, Bédié et Ouattara, qui tous assument ou ont eu à assumer de hautes responsabilités d’État. In fine, quand tout allait mal, ils ont toujours fait primer l’intérêt supérieur du pays. C’est pour cela que je crois en cette élection historique. » Puis il se retourne, fixe son interlocuteur et ajoute : « J’ai fondé une rébellion à 29 ans, j’ai été ministre d’État à 30 ans, Premier ministre à 35 ans, et mes amis me disent qu’il ne me reste plus qu’une seule marche à gravir si un jour Dieu et les Ivoiriens le veulent. Mais je ne suis pas pressé. » Il a raison, Guillaume Kigbafori Soro, l’enfant de Kofiplé. Ainsi que l’a écrit son compatriote Ahmadou Kourouma, « la politique, c’est comme la chasse ». Il suffit d’être patient…

30/10/2010 à 19h:32 Par François Soudan, envoyé spécial à Abidjan

Côte d 'Ivoire - Présidentielle : les Ivoiriens votent dimanche

(France2 30/10/2010)

Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens sont appelés aux urnes dimanche pour désigner le président du pays
Maintes fois reporté, le scrutin doit mettre fin à une décennie de crise marquée par un coup d'Etat en 1999 puis aggravée par un putsch manqué en 2002 et une partition du pays.
Il oppose le président sortant Laurent Gbagbo, donné favori, à ses deux principaux rivaux, l'ex président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
Ces trois hommes dominent la vie politique depuis la mort en 1993 du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny.
La France positive mais vigilante
A quelques jours du vote, Paris se veut positif, estimant qu'il n'y a "plus aucun obstacle politique" au scrutin, dont la tenue était une condition posée par la France avant toute normalisation.
"Le danger, c'est que les résultats ne soient pas acceptés par les uns ou les autres. Nous sommes raisonnablement optimistes mais nous resterons vigilants", affirme-t-on dans l'entourage du président Nicolas Sarkozy. A l'avenir, "la Côte d 'Ivoire a vocation à redevenir un partenaire important de la France en Afrique", ajoute-t-on.
Les rapports Paris-Abidjan s'étaient largement dégradés sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007): les partisans du président ivoirien ont reproché à la France de ne pas avoir apporté son aide contre les rebelles en 2002, et l'ont même accusée de soutien au putsch.
Les tensions avaient atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre), des affrontements sanglants entre armée française et manifestants ivoiriens à Abidjan, et le départ de près de 8000 ressortissants français.
Aujourd'hui, la France ne compte plus en Côte d 'Ivoire qu'environ 12.000 ressortissants (contre cinq fois plus dans les années 1980), elle a fermé en juin 2009 sa seule base militaire permanente mais maintient sur place 900 soldats dans le cadre de sa force Licorne, placée sous bannière onusienne. La prochaine étape sera la renégociation de l'accord de défense qui lie les deux Etats depuis 1960.
Obama: "Cette élection constitue une étape cruciale dans la reconstruction de la Côte d 'Ivoire"
Le président des Etats-Unis Barack Obama a exprimé jeudi son attention à l'élection africaine. "Le gouvernement ivoirien, les candidats, leurs partisans et tous les acteurs du jeu politique doivent faire en sorte que cette élection présidentielle maintes fois retardée ait lieu de manière pacifique et transparente", a-t-il déclaré, selon un communiqué de la Maison Blanche.
"Les habitants de Côte d 'Ivoire méritent de bénéficier de bonnes conditions de sécurité, et que leur choix soit accepté par tous les candidats", a encore prévenu le président des Etats-Unis.
"Cette élection constitue une étape cruciale dans la reconstruction de la Côte d'Ivoire. Les Etats-Unis sont solidaires des Ivoiriens au moment où ils se préparent pour des élections démocratiques qu'ils attendent depuis longtemps, et se rapprochent d'une paix et d'une prospérité durables", a conclu le dirigeant américain.
Une élection sous surveillance
A moins d'une semaine du premier scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire depuis dix ans, l'armée et les anciens rebelles n'ont déployé qu'une petite partie des 8000 hommes de leur force mixte pour assurer le bon déroulement du vote, dimanche. "Nous estimons que 8000 hommes sont nécessaires pour assurer la sécurité de cette élection. Je ne peux avancer de chiffre exact, mais nous en avons déployé jusqu'à présent quelque 1.500", a déclaré mercredi aux journalistes le chef d'état-major de l'armée, le général Philippe Mangou.
Outre la force mixte composée de l'armée régulière et d'anciens rebelles, 8.000 casques bleus de l'Onu seront également présents sur le terrain, de même qu'un contingent de quelques centaines de militaires français prêt à réagir en cas de troubles graves.

Par FTV (avec agences)
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Gabon - Des Européens expulsés pour racisme envers des Noirs.Ils maltraitent des Noirs dans des entreprises pétrolières.

(Afrik.com 30/10/2010)
Les autorités gabonaises ont récemment expulsé plusieurs Européens pour racisme contre des Noirs. Il s’agit essentiellement d’expatriés travaillant dans le secteur pétrolier, à Port-Gentil. Selon la presse locale, le phénomène raciste est très perceptible dans la capitale économique du Gabon.
Plusieurs Européens qui travaillent dans le secteur pétrolier à Port-Gentil, capitale économique du Gabon, ont été expulsés fin septembre/début octobre du territoire national pour racisme avéré, rapporte le journal l’Union dans sa livraison de jeudi.
Parmi ces expatriés reconduits aux frontières, le journal cite entre autres, Sharon Lyndah Bayliss, ex-directeur administratif et financier à la compagnie KCA Deutag, récidiviste car ayant déjà écopé d’une expulsion assortie d’une interdiction de séjour au Gabon. « Il se murmure que des complicités dans le milieu du pétrole et au sein des forces nationales de sécurité auraient facilité son retour au Gabon », rapporte le quotidien.
Autre expulsée, madame Corinne Fizz, directeur administratif et financier chez Weatherford , pour "racisme et discrimination à l’endroit des autres employés de la société".
On signale également que Vincent Perez qui exerce à SGSI, compagnie fondée par Perez père, aurait été expulsé pour "propos outrageants envers les autorités".
"Des sous-hommes"
Selon l’Union, le fléau raciste et la ségrégation sont très perceptibles dans la capitale économique du Gabon. "Certains snack-bars et des restaurants, dont les plus célèbres San Lorenzo et le Ranch , sont des milieux où l’entrée d’un Noir est considérée par les autres clients Blancs comme une intrusion", précise le journal.
Ce qui étonne les Gabonais dans cette histoire est que les expatriés, notamment les Européens, mènent une existence tranquille au pays. Ils sont acceptés et personne ne les dérange. "Mais malgré la proclamation de la fin de l’esclavage et de la colonisation, ils continuent à considérer les Noirs comme des sous-hommes" s’est indigné Arsène Sema, jeune gabonais.
Rappelons que lors de la dernière grève lancée par l’organisation nationale des employés du pétrole (Onep), il y a quelques mois, les responsables de cette structure syndicale avaient demandé au gouvernement de faire partir les expatriés des sociétés pétrolières, estimant que bon nombre d’entre eux (Blancs) travaillent dans l’illégalité. Et ce sont eux, selon les employés, qui occupent la plupart des postes à responsabilité.
vendredi 29 octobre 2010 / par Pierre Eric Mbog Batassi
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Voyage en postcolonie : Le nouveau monde franco-africain

(AgoraVox 29/10/2010)
Il convient d’abord de citer cette définition, comme le fait Stephen Smith, à peu près d’après Flaubert et son « Dictionnaire des idées reçues » : « Postcolonies » (nos) : s’en déprendre avant d’en parler.
Or, les français ont du mal à en parler car ils sont loins d’en être dépris. Stephen Smith est lui même fils d’une parisienne et d’un américain ce qui lui permet d’avoir un regard presque objectif sur le sujet qu’il étudie, du moins à la manière de Gulliver parcourant Lilliput ou Brobdignac, raillant les ridicules des uns et l’hypocrisie de certains hommes de pouvoir, s’étonnant de ses découvertes parfois surprenantes. Et cela donne à son livre plus ou moins des allures de « Lettres Persanes » du XXIème siècle.
Il cite à la fin du livre de riches africains qui viennent de lui offrir un repas dignes des meilleures tables pour lui en jeter plein la vue, ce genre de comportement existe également en Afrique, qui lui demandent : « Ah bon, ces gens-là ont aussi des appartements cossus et des voitures de luxe à Paris ? ». Ceci pour dire combien ce livre met de clichés à terre.
Pour eux, les miséreux, ce sont plutôt les parisiens, ces gens qui se baladent en jeans et veste « vintage », en vélos qui ne sont même pas à eux, habitent des appartements minuscules comme des paysans de brousse, et dont les enfants sont promenés sur leurs ventres par les pères qui n’ont même pas honte.
L’auteur se demande dés les premières pages, et cette question reste le fil rouge de l’ouvrage, ce qui reste de la colonisation française dans les anciennes possessions de l’AOF et de l’AEF, s’il y a une haine de l’ancien colonisateur, il semble que si il n’y a pas de rejet de la France et de sa culture, il apparaît qu’il y a effectivement une haine des français, ou plutôt du « français » d’ailleurs. Ceux-ci restent, paradoxalement, des employeurs très courtisés. Enfin, beaucoup de coopérants d’ONG ou d’états travaillant sur ce continent sont des maris potentiels convoités, y compris ceux qui ne disposent que de 200 Euros par mois soit l’indemnité standard de coopération qui équivaut quand même à 50 000 francs CFA, certains prétendant avoir « été quasiment pourchassé par plusieurs Naomi Campbell les seins nus », ce n’est pas un sort dont on les plaindra forcément. L’auteur de ce livre est lui-même sollicité de nombreuses fois, les jeunes personnes le courtisant prenant sa réserve pour de la timidité.
L’auteur du livre se pose également la question fondamentale, quant aux rapports de la France avec l’Afrique, de l’importance de la « Françafrique », un continent de magouilles encore largement inexploré, celles-ci ayant servies à financer la plupart des partis et des hommes politiques au pouvoir depuis plusieurs décennies depuis la dernière guerre mondiale, incarnée par des hommes aussi divers que Jacques Foccart, « conseiller spécial » de De Gaulle à Chirac, tombé en disgrâce depuis, et Claude Guéant, une nouvelle sorte d’éminence grise de la présidence actuelle. C’est certainement la partie la moins avouable de l’histoire de la Vème République, celle qui a permis cependant à la France de survivre plus ou moins comme puissance rayonnante et gardant de l’importance.
Le coq gaulois a encore les deux pieds dans sur le tas de fumier semble-t-il, il s’en fiche. Tant que le citoyen lambda peut encore consommer ou bailler aux corneilles dans les rayons des supermarchés géants.
Parfois l’intérêt supérieur de l’État implique beaucoup d’immoralité et la Raison d’État a ses raisons que la raison ignore.
Il y a en Afrique plus de concessions « Rolls Royce » ou « Mercédès » qu’en Europe, plus de magasins de luxe et de « Hilton ». Là-bas, les riches y sont excessivement riches et les pauvres, comme on le sait, excessivement pauvres. L’Afrique est une terre d’avenir pour l’affairisme le plus immoral, le plus libéral, le plus libertaire.
Les privilégiés sont le plus souvent les profiteurs des nouveaux régimes mis en place il y a une cinquantaine d’années, parfois ce sont les descendants des anciens roitelets au pouvoir avant la colonisation. Ils ont étudié en France, ont un mode de vie ostensiblement occidentalisé, on ne boit pas du vin de palme à table, ce que les populations leurs reprochent : « les blancs nous ont eu en nous faisant oublier nos traditions » entend souvent l’auteur du livre. Nuançons en précisant que les chanceux qui atteignent un niveau de vie leur permettant d’avoir les mêmes habitudes s’empressent de faire de même.
Mais l’exploitation du continent est de toutes façons mise en place avec leur collaboration la plus étroite, mais pas seulement car finalement c’est toute la population qui entretient cette dynamique, du plus haut niveau au plus bas, chacun à sa place essayant de tirer le meilleur parti de la situation, même les simples manœuvres, la réussite sociale passant par l’envoi d’argent à tout le réseau « familial » qui souvent s’étend beaucoup plus loin que la fratrie d’origine ou les parents. On ne peut que constater avec Stephen Smith que le darwinisme social a été parfaitement assimilé. D’Europe, ou d’Amérique, on a souvent la tentation de sombrer dans l’explication misérabiliste, la victimisation ou à l’inverse dans la criminalisation de tout le continent africain vu comme un repère de miséreux prêts à tout pour détrousser le blanc.
L’auteur cherche des réponses et il n’est pas sûr qu’il en trouve forcément, car l’Afrique est un continent complexe. Stephen Smith le traverse en taxi-brousse, en « moto-taxi » brinqueballant et hors d’âge, des vitres fumées d’une limousine de luxe traversant des jungles de buildings de métal et de verre et à pieds au milieu des cases d’un petit village dans lequel il retrouve étrangement l’ambiance des trottoirs de Montmartre au pied de la Butte. Il prend également le train qui est le lieu de l’agora « politique » africaine. Avoir un billet n’est pas très compliqué, si l’on est riche, il suffit de « graisser la patte des policiers » qui surveillent les voyageurs à l’entrée de la gare, dans les wagons et à la descente.
Ceux qui n’ont pas les moyens sont impitoyablement refoulés à coup de crosses et de fouets, comme il le constate. Ils finissent néanmoins par voyager en train en s’accrochant qui à la locomotive, qui aux wagons, voire en s’installant sur les toits des wagons, dés les premiers kilomètres du voyage.
Tout le petit monde entassé dans le train discuter avec Stephen Smith de politique, de la colonisation et des déclarations de Nicolas Sarkozy, parfois on parle « dans la langue » pour que « le blanc qui surveille les bébés », d’une grosse dame à côté de lui, ne comprenne pas. C’est un autre lieu commun qui s’effondre alors, les africains ne sont pas non plus une population misérable à qui l’on impose un tyran, ce sont eux-même qui le choisissent, chacun ayant son champion, dans une conception extrêmement différente de la nôtre du débat politique, le vainqueur devant en imposer par l’argent et des dépenses le plus « tape-à-l’oeil » possibles.
Il se hâtera de récompenser ses proches par des largesses « sardanapalesques » et ses partisans. Personne ne voit vraiment d’objections à ce qu’il prenne le pouvoir par la force brutale et la pire coercition, exerçant son emprise en déplaçant les populations, c’est souvent la cause première des famines ou en décrétant un état d’urgence permanent, ce qui est de plus en plus répandu car les « affaires » sont moins bonnes, le franc CFA ayant été dévalué de moitié depuis une dizaine d’années, la perte d’influence justement de la « Françafrique » dans les prises de décisions.
Dans l’agora, on parle aussi de religions, le christianisme, la plupart du temps dans les pays francophones, mais les croyances qui sont le plus respectées sont celles en la sorcellerie. Et de plus en plus l’évangélisme, très spectaculaire, très affectif, a tendance à supplanter le catholicisme par l’organisation de véritables « sons et lumières » religieux.
Stephen Smith a écrit un excellent ouvrage. A mon sens, le sujet mériterait largement d’être encore développé car au bout du compte il est méconnu, on s’encombre quand on en parle de présupposés la plupart du temps angélistes ou manquant absolument de pertinence, quand on ne sombre pas dans la haine du souchien qui devrait se laisser à un mea culpa quasiment continuel, souvent facile, alors que l’Occident, en général, et la France, en particulier, ne sont pas responsable, faut-il le rappeler, de tous les drames africains.

Les "post-colonies" et la "Françafrique"
Stephen Smith – Grasset
Lien vers un blog africain décrivant la vie quotidienne au Congo sans langue de bois http://www.congoblog.net/
par Amaury Watremez vendredi 29 octobre 2010
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RDC - Frontière maritime Angola-RDC : silence radio

(Le Potentiel 30/10/2010)

La délimitation de la frontière maritime entre la RDC et l’Angola serait-elle sacrifiée sur l’autel des considérations diplomatiques ? En tout cas, la question se pose au regard du silence suspect qui a succédé aux discussions, aussi virulentes que passionnées, ayant eu lieu au sein des parlements congolais, en 2009, et angolais, en mars 2010.
Le gouvernement de la RDC a-t-il formellement déposé sa demande pour l’extension de son plateau continental auprès de l’Organisation des Nations unies ?
Le pays peut-il désormais jouir de la Convention des Nations Unies sur les droits de la mer de 1982, dite Convention de Montego Bay, qui lui donne le droit d’étendre ses frontières maritimes de 40 à 200 km dans l’océan Atlantique et capter, en conséquence, l’abondante manne pétrolière dont jouit l’Angola voisine ?
Luanda, qui n’est pas prête à se laisser enlever le bifteck de la bouche, a-t-elle proposé une alternative crédible à Kinshasa pour mettre fin au litige naissant, en vue d’éviter d’en faire un jour l’objet d’un conflit meurtrier entre les deux pays ?
Beaucoup d’interrogations se bousculent dans la tête des citoyens. Il ne se trouve personne hélas ! pour les aiguiller dans un sens ou dans un autre. Ainsi apparaissent sous les projecteurs les lacunes de la communication du gouvernement de la RDC.
Il n’empêche que, ne pouvant contrôler le flux informationnel sur la Toile, le gouvernement se laisse prendre à son propre jeu. Démonstration : une dépêche d’African Mining Intelligence jette un pavé dans la mare.
NE PAS FACHER L’ANGOLA ?
Dans sa dernière édition en ligne, il dévoile que « le Congo-Kinshasa n’a toujours pas déposé de demande définitive pour l’extension de son plateau continental auprès des Nations unies ». Motif plausible, selon la revue : le gouvernement se montre « soucieux de ne pas fâcher l’Angola ».
« Ne pas fâcher l’Angola » ! Parlons-en. Jusqu’où s’étendent les limites des eaux territoriales de la RDC ? Avant l’adoption au Parlement, en 2009, de la loi sur la délimitation des frontières terrestres et maritimes de la RDC, Kinshasa se conformait à la Convention de Genève de 1958 tombée en désuétude. Et limitait l’étendue de sa frontière maritime.
Grâce à la Convention de Montego Bay, la nouvelle loi internationale donne droit à tout Etat ayant une zone côtière l’accès à 200 km au large des eaux faisant partie de sa zone territoriale. Au-delà de cette limite, ce sont les eaux internationales.
Ainsi, en vertu de cette convention, la RDC se retrouve dans le droit d’ouvrir une zone ou un corridor d’au moins 20 km de large entre l’enclave de Cabinda et l’Angola et 200 km de long. Soit une zone de 4.000 km², dans laquelle toute production découlant des découvertes de pétrole, présentes et futures, est partagée entre la RDC et ses contractants.
Ça, c’est sur le papier. Car, en réalité, c’est l’Angola qui a eu, longtemps, la présence d’esprit d’exploiter cette zone. Plus ou moins 500 000 barils/jour. Au point de devenir l’un des majeurs producteurs de l’or noir en Afrique. Ce qui justifie son visa d’admission au sein de l’OPEP, organisation des pays producteurs de pétrole.
DEVOIR DE TRANSPARENCE
Des informations diffusées l’année dernière ont réveillé le Parlement de la RDC. Ainsi que le gouvernement de la République. La problématique de la délimitation de la frontière maritime a tenu l’opinion en haleine pendant des semaines.
C’est ainsi que l’on en est arrivé à constituer des commissions, auxquelles ont été confiées des missions précises. Dont celle, notamment, de déposer la requête congolaise aux Nations unies aux fins de la délimitation de la frontière maritime angolo-congolaise.
La réaction de Luanda n’a pas tardé. Le 24 mars 2010, l’Assemblée nationale de l’Angola a approuvé à l’unanimité la résolution autorisant le gouvernement angolais à négocier avec celui de la RDC l’établissement d’un accord de délimitation des frontières maritimes nord.
Toutefois, l’Assemblée nationale angolaise recommande que « les bases de négociation doivent respecter strictement les accords signés entre le Portugal et la Belgique » au début de la colonisation. Ces accords détermineront alors les points de départ pour la délimitation des frontières maritimes.
La situation est on ne peut plus confuse. Kinshasa et Luanda se sont-elles payé la tête de leurs parlements respectifs pour négocier en cachette ? Une chose est, cependant, sûre : elles n’ont pas été à la Cour internationale de La Haye. On ne les a pas non plus remarquées à New York. Mais alors, quand et où ont-elles convenu de mettre fin à ce qui n’est encore qu’un litige ?
Leur silence de carpe équivaudrait-il à un compromis ? A un arrangement à l’amiable ? Dans l’affirmative, ce qui est hautement souhaitable, qu’ils veuillent dire un mot aux peuples. Par devoir de transparence. Affaire à suivre.
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La Côte d'Ivoire retient son souffle avant une élection à hauts risques / Les jeux et les enjeux des élections

(L'Express 30/10/2010)

ABIDJAN - La Côte d'Ivoire retient samedi son souffle à la veille d'une élection présidentielle à hauts risques qui doit clore une décennie de crise politico-militaire après six reports depuis 2005.
"Le jour de vérité", titrent en "Une" des quotidiens locaux.
Quelque 5,7 millions d'électeurs devront départager 14 candidats, dont les trois ténors de la politique ivoirienne, pour la première fois opposés: le président sortant Laurent Gbagbo (65 ans), l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié (76 ans) et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara (68 ans).
Le scrutin est censé mettre fin à la crise née du putsch manqué de 2002, qui a entraîné une guerre et coupé le pays en un sud loyaliste et un nord tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) de Guillaume Soro, Premier ministre depuis l'accord de paix de 2007.
Alors que des retards dans les préparatifs ont jusque récemment fait planer le doute, la Commission électorale indépendante (CEI) tâchait samedi de parachever l'organisation du jour "J".
La distribution des cartes d'identité et d'électeur s'est accélérée ces derniers jours et doit se poursuivre dimanche dans les bureaux de vote.
L'acheminement du matériel électoral (bulletins, urnes, isoloirs) est monté en puissance au cours des dernières heures et devait continuer jusqu'à dimanche matin.
Les bureaux de vote seront ouverts de 07H00 à 17H00 (locales et GMT).
Vu l'importance de l'enjeu et les passions toujours vivaces, l'élection suscite à l'intérieur comme à l'extérieur "une grande inquiétude", selon l'expression d'un proche de M. Soro.
Si la campagne électorale, close vendredi dans la liesse à Abidjan par MM. Gbagbo et Ouattara, chacun de son coté, n'a pas été émaillée d'incidents majeurs, certains s'attendent à quelques accrocs lors du scrutin.
Mais c'est surtout la période qui suivra, jusqu'à l'annonce des résultats, qui alimente les craintes. Chaque camp s'est déjà dit certain de sa victoire.
La CEI a trois jours pour proclamer les résultats provisoires mais elle a pour "ambition" de les "donner dans la journée de lundi", indique à l'AFP l'un de ses vice-présidents, Amadou Soumahoro.
A la CEI comme dans l'équipe du Premier ministre, on estime qu'il faut annoncer au plus vite les résultats pour ne pas laisser un camp ou un autre proclamer, sur la base de ses propres comptages, sa "victoire" ou sa qualification pour le second tour (théoriquement prévu deux semaines plus tard).
Dans un entretien au Journal du dimanche, Laurent Gbagbo dit craindre des "violences" liées au scrutin. Elles "viendront de ceux qui perdront, affirme-t-il. Et comme ce n'est pas moi qui vais perdre..."
La sécurisation de l'élection est confiée à un état-major mixte loyaliste/FN, mais il ne pourra déployer les 8.000 éléments prévus, selon des sources concordantes.
Il devrait être aidé par les FN au nord et par la police et la gendarmerie au sud. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci, plus de 7.000 hommes) et la force française Licorne (900 hommes) apporteront leur appui.
Signe des tensions à l'approche du vote, la décision des autorités de suspendre de dimanche à mardi la diffusion des SMS a été vivement dénoncée par l'opposition. "Présage d'une volonté manifeste" du camp Gbagbo de "manipuler les résultats", a-t-elle accusé.
Le représentant de l'ONU en Côte d'Ivoire, Youn-jin Choi, s'est engagé cette semaine à "prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder le verdict des urnes".
La France, ex-puissance coloniale, s'est dite "vigilante" et le président américain Barack Obama a appelé à la tenue d'une élection "pacifique".
Les jeux et les enjeux des élections en Côte d'Ivoire
Le scrutin présidentiel attendu depuis cinq ans doit avoir lieu ce dimanche. Revue de détail des inconnues de l'équation électorale ivoirienne.
L'enjeu de ce scrutin souvent reporté tient en une alternative d'une inquiétante simplicité. Ou la Côte d'Ivoire solde dans l'isoloir le conflit meurtrier déclenché, en septembre 2002, par le coup d'Etat avorté de la rébellion nordiste. Ou le "pays des éléphants" ravive ainsi, sur l'échiquier institutionnel ou dans la rue, les braises d'une crise dont l'accord de Ouagadougou, en mars 2007, a balisé l'issue sans en neutraliser les germes.
Comme dans la Guinée voisine, le dénouement dépendra de la crédibilité et de la transparence du processus électoral, mais aussi de l'aptitude des figures de proue de la flottille politique ivoirienne - le sortant Laurent Gbagbo, l'ancien président Henri Konan Bédié, ou HKB, et l'ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, alias ADO, tous trois candidats - à accepter le verdict des urnes et, pour les vaincus, à canaliser la rancoeur de leurs partisans. Relatives à la méthode de comptage, informatisé ou manuel, des suffrages, les empoignades qui enfiévraient encore à J-8 la Commission électorale indépendante (CEI) trahissent l'intense suspicion qui règne entre les clans rivaux. Car l'adversaire est par essence un fraudeur...
Les reports successifs de l'échéance présidentielle, différée à six reprises depuis octobre 2005, terme du mandat de Gbagbo, ont brouillé les codes démocratiques et perverti un débat empoisonné par la tentation populiste et le calcul ethno-régional. On l'aura compris: le feu couve encore sous la cendre. Est-il possible, à l'heure des trois coups, de décrypter toutes les inconnues de l'équation électorale? Pas sûr. Mais au moins peut-on, en cinq mots-clefs, les passer en revue.
Sondages. Conduites au long de l'année écoulée, une dizaine d'enquêtes d'opinion supervisées pour la plupart par l'institut français TNS Sofres promettent à Laurent Gbagbo une avance confortable au premier tour et une victoire aisée en cas de ballottage. Deux réserves toutefois. D'abord, ces sondages ont été commandés par l'équipe du "président-candidat", lequel leur accorde au demeurant un crédit tout relatif. Ensuite, les marges d'erreur, compte tenu de la méthodologie de l'échantillonnage et de l'inexpérience du partenaire local de TNS Sofres, avoisinent de l'aveu d'un expert les 15%.
Campagne. Jets privés, hélicoptères, cortèges de 4 x 4 flambant neufs, affiches géantes, tee-shirts à foison, public acheminé par des norias d'autocars: la débauche de moyens déployés par le trio de tête laisse pantois. Avantage là encore au sortant, qui ne rechigne pas - travers observé sous toutes les latitudes - à puiser dans les "moyens de l'Etat". Il arrive ainsi à sa première épouse, Simone, de rallier le site d'un meeting à bord d'un hélico de l'armée.
Autre indice de l'ampleur des investissements: la présence auprès des trois favoris de cadors de la communication politique. Pour "Laurent", Euro RSCG, dont le coprésident exécutif Stéphane Fouks, par ailleurs directeur général chez Havas, et le directeur associé, Marcel Gross, familier du pays, animent en personne la stratégie. Côté Bédié, c'est l'américain McCann-Erickson qui a raflé la mise. Ouattara, quant à lui, s'en remet à sa conseillère Patricia Balme et à l'agence Voodoo.
Gageons que les concepts et slogans retenus ne vaudront pas à nos "sorciers blancs" l'oscar de l'emballage électoral. Même si la thématique Gbagbo - "l'homme de la situation" - semble la plus percutante: "La paix est gagnée. Maintenant le développement. En avant." Formule plus policée que le leitmotiv distillé depuis des mois par ses fidèles: "On gagne ou on gagne." Henri Konan Bédié s'engage pour sa part à mettre son expérience "au service de la jeunesse". Tandis qu'Alassane Ouattara décline chiffres à l'appui ses "ADO-Solutions" sur fond de scènes de la vie quotidienne - école, hôpital, marché - qui fleurent bon le studio photo.
Ethnies. Pour l'emporter, chacun des trois principaux prétendants se doit de glaner des voix très au-delà de sa "clientèle identitaire". A savoir les électorats bété pour Gbagbo, baoulé pour HKB et dioula pour ADO. Propices aux brassages, l'urbanisation et les migrations internes ont quelque peu dilué le facteur communautaire. Tel est le cas notamment à Abidjan, capitale économique cosmopolite, qui abrite environ 30% des inscrits. Il n'empêche : à l'approche du jour J flottaient de nouveau dans les éditos des journaux militants les relents délétères de l'"ivoirité", cette idéologie du purisme racial apparue sous Konan Bédié.
Chantiers. Bien ou mal élu, le vainqueur héritera d'une tâche titanesque. Adossée à un potentiel fabuleux - café, cacao, mines, pétrole - et gâtée par la géographie, comme l'atteste l'essor des ports d'Abidjan et de San Pedro, débouchés maritimes des pays enclavés voisins, la Côte d'Ivoire a certes mieux résisté que prévu aux ravages du conflit Nord-Sud. Reste que la corruption et le clientélisme ont prospéré durant la décennie de plomb amorcé à l'orée du millénaire. Il reviendra donc au vainqueur de "dépolitiser" l'économie. Et plus encore de réunifier une nation coupée en deux. Si elle s'estompe sur les cartes, la ligne de fracture demeure ancrée dans les têtes et dans les coeurs.
France. La visite en terre ivoirienne, les 2 et 3 octobre, de Claude Guéant, le très influent secrétaire général de l'Elysée, marque pour le moins une inflexion. Soigneusement chorégraphié, afin de ne pas apparaître comme une reddition face au patriotisme ombrageux de Laurent Gbagbo, ce séjour a d'ailleurs suscité à Paris doutes et débats. "La publication de la liste électorale définitive et l'annonce d'une date supposée ferme ont emporté la décision, précise un diplomate de haut rang. Attendre la tenue du scrutin pour y aller aurait entretenu le malaise." Et quel malaise...
Voilà peu, en petit comité, Nicolas Sarkozy stigmatisait volontiers la "duplicité" de son homologue ivoirien, "qui nous balade depuis des années". Au fond, le voyage de Guéant obéit à la même logique que le dégel engagé avec le Rwanda de Paul Kagame: dès lors que le choix stratégique de la normalisation a été fait, on en paye le prix. Quitte, peut-être, à passer par pertes et profits des contentieux aussi brûlants que la disparition, en 2004, du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, ou le bombardement, le 6 novembre de la même année, du camp français de Bouaké (neuf morts parmi les soldats du dispositif Licorne).
Si, sur les estrades, Gbagbo fait volontiers vibrer la corde anticolonialiste, donc francophobe, il a toujours veillé, à l'heure d'attribuer les marchés publics, à ménager les intérêts des partenaires hexagonaux. A commencer par ceux réputés proches de "Sarko", tels Vincent Bolloré et Martin Bouygues.
Le répétera-t-on jamais assez? "Laurent" et la France écrivent depuis des lustres non la chronique d'une haine ordinaire, mais l'histoire d'un dépit amoureux.

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Kenya -La commission anti-corruption cible quatre ministres dans une nouvelle purge (PAPIER GENERAL)

(Xinhuanet 30/10/2010)

NAIROBI -- La Commission kenyane de lutte contre la corruption (KACC) a annoncé vendredi qu'elle enquêtait sur quatre ministres et 45 hauts responsables gouvernementaux pour des actes présumés de corruption dans une nouvelle guerre contre le mal dans le pays.
Le directeur de KACC, Patrick Lumumba, a confié à des journalistes à Nairobi qu'ils sont en train de resserrer l'étau autour de hauts responsables et que ces derniers feraient face à la vigueur de la loi.
"Nous enquêtons sur de très hauts responsables publics dont nous ne pouvons pas révéler les noms à ce niveau, mais nous le ferons avec le temps", a expliqué le Dr. Lumumba.
"Nous enquêtons sur pas moins de quatre ministres et pas moins de 45 hauts responsables de parapubliques", a-t-il déclaré à des journalistes à Nairobi. Il a indiqué que les officiels travaillent actuellement très tard dans la nuit pour s'assurer que les coupables répondent de leurs actes devant la justice. M. Lumumba a, toutefois, refusé de donner les noms de ceux qui font l'objet d'enquêtes, préférant dire qu'ils seront connus "avec le temps et que ce temps arrivera peut-être bientôt".
"Nous cherchons à conclure les enquêtes", a indiqué le Professeur Lumumba. La mesure survient après la double démission forcée du ministre des Affaires étrangères Moses Wetangula et son Secrétaire permanent Thuita Mwangi suite à une enquête parlementaire menée par la Commission sur la défense et les relations étrangères sur l'acquisition et la vente des ambassades kenyanes au Japon, au Nigeria, en Belgique et au Pakistan.
La commission de lutte contre la corruption a écrit aux gouvernements américain, britannique et suisse dans l'optique d'arriver à la racine des affaires, dans lesquelles le Kenya a perdu des milliards dans des contrats louches, des livraisons fictives et du vol pur et simple.
Le développement survient aussi alors que le ministre de l'Energie Kiraitu Murungi a accusé le parlement de diffamer injustement les ministres d'implication présumée dans la corruption sans établir d'abord qu'ils sont coupables ou non.
La semaine dernière, William Ruto, ministre de l'Enseignement supérieur, a été suspendu du cabinet suite à l'arrêt d'un tribunal selon lequel il devrait répondre devant la justice pour vente illégale de la forêt.
Les analystes estiment que la nouvelle constitution promulguée en août a rendu la tâche facile aux autorités kenyanes pour lutter contre la corruption accusée de ralentir la croissance économique de la nation d'Afrique de l'Est. Le départ de quatre importantes figures politiques, y compris deux ministres, en l'espace de dix jours pour corruption présumée, est une événement exceptionnel.
La toute récente purge est directement liée à la nouvelle constitution, entrée en vigueur en août, qui demande aux responsables publics accusés de corruption doivent quitter leurs fonctions. Toutefois, les analystes affirment qu'il reste encore beaucoup à faire. La nation d'Afrique de l'Est reste encore l'une des nations les plus corrompues dans le monde. Le Kenya a été classé 154ème pays sur 178 en termes de corruption par l'ONG Transparency International.

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Côte d'Ivoire -[INTERVIEW] Gbagbo va-t-il respecter les résultats de la présidentielle ?

(Le Nouvel Observateur 30/10/2010)

"Il y a de quoi avoir des doutes", confie Patrick Achi, ancien ministre des Infrastructures économiques et coordinateur de campagne du Parti démocrate de Côte d'Ivoire à Abidjan. Il raconte à Nouvelobs.com l'élection vue de l'opposition.
Patrick Achi, coordinateur de la campagne du Parti démocrate de Côte d'Ivoire à Yopougon, commune d'Abidjan réunissant un tiers des électeurs ivoiriens, défend le programme d'Henri Konan Bédié. Avant le grand jour, il décrit les suspicions de l'opposition sur la régularité d'une élection très attendue. Entre la détresse de la population ivoirienne et l'espoir d'un retour à la démocratie, plane la menace d'une violente révolte sociale avec, en lame de fond, le débat sur l'Ivoirité, qui n'en finit pas de diviser.
L'élection peut-elle se dérouler de façon régulière en Côte d'Ivoire ?
- Plusieurs facteurs le laissent espérer. Premièrement, la fiabilité du fichier électoral. Etabli après 8 années de discussions, il a été construit de façon consensuelle par l'ensemble des acteurs politiques et signé par les trois principaux candidats à l'élection présidentielle. De plus, l'organisation des élections a été confiée à un organe indépendant, la Commission électorale indépendante, qui a notamment pour mission de proclamer les résultats. Mais ce qui sera déterminant, c'est la sécurité le jour du scrutin, afin que tous les électeurs puissent aller voter librement.
Quelles sont vos craintes ?
- Ces derniers jours, il y a eu de nombreux débats au sujet du logiciel qui gère le décompte des voix. C'est une "boîte noire" dont la fiabilité est discutée, car sa conception a été confiée par le président à une filiale (Sils Technology, N.D.L.R) du Bureau national des études et de développement (BNETD). Or, cette entreprise publique a décroché cette mission via un contrat de gré à gré, sans appel d'offre. Et elle est dirigée par un proche de Laurent Gbagbo. D'où la suspicion sur ce logiciel. Un compromis a été négocié : d'autres logiciels de comptage vont être utilisés en parallèle, et le comptage manuel sera aussi pris en compte, mais à titre de comparaison, afin que les résultats puissent être rendus publics dès le soir même grâce à l'informatique. Pour éviter la contestation, il vaut mieux révéler rapidement les résultats.
N'avez-vous pas peur que les candidats revendiquent des résultats divergents, issus des différentes méthodes de comptage ?
- C'est une préoccupation. Mais nous n'avons pas voulu ajouter une nouvelle polémique à quelques jours d'une élection attendue depuis si longtemps, en donnant prétexte à un nouveau report.
Comment expliquez-vous ces reports ?
- Des manœuvres. En repoussant l'élection, le parti au pouvoir à gagné du temps. Il n'y avait pas besoin de 5 ans pour préparer cette élection. Après les accords de Marcoussis, en 2003, 2 ans auraient suffi.
Qu'est-ce qui permet l'organisation de cette élection aujourd'hui ?
- Le pays traverse une crise humanitaire, la population souffre de la crise économique. La menace d'une explosion sociale met la pression sur le pouvoir en place.
Que propose le PDCI ?
- Réhabiliter la Côte d'Ivoire. Les écoles, les hôpitaux, les routes. Reconstruire l'économie. En dix ans, la Côte d'Ivoire a perdu la moitié de ses emplois. Il faut également reconstruire une armée digne de ce nom, républicaine. De telles réformes auront des conséquences sur les libertés individuelles, sur la justice, sur la société. Pendant les cinq prochaines années, c'est avant tout la reconstruction du pays qui doit être entreprise.
En quoi votre programme diffère de celui de Laurent Gbagbo ?
- C'est avant tout une affaire d'hommes. Tout le monde peut faire un programme de reconstruction comme le fait M. Gbagbo. Mais lorsque le PDCI propose, par exemple, une couverture sociale universelle, elle met au point un programme réaliste, en prenant en compte ce que l'on peut réellement faire avec les moyens dont dispose le pays. Nous proposons des hommes qui sont capables de réaliser un programme.
Vous pensez que le programme de Laurent Gbagbo n'est pas réaliste ?
- Il est facile de faire un programme ambitieux. Mais le parti du président est composé d'enseignants, de syndicalistes, qui se sont retrouvés au pouvoir sans y être préparés. On voit dans quel état est le pays. Laurent Gbagbo a créé le LMP, le parti de la majorité présidentielle, laissant croire à l'arrivée d'une nouvelle équipe, mais c'est une coquille vide. Sur les affiches de campagne, on ne voit pas le lien avec les dirigeants actuels, car le pouvoir est sujet à la désaffection du peuple.
Pensez-vous que Laurent Gbagbo va respecter les résultats ?
- Eh bien, quand il déclare à Jeune Afrique "J'y suis, j'y reste", il y a de quoi avoir des doutes. Mais nous l'espérons.
Et vous ?
- De notre côté, nous avons mis en place une plateforme commune avec le RDR, l'UDPCI et le NFA. Tous les quatre, nous avons signé un accord sur un programme commun de gouvernement, pour permettre la reconstruction du pays. Si l'un des candidats se retrouve au second tour, les autres partis se sont engagés à le soutenir.
Est-il envisageable pour l'un des candidats d'opposition d'intégrer un gouvernement Gbagbo ?
- Le problème, c'est que Laurent Gbagbo s'est souvent plaint du fait qu'il était obligé de travailler avec des personnes qui ne sont pas de son camp, se servant de cette excuse pour expliquer ses échecs. Il a de grandes difficultés à travailler avec des personnes qui ne sont pas de son bord. Et rien ne nous dit qu'il sera au second tour.
Le président a récemment sous-entendu que ses opposants étaient les candidats de la France. Qu'en pensez-vous ?
- Des slogans nationalistes visant à redorer son image auprès des jeunes. En Côte d'Ivoire, plus de 50% des électeurs ont moins de 35 ans. A Abidjan, 75% ont moins de 40 ans. Laurent Gbagbo utilise ici un subterfuge. Même les opérateurs français vous diront qu'ils n'ont jamais autant tiré profit de la Côte d'Ivoire que sous Gbagbo. D'ailleurs Laurent Gbagbo a reçu Jack Lang dans un meeting de campagne. Le seul soutien qu'il reçoit vient d'un Français ! Mais selon nous, critiquer les puissances étrangères, notamment la France, ce n'est pas très sain. Cela peut permettre une victoire, mais pas sans laisser de traces.
Quelle est l'attitude du PDCI vis-à-vis de la France ?
- Nous sommes aujourd'hui dans un monde globalisé, dans une économie de partenariats. Nous considérons qu'il faut avoir un discours courageux. Nous ne voulons pas soutenir des thèses dangereuses pour la nation. La Côte d'Ivoire est une terre d'accueil depuis toujours. Il y a un combat mais c'est celui de la matière grise, nous ne nous reconnaissons pas dans la violence. Et nous avons le courage de le dire.
Est-ce que cette élection règle enfin la question de l'Ivoirité ?
- Non. C'est une question de société, qui a été travestie par les politiques. La Côte d'Ivoire est une terre d'immigration. Mais l'intégration des frères venus des pays voisins ne s'est pas faite de façon automatique. Ainsi, lors de l'émergence du pluripartisme, des dirigeants politiques sont allés pêcher auprès de leurs ethnies en utilisant ce débat dans un contexte de crise économique lié à la chute des cours du cacao. Il est toujours plus facile de rendre responsable les étrangers des maux rencontrés par notre propre société. Les passions liées à une élection sont un terrain propice pour concentrer l'opinion sur les questions liées à l'immigration. Cela a créé un fossé avec la sous-région, et avec la France. Aujourd'hui, avec les nouveaux fichiers électoraux, ce n'est qu'une partie du problème qui est réglée. Le vainqueur de l'élection a un énorme travail à faire pour reconstruire le tissu social, qui depuis longtemps s'est déchiré.
Est-ce que la parole est libre en Côte d'Ivoire ?
- Oui, absolument. Le problème, c'est l'accès aux médias, qui est réservé en priorité au pouvoir en place. Nous aurions dû tirer au sort le jour de passage à l'antenne des candidats. Au lieu de quoi Laurent Gbagbo passe le dernier, juste avant le vote. Mais c'est un candidat comme les autres. Pourquoi s'octroie-t-il ce droit ? C'est justement ce que son camp critiquait lorsqu'il était dans l'opposition. On voit aujourd'hui que ce ne sont que des ambitieux du pouvoir, pas des combattants de la liberté.
Interview par téléphone de Patrick Achi par Donald Hebert – Nouvelobs.com

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Togo « malversations » sur plus de 270 millions FCFA dans un programme de santé

(Ouestaf 30/10/2010)

Ouestafnews – Les autorités togolaises ont décelé des cas de malversations financières « provisoirement » chiffrés à 277 millions de FCFA dans la gestion des produits antipaludiques fournis au pays par le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Communément appelé Fonds mondial, ce programme international vise à « accroître considérablement les ressources pour lutter contre trois des maladies les plus dévastatrices du monde, et pour diriger ces ressources vers les régions les plus nécessiteuses », selon le site web officiel du Fonds.
Les pays africains figurent parmi les principaux bénéficiaires de ce Fonds.
« Un contrôle interne intervenu courant août 2010 a permis de constater des malversations consécutives à l’émission des bons de commandes irréguliers et au détournement de stocks débuté depuis le mois de janvier de l’année en cours », indique le gouvernement togolais dans un communiqué parvenu à Ouestafnews.
L’estimation du montant à 277 millions de FCFA est contenu dans un rapport préliminaire qui a aussi permis l’identification de cinq responsables au sein de la centrale d’achat des médicaments essentiels et génériques (Cameg) du Togo, selon les autorités.
La Cameg a pour rôle d’acquérir au meilleur prix des médicaments génériques et des consommables médicaux, qu’elle cède ensuite à un « prix social » aux structures sanitaires du pays.
Le gouvernement, qui promet de poursuivre les enquêtes, a lancé un appel à tous les départements ministériels afin qu’ils s’impliquent dans la lutte pour « l’éradication de ces pratiques frauduleuses qui ternissent l’image du pays ».
Outre les malversations dans le programme de santé, le gouvernement togolais a aussi des cas de fraudes sur les passeports et pièces d’identité, impliquant des « agents de l’administration » accusés de contrefaçon de documents officiels.
Certains des ses agents « ont été interpellés » au cours de ce mois d’octobre (2010), selon le gouvernement.

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R.D.C -Démenti sur l'implication des militaires dans l'exploitation illégale des minerai

(Xinhuanet 30/10/2010)

KINSHASA -- Le commandant de la 9ème région militaire, le général de brigade Jean-Claude Kifua Kambili, dément les allégations contenues dans un rapport de l'Union Européenne (UE) impliquant des éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) dans l'exploitation illégale des minerais dans certaine contrée de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Pour le général Kifua qui s'exprimait vendredi devant la presse, les éléments des groupes armés locaux Maï Maï, réfractaires au processus de brassage, et quelques Congolais de la contrée qui exploitaient illégalement les minerais notamment dans le territoire de Bafwasende, dans la province Orientale (Nord-est de la RDC), ne se sont plus fait signalés depuis qu'ils ont été nommés à la tête de la 9ème région militaire.
Le rapport de l'UE, qui sera publié la semaine prochaine à Anvers, en Belgique, accuse les FARDC et les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) d'exploiter illégalement les ressources minières dans quelques contrées de l'Est de la RDC et certains hommes influents du pays d'en tirer profit.
Selon Steven Spittaels, l'auteur de ce rapport, ces activités illégales se déroulent notamment dans la province Orientale, au Nord Katanga et au Maniema.
Dans la province Orientale, l'exploitation illégale des minerais est plus visible dans le territoire de Bafasende, a-t-il précisé.

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Cameroun -Des dizaines de dénonciations reçues au quotidien par la Commission anti-corruption, selon un responsable

(Afriscoop 30/10/2010)

Créée en 2006 sous l’autorité du président de la République, la Commission anti-corruption du Cameroun (CONAC) a validé le 21 octobre à Yaoundé sa Stratégie nationale de lutte contre la corruption, qui sera opérationnelle dès janvier 2011, selon le secrétaire exécutif de la CONAC, Alfred Etom.
Avec pour mission de contribuer à éradiquer une sorte de cancer social qui vaut à ce pays d’Afrique centrale d’être classé parmi les plus corrompus du monde, la CONAC déclare recevoir au quotidien des dizaines de dénonciations et avoir transmis une série de dossiers examinés en justice, a annoncé dans un entretien accordé à l’agence Xinhua le secrétaire exécutif, Alfred Etom.
Question : Que peut la CONAC pour lutter véritablement contre la corruption au Cameroun qui est devenue une sorte de cancer social ?
Réponse : Il faut déjà dire que la CONAC, c’est l’émanation de la volonté politique des autorités camerounaises de lutter contre la corruption. Elle peut beaucoup de choses. Si nous n’avons pas fait beaucoup de bruits depuis quelque temps, c’est parce que, un, nous sommes jeunes ; deux, nous sommes en train de nous mettre en place. Mais depuis que nous sommes devenus opérationnels, beaucoup d’actions sont en train de se réaliser maintenant sur le terrain. Et nous pensons que pour ce qui est des sanctions, parce que c’est ça qui intéresse les gens, nous venons de valider la Stratégie nationale de lutte contre la corruption.
Q : Que préconise-t-elle grosso modo ?
R : La Stratégie a trois objectifs principaux. C’est mobiliser tous les Camerounais pour qu’ils s’engagent dans cette lutte contre la corruption, les faire véritablement participer à ce combat. La CONAC à elle seule ne peut pas éradiquer la corruption au Cameroun. Il faut que chaque Camerounais s’engage, qu’il devienne le gendarme de sa fortune. Ce qu’il doit savoir, c’est que l’argent qui est détourné, c’est son argent à lui. Donc, il ne doit plus se laisser priver de cet argent-là. Et il faut qu’il réagisse, qu’il se révolte, qu’il dise non aux corrupteurs, non aux corrompus, non à la corruption.
Q : Quelles sont les principales actions menées cette année, s’agissant notamment des requêtes examinées et des dossiers transmis à la justice ?
R : Je voudrais tout d’abord signaler que la CONAC reçoit au quotidien des dizaines de dénonciations et elle procède aux saisies des dossiers. Par exemple, lorsque dans un journal quelconque on accuse que des projets sont mal gérés dans une zone, la CONAC se saisit. Nous avons engagé de vastes enquêtes sur les chantiers des projets routiers, miniers et beaucoup d’autres.
Q : Combien de dossiers déjà examinés dans ces domaines ?
R : Beaucoup, je peux vous dire que c’est des dizaines de dossiers, parce que toutes nos équipes sont en permanence sur le terrain pour enquêter. Nous avons véritablement pris notre vitesse de croisière.
Q : Qu’en est-il de l’affaire des 45 responsables du ministère de l’Agriculture et de Développement rural accusés de détournements de fonds dans le projet maïs ?
R : Permettez que je fasse très peu de commentaires là-dessus. Vous savez qu’en amont il y a la CONAC et d’autres institutions de lutte contre la corruption et en aval il y a les dénonciateurs. Nous avons fait notre travail, nous avons envoyé le dossier à la justice et maintenant, selon les dernières nouvelles que nous avons, effectivement la justice a pris en charge le dossier et je crois que d’ici quelque temps il y aura des informations précises sur ce dossier-là. Je vous le précise, le président de la CONAC l’a dit : il suivra ce dossier jusqu’à son aboutissement.
Q : En dehors de ce dossier-là, y en a-t-il d’autres qui ont été transmis à la justice ? Si oui, combien ?
R : Je peux vous dire que ce n’est pas le seul dossier que nous avons transmis à la justice. Nous avons transmis beaucoup d’autres dossiers à la justice. Vous savez, parfois la justice a besoin d’un peu de temps, parce qu’ils recoupent d’autres informations. Permettez qu’aujourd’hui je ne vous révèle pas les dossiers qui sont à la justice.
Par Raphaël MVOGO

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