(Liberation 26/06/2012)
Michel Gbagbo, fils de l'ancien président ivoirien, dépose plainte à Paris et se constitue partie civile, dénonçant les conditions de son arrestation en avril 2011 à Abidjan.
Le fils de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, détenu en Côte d’Ivoire, a déposé plainte lundi via son avocate à Paris, avec constitution de partie civile pour «enlèvement, séquestration, traitements inhumains et dégradants», a-t-on appris de sources concordantes.
Michel Gbagbo, 42 ans, qui possède aussi la nationalité française, avait été arrêté avec son père le 11 avril à Abidjan, après plus de quatre mois de crise et dix jours de combats dans la capitale ivoirienne.
Détenu à Bouna, dans le nord-est du pays, pendant environ un an, il a récemment été hospitalisé à Abidjan. La justice ivoirienne l’a entendu le 1er juin pour des accusations d’infractions économiques, dont le détournement de deniers publics. La plainte, adressée au doyen des juges d’instruction de Paris a été déposée lundi, a indiqué Habiba Touré, avocate de Michel Gbagbo.
«Nous attendons de cette plainte qu’elle aboutisse à la désignation d’un juge d’instruction qui pourra mener tous les actes nécessaires visant à ce que les auteurs des faits dénoncés soient traduits devant les tribunaux», a expliqué Habiba Touré dans un communiqué.
La plainte vise l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale ivoirienne et neuf commandants des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
Crise meurtrière
Michel Gbagbo avait déjà déposé une plainte simple à Paris en novembre 2011, mais le procureur de la République avait décidé de ne pas engager de poursuites. Un dépôt de plainte avec constitution de partie civile entraîne automatiquement la saisine d’un juge d’instruction.
Fin mai, la mère française de Michel Gbagbo, Jacqueline Chamois, avait affirmé qu’il était «un prisonnier d’opinion» et elle avait demandé un «rapatriement sanitaire» pour son fils «très éprouvé».
Selon ses proches, Michel Gbagbo était jusqu'à la chute de son père enseignant et consultant pour un comité gouvernemental chargé d’organiser le retour des personnels de l’Etat dans les zones abandonnées pendant le conflit inter-ivoirien en 2002.
La Côte d’Ivoire a été plongée de décembre 2010 à avril 2011 dans une crise née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010 face à Alassane Ouattara. La crise a fait quelque 3 000 morts.
L’ancien président est actuellement détenu à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d'être «co-auteur indirect» de crimes contre l’humanité durant ces événements.
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