France 24 02/11/2010)
La Commission électorale indépendante s’active pour être en mesure de donner les premières estimations mercredi, comme prévu. Nombre d’Ivoiriens craignent à présent que l’annonce des résultats ne s'accompagne de violences.
Au lendemain du lundi férié de la Toussaint, la capitale économique Abidjan a retrouvé le rythme des jours travaillés. Les commerçants tiennent de nouveau boutique et les klaxons, inhabituellement silencieux hier, ont repris leurs droits. La pluie aussi qui, selon l’agent de sécurité Alexandre posté à l’entrée d’un centre commercial du boulevard de la République, vient "nettoyer le pays" avant l’annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, qui s’est tenu dimanche dans le plus grand calme. Une nouvelle page de l’histoire de la Côte d’Ivoire est en train de s’écrire. Peut-être un peu trop lentement aux yeux des militants des principaux candidats...
Pour l’heure, les Ivoiriens doivent se contenter des résultats provisoires du vote de la diaspora que la Commission électorale indépendante (CEI) a égrenés toute la journée d’hier sur l’antenne de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Autre certitude : le taux de participation, qui, toujours selon la CEI, avoisinerait les 80 %. L’un des chiffres "les plus élevés au monde", s’est félicité le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, le Sud-Coréen Young-jin Choi. Au niveau du contrôle du scrutin, les 120 observateurs de l'Union européenne ont pu inspecter 4,6 % des bureaux de vote. Ils ont constaté plusieurs irrégularités - dans un bureau sur cinq. Quatorze d'entre eux n'ont d'ailleurs pas eu accès au décompte des voix.
Quatorze candidats, mais seulement trois prétendants
Le scrutin a provoqué une mobilisation exceptionnelle, à la hauteur de cette élection considérée comme la plus ouverte depuis l’Indépendance, en 1960. Quatorze candidats briguent le fauteuil présidentiel, mais seulement trois d'entre eux font figure de favoris. En quête d’une légitimité par les urnes depuis la fin théorique de son mandat en 2005, le président sortant et candidat du Front populaire ivoirien (FPI), Laurent Gbagbo est, fait inédit, opposé à ses deux éternels rivaux : l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara, du Rassemblement des républicains (RDR), et l’ancien président déposé par un coup d’État en décembre 1999, Henri Konan Bédié, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
Pour le reste, les procès-verbaux issus des bureaux de vote de l’intérieur du pays sont toujours en cours d’acheminement ou d’examen à Abidjan. Leur faible qualité (rédactionnelle notamment) devrait ralentir un peu plus le dépouillement. Un difficile travail qui, de l’aveu même du président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, accuse quelques lenteurs. Le dépouillement des voix de la diaspora ivoirienne est également en cours. Il reste à établir les résultats pour quatre des 19 pays où le scrutin était organisé - dont la France (15 000 électeurs).
Initialement prévue dans la soirée d’hier, l’annonce des premières tendances pour la capitale économique Abidjan, qui concentre à elle seule plus d’un tiers de l’électorat du pays, devrait intervenir dans la journée.
Les résultats au plus tard mercredi
Soucieux de ménager les plus impatients, le patron de la CEI s’est engagé, hier soir, à délivrer les résultats provisoires dans les temps qui lui étaient impartis - à savoir mercredi au plus tard. Résultats que le Conseil constitutionnel devra ensuite valider.
En attendant, la tension se fait de plus en plus vive dans les quartiers généraux de campagne des principaux partis. Pressés par leurs bases, les responsables du FPI et du RDR affirment, chacun de leur côté, détenir des premières tendances les donnant en tête du premier tour, sinon vainqueur de la présidentielle.
Officiellement cependant, les différents candidats à la magistrature suprême exhortent leurs partisans à respecter le verdict des urnes. Eux-mêmes se sont engagés auprès de l’Onuci à accepter le choix des électeurs. Lundi, L'ONU et la France ont salué la bonne tenue du scrutin avant d’appeler les candidats au respect des résultats et à la "responsabilité".
Un éventuel second tour à la fin du mois
De leurs côtés, les observateurs s’accordent à dire qu’aucune majorité claire ne va se dégager à l’issue du scrutin. La date du 28 novembre est d'ailleurs avancée dans l’éventualité d’un deuxième tour.
Nombre d’Ivoiriens craignent que l’annonce des résultats ne s'accompagne de violences. Pour enrayer tout débordement, un millier de gendarmes, de policiers et de militaires sont postés depuis le début de la campagne aux points stratégiques d’Abidjan. Quelque 12 000 soldats de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), assistés de 900 militaires français de l’opération Licorne, sont également à pied d’œuvre dans l’ensemble du pays. Un important dispositif qui devrait demeurer en place jusqu’à la proclamation officielle d’un président. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue à l’issue du premier tour, les électeurs seront de nouveau appelés aux urnes à la fin du mois de novembre.
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