lundi 10 mai 2010

Guinée Equato - Le président Obiang se fait sa pub grâce à l'Unesco

(Liberation 10/05/2010)
Malgré les protestations outragées et véhémentes d'une série d'ONG, l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) semble décidée à accoler son nom à celui du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, pour la remise d'un prix doté de 300 000 dollars. Au risque de compromettre sa réputation déjà ternie par de nombreuses polémiques par le passé.
Accusé depuis des années par ses opposants et par les associations de lutte anti-corruption de détourner la manne pétrolière à des fins personnelles, visé en France dans l'affaire des biens mal acquis, le président Obiang a décidé, en 2007, de financer un prix à son nom: "le Prix Unesco-Obiang pour la recherche en sciences de la vie". Au pouvoir à Malabo depuis 1979, le président Obiang a consacré 3 millions de dollars pour mener bien cette opération de promotion personnelle, derrière ses atours philantropiques
Des ONG, telles que Sherpa en France, ont demandé à l'agence onusienne, basée à Paris, de suspendre sa participation et d'enquêter sur l'origine de ces fonds. Mais, malgré ces appels, dont une lettre adressée à la nouvelle patronne de l'Unesco, Irina Bokova, celle-ci est sur le point de remettre le prix, vraisemblablement en juin. "L'Unesco se laisse manipuler et sert à rehausser la réputation désastreuse d'un despote cruel et corrompu, affirme un responsable de l'association pour les droit de l'Homme "EG Justice", Tutu Alicante. Les trois millions de dollars utilisés pour garantir le prix devraient être affectés à l'éducation et le bien être du peuple équato-guinée, pas à la glorification de leur président."
Il s'agit par le biais de ce prix, affirme le régime, de récompenser "les recherches scientifiques destinées contribuant à améliorer la qualité de la vie des êtres humains." Mais le président Obiang n'a pas démontré, à travers sa gestion, qu'il pouvait améliorer "la qualité de vie" de ses concitoyens. Alors que l'exploitation deses ressources en pétrole confère à la Guinée équatoriale un PNB comparable à celui de l'Italie et de la Corée du Sud, 75% de la population locale vit dans la pauvreté, la majorité d'entre eux n'ont pas accès à l'eau potable et l'espérance de vie y plafonne à 50 ans.

Par Thomas Hofnung
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