Gabon - Plysorol face aux Chinois du Gabon

(Ouest-France 08/05/2010)
La cour d'appel a confirmé le redressement de la sociétéde contreplaqué, dont l'avenir se joue aussi au Gabon.

Comptabilité inexploitable, engagements non tenus par l'investisseur chinois, passif exigible de 8 millions d'euros : autant d'éléments qui ont conduit la cour d'appel de Caen à confirmer hier le redressement judiciaire de l'entreprise de contreplaqué Plysorol, décidé le 9 avril par le tribunal de commerce de Lisieux.
Ce tribunal examinera le 26 mai les offres de reprise ou de continuation. Deux administrateurs judiciaires sont en charge de « piloter » Plysorol, qui emploie 450 personnes en France (Lisieux, Fontenay-le-Comte et Épernay) et autant au Gabon.
La décision de la cour de Caen écarte de son poste de PDG le Chinois Guohua Zhang, qui en mars 2009 avait repris Plysorol à travers ses deux sociétés basées au Gabon. Un pays stratégique puisqu'en provient l'okoumé, bois indispensable au contreplaqué.
Guohua Zhang avait ainsi récupéré les 600 000 ha de concessions forestières que Plysorol possède au Gabon. La véritable richesse de la société. Or, depuis le 1er janvier, le Gabon interdit l'exportation de bois brut : les grumes destinées au contreplaqué doivent être déroulées sur place. Situation pouvant à terme menacer le site de Lisieux.
Ces 600 000 ha de forêts représentent un enjeu tel que le PDG chinois a tenté de les transférer de Plysorol vers la société gabonaise « Concours bois », où lui-même a des intérêts. Les autorités gabonaises ont prévenu que toute vente de ce type serait nulle.
Pour autant, ces mêmes autorités gabonaises devront compter avec les Chinois qui en Afrique mélangent business et politique. Le président gabonais, Ali Bongo, est revenu de l'exposition de Shangaï avec un prêt chinois de 12 millions d'euros. Et c'est un groupe chinois qui construit les stades de la Coupe d'Afrique 2012 qu'organise le Gabon...

Jean-Pierre BEUVE.
© Copyright Ouest-France