(Xinhuanet 07/01/2013)
DAKAR -- Depuis l'arrivée au pouvoir en mars dernier du
président Macky Sall, la justice sénégalaise ne laisse aucun répit à certains
anciens dignitaires du régime, soupçonnés de corruption et d'enrichissement
illicite ou d'avoir " pillé" les ressources du pays au détriment du contribuable
sénégalais, constatent les observateurs.
Au nom de cette lutte contre les
biens mal acquis, le président sénégalais a réactivé la Cour de Répression
contre l'enrichissement illicite, tombée en désuétude peu après sa création en
1980 par le président Abdou Diouf. La particularité de cette cour est que les
personnes convoquée devant cette juridiction d'exception doivent apporter la
preuve de leur enrichissement pour ne pas être condamnées.
Pour marquer
davantage sa volonté de lutter contre la corruption et la fraude, le chef de
l'Etat a par ailleurs créé un Office national Anti-corruption, qui complète et
renforce les corps de contrôle déjà mis en place.
Le président Sall a en
outre transmis à la justice les conclusions des audits faits sous l'ancien
régime qui incriminaient certains directeurs de sociétés ou d'organisme d'état
soupçonnés d'avoir détourné l'argent du contribuable.
Enfin, l'Assemblée
nationale a été saisie d'une demande de levée de l'immunité parlementaire des
députés de l'opposition, Oumar Sarr, Ousmane Ngom et Abdoulaye Baldé, tous
anciens ministres de l'ex régime.
Cette décision intervient alors
d'autres hauts dignitaires de l'ex-régime dont Karim Wade, tout puissant
ministre d'Etat et fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, ainsi que
plusieurs de ces anciens ministres, soupçonnés d'avoir détourné "d'importantes
sommes d'argents lors de leur règne" continuent de défiler devant les enquêteurs
contre l'enrichissement illicite.
Depuis le lancement de la traque contre
l'enrichissement illicite, d'anciens proches de Wade ont été mis en détention
préventive, alors que d'autres attendant d'être convoqués par les
enquêteurs.
C'est dans ce contexte qu'un ancien député du Parti
démocratique Sénégalais (PDS, actuellement dans l'opposition) et proche de
l'ex-président a été arrêté à l'aéroport international de Dakar, de retour de
Dubaï, avec en possession de deux chèques d'un montant total de 3 milliards de
Francs Cfa (6 millions de dollars US).
Ces chèques émanaient, selon des
sources proches de l'enquête, de l'ancien président Wade, qui vit actuellement
en France et étaient destinés notamment à deux hauts dignitaires de l'ex régime
: Samuel Sarr (ancien ministre conseiller financiers de Wade) et Madické Niang
(ancien ministre des Affaires étrangères).
Ces deux anciens ministres,
qui font partie des hauts responsables de l'ex régime, interdits de sortir le
territoire sénégalais pour enquête sur leur présumé enrichissement illicite, ont
été entendus par la police, vendredi, avant être libérés.
L'ouverture des
enquêtes contre les anciens dignitaires du régime Wade est interprétée comme une
chasse aux sorcières déclenchée par le nouveau régime et comme un moyen de
masquer son incapacité de satisfaire ses promesses de réduire le coût de la vie
et le chômage des jeunes.
Pour sa part, le chef de l'Etat du Sénégal
Macky Sall a réaffirmé lors de son adresse à la nation, le 31 décembre dernier,
son engagement à mener jusqu'au bout la traque contre l'enrichissement illicite,
et cela malgré les agitations de hauts responsables de l'ex régime qui parlent
de traque ciblée contre des opposants.
La démarche du chef de l'Etat
bénéficie de l'adhésion de la société civile sénégalaise qui recommande aux
nouvelles autorités de mettre en avant la bonne gouvernance. Cette traque des
biens mal acquis trouve un écho favorable du côté de l'opinion publique en
général mais aussi des familles religieuses.
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