lundi 7 janvier 2013

Face à la crise, l'Égypte forme un nouveau gouvernement

(Le Figaro 07/01/2013) C'est un défi de taille qui attend les dix nouveaux ministres égyptiens qui ont prêté serment ce dimanche devant le président Morsi. En pleine débandade économique, et à la veille de la visite d'un représentant du Fonds monétaire international visant à reprendre les discussions sur un prêt de 4,8 milliards de dollars, ils devront s'atteler à rassurer les investisseurs internationaux tout en ménageant la confiance ­nationale, déjà largement entamée par la récente crise suscitée par la nouvelle Constitution jugée ­liberticide.
Parmi les portefeuilles visés par le remaniement se trouvent ceux de l'Intérieur, des Transports, de l'Électricité, du Développement ­régional, de l'Aviation civile et celui très stratégique des Finances. Son détenteur, Momtaz al-Saïd, a été remplacé par El-Morsi El-Sayed Hegazy. L'homme, novice au sein de l'appareil d'État, est un universitaire spécialiste de la finance islamique et réputé proche des Frères musulmans, dont est issu le pré­sident, à l'instar d'au moins trois autres ministres.
«Frérisation»
Dans son édition de dimanche, le quotidien libéral Al-Tahrir dénonce une «frérisation» des institutions, en accusant le président de placer ses pions. Mais si c'est le cas, c'est une arme à double tranchant que manie Morsi. Car si ses hommes de confiance échouent à contrôler les fluctuations de la livre, en chute ­libre depuis la semaine dernière, et à relancer le tourisme et les investissements étrangers, c'est la Confrérie qui sera directement incriminée. «Les défis qui attendent le nouveau ministre des Finances sont énormes et risqués. Car pour fina­liser l'aide du FMI, il devra se lancer dans une série de réformes, indispensables mais impopulaires, comme la réduction des subventions sur les carburants et les produits alimentaires de base, le tout dans un contexte économique déjà bien fragile», relève le politologue Gamal Sultan.
La rencontre de ce lundi avec Massoud Ahmed, le responsable du FMI pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, se présente comme un premier test. El-Morsi El-Sayed Hegazy devra le convaincre de reprendre les démarches en vue d'un soutien de l'organisation internationale, auquel sont conditionnées d'autres aides cruciales, comme celle de la Banque mondiale et de l'Union européenne.

Par Delphine Minoui

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