mardi 8 janvier 2013

Crise du Mali : à qui profite le pourrissement?

(Afrique Asie 08/01/2013)
Affrontement entre le Front national pour la libération de l'Azawad (Fnla) et le Mujao, retrait d'Ansar Eddine des accords de cessation des hostilités et la mauvaise foi du gouvernement malien, sont les nouveaux développements dans la région.

Les conséquences d'une guerre excessive et arbitraire imposée à la Libye ont été et demeurent sinistres pour le Mali, un pays considéré comme le maillon faible dans la région du Sahel. Double coup d'Etat, instabilité politique, crise sécuritaire et précarité socio-économique, résument la situation qui prévaut actuellement dans cette partie du monde.
Le contexte offrira l'opportunité à des formations douteuses et sérieusement armées d'occuper le terrain. Al Qaîda au Maghreb islamique, sa prétendue dissidence le Mujao, Ansar Eddine qui fait le beau et mauvais temps en exerçant une politique de confusion, sous prétexte «de la mauvaise foi manifeste des autorités maliennes» et le Mouvement national pour la libération d'Azawad, que d'aucuns n'ignorent sa sous-traitance avec l'Hexagone.
Le redressement de la situation impose à l'Algérie un rôle de leader, qui s'est distinguée par une activité diplomatique singulière, notamment pour préserver l'unité nationale de ce pays et lui éviter une guerre dont il ne sortira pas indemne. Aussi bien sur le plan régional qu'international, l'Algérie use de toute sa diplomatie pour dénouer une crise qui n'a que trop duré. Elle vient d'ouvrir des négociations pour conclure un accord de paix avec les Arabes de l'Azawad, dont des représentants se trouvent en ce moment à Alger pour discuter le plan d'accord devant aboutir à éviter à la région de nouvelles violences. A ce sujet, Mohamed Mouloud Ramadane, le porte-parole du Fnla soutient: «Nous sommes à Alger depuis une semaine, à l'invitation du gouvernement pour de nouvelles négociations destinées à parvenir à un accord similaire à celui du 21 décembre entre Ansar Eddine et le Mnla, pour mettre un terme aux hostilités au Mali et tenter d'y renforcer la sécurité», et de confirmer que son mouvement «rejette toute intervention militaire étrangère dans le nord du Mali, du fait de ses conséquences négatives probables sur tous les pays de la région. Si le monde a déjà décidé d'agir de la sorte, nous espérons que cela ne se fera qu'après d'intenses préparations et délibérations».
Le mouvement qui regroupe les Arabes du nord du Mali aspire à obtenir des droits légitimes «en tant que mouvement local présent dans le nord du Mali renonçant à la violence, rejetant toute alliance avec des groupes terroristes locaux, et luttant contre le trafic de stupéfiants et le chaos», tenait à souligner le porte-parole du Fnla. Par cette démarche, l'Algérie s'applique à écarter les mouvements terroristes actifs au nord du Mali et prévenir les conséquences d'une intervention militaire dont le processus s'accélère à l'ombre d'un retrait fortuit d'Ansar Eddine des accords de cessation des hostilités, que cette organisation islamiste avait signé avec le Mnla sous l'égide d'Alger. Mais aussi, à cause des nouvelles donnes sur le terrain marqué par un récent accrochage entre le Fnla et le Mujao, au lieu-dit Ina Farès dans le nord du Mali qui s'est soldé par la neutralisation d'une dizaine de mercenaires du Mujao.
De l'avis de sources très bien imprégnées du contexte au Mali, certaines parties occultes dans le gouvernement prétendent au pourrissement de la crise en entravant tous les efforts consentis par l'Algérie qui ne cesse, quant à elle, de saisir toutes les perspectives pour minimiser et prévenir les conséquences d'un recours à la force que prépare la Cédéao, mais aussi pour apaiser les violences dont seule la population encaissera les retombées. Le déploiement d'une force militaire étrangère au Mali, adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU dont on ignore encore le calendrier, ouvrira des affrontements sur tous les fronts. L'avenir du Mali restera incertain pendant que des acteurs aux appétits grandissants continuent de corrompre la société malienne.Par Ikram GHIOUA
Source : L’Expression

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