(Le Pays 11/01/2013)
Vraisemblablement, l’horizon est toujours sombre pour le
président centrafricain, François Bozizé. Puisque les négociations ouvertes le 9
janvier dernier à Libreville au Gabon entre le pouvoir centrafricain, les
rebelles et l’opposition non armée, sous les auspices du médiateur congolais
Dénis Sassou Nguesso, n’ont véritablement accouché de rien.
Pire, elles
ont donné l’occasion aux rebelles de la Seléka de monter les enchères car eux
qui, jusque-là, exigeaient le départ immédiat et sans condition du président
Bozizé, demandent désormais que celui-ci soit traduit devant la Cour pénale
internationale (CPI). Ils l’accusent de « crimes de guerre et crimes contre
l’humanité, de détentions et séquestrations arbitraires ou encore de
disparitions, assassinats et exécutions sommaires ». Et cerise sur le gâteau,
les rebelles de la Séléka sont suivis dans leur démarche par la délégation de
l’opposition politique présente à Libreville. Autant dire que l’horizon
s’assombrit davantage pour le président Bozizé ; lui qui, naguère sous pression,
avait accepté de dialoguer sans condition avec les rebelles et qui, avec un peu
d’éclaircie, croyait avoir eu le pied à l’étrier, en déclarant que son départ du
pouvoir n’était pas négociable.
On voyait d’ailleurs les choses venir
depuis l’arrivée sur les côtes centrafricaines d’une frégate sud-africaine dont
on sait que la mission essentielle est de protéger le régime de Bangui. Est-ce
la solution ? Ne vaut-il pas mieux, à travers un dialogue ouvert et inclusif,
chercher une solution durable que de passer le temps à compter sur un soutien
extérieur qui, on le sait, fluctue suivant les intérêts du moment ? Peut-être le
président Bozizé s’inspire-t-il de l’exemple de son voisin Idriss Déby qui,
jusqu’à la dernière minute, avait résisté aux rebelles tchadiens, alors même que
ceux-ci avaient assiégé N’Djamena, la capitale. A l’époque, la situation était
si délicate que la France, on s’en souvient, s’était même proposée d’exfiltrer
le président Déby qui, on ne sait par quel coup de baguette magique, a réussi à
reprendre du poil de la bête.
Comparaison n’est pas raison puisque
Idriss Déby est un stratège militaire contrairement à François Bozizé qui n’est
qu’un maquisard venu du néant. En tout cas, les jours à venir promettent d’être
chauds, d’autant que les rebelles, forts de leur position sur le terrain,
n’accepteront pas facilement de lâcher prise. Même s’il est vrai qu’en
brandissant l’épouvantail de la CPI, ils courent le risque de braquer le
président Bozizé qui fera désormais feu de tout bois pour s’accrocher au
pouvoir. Pour l’heure, on attend de voir si la Communauté économique des Etats
d’Afrique centrale (CEEAC) qui appelle de tous ses vœux à un accord de
cessez-le-feu pourra ramener tous les protagonistes autour d’une même table afin
de trouver un compromis.
Boundi OUOBA
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