mardi 11 janvier 2011

Tchad - Déby entre deux anniversaires

(Le Pays 11/01/2011)
Ce mardi 11 janvier 2011, le Tchad souffle, à l’instar des autres pays africains, les cinquante bougies de son indépendance. Le pays de Idriss Déby Itno boucle ainsi, sauf erreur de notre part, la liste des pays africains qui célébraient en cette année 2010 leur cinquantenaire. La question qu’il faut poser, et qui s’est posée aux populations des autres pays, c’est de savoir ce qui a été fait de significatif en 50 ans d’indépendance.
Comme dans la plupart des autres pays, la réponse sera, à bien des égards, négative au Tchad. Avant que Déby ne vienne au pouvoir, le pays avait été secoué et bouleversé par des guerres de tout genre. De François Ngarta Tombalbaye à Hissène Habré, en passant par Goukouni Oueddei, Félix Maloum, etc. les Tchadiens ont vécu dans la hantise de la guerre, pris entre la poigne de ses dirigeants dictateurs et l’ingérence d’Etats étrangers que sont la France, la Lybie et les Etats-Unis. La chute de Hissène Habré, comme on le croyait, n’a pas totalement mis fin à cette période d’instabilité. La prise de bec avec le Darfour, les tentatives de putsch, les rébellions auxquelles se heurte constamment le régime Déby Itno prouvent que le Tchad est encore assez loin d’une paix réelle et définitive. L’économie n’a pas sensiblement décollé alors que le sous-sol du pays regorge de pétrole.
Bref, en matière de développement, le Tchad n’est pas le dernier de la classe mais il n’est pas premier non plus, en Afrique. Les défis restent donc nombreux à relever pour Idriss Déby Itno qui commémore deux anniversaires, ce mardi 11 janvier 2011. En effet, il s’agit de l’anniversaire de son accession au pouvoir, notamment le 1er décembre 1990. Ce qui amène d’ailleurs à se demander si le président tchadien ne voulait pas faire d’une pierre deux coups. Peut-être que lorsqu’il prononcera son discours à la nation, il pensera aussi au 20e anniversaire du jour où il a bouté Hissène Habré hors du palais présidentiel.
Il serait en droit de se dire que l’indépendance de son pays n’a commencé qu’à cette date-là, ou du moins, l’avènement de la démocratie, notamment avec la naissance du multipartisme. Mais il ne serait pas étonnant que ses opposants ne partagent pas le même avis. Il faut également remarquer que la prochaine élection présidentielle pointe à l’horizon et se tiendra en avril prochain. De là à croire que cette commémoration est le début d’une campagne électorale, il n’y a qu’un pas. Le pas est également franchi pour constater que Déby Itno se prépare à mettre le pied à l’étrier de sa 21e année au pouvoir et peut-être plus, s’il remportait ladite élection.
Ce qui est loin de tout doute. Mais comment le lui reprocher ? La Constitution de son pays, modifiée par référendum en juin 2005, le lui permet et il ne sera pas le premier et certainement pas le dernier président africain à vouloir rester au pouvoir. Cependant, le Tchad a écrit l’histoire de ses cinquante ans d’indépendance avec des lettres sanglantes et dans une extrême pauvreté. Il appartient donc à Idriss Déby Itno d’éviter à son pays de répéter la même histoire pendant les cinquante autres années à venir.

Abdou ZOURE
© Copyright Le Pays

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire