mardi 4 janvier 2011

Sudan - Béchir : "Je serai triste si le Soudan se sépare"

(Cyberpresse 04/01/2011)
JUBA — Lors d'une visite mardi dans le sud du pays, le président soudanais Omar el-Béchir a assuré qu'il respecterait le résultat du référendum de dimanche, même s'il débouchait sur la sécession.
"Je célèbrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession", a déclaré Béchir dans un discours prononcé à Juba, la capitale du Sud, et retransmis en direct sur la télévision d'Etat.
"Personnellement, je serai triste si le Soudan se sépare. Mais en même temps, je serai heureux si nous avons la paix au Soudan", a-t-il expliqué, à cinq jours d'un référendum d'autodétermination historique au Sud-Soudan.
Auparavant, le président soudanais avait reçu un accueil en fanfare de la part du leader sudiste Salva Kiir qui l'a combattu pendant des années mais a fait dérouler le tapis rouge pour lui à Juba. De nombreux responsables politiques et religieux, ainsi qu'une garde d'honneur composée de soldats du Nord et du Sud, l'ont salué à sa descente d'avion.
Environ 500 personnes se sont rassemblées à l'extérieur de l'aéroport, criant des slogans comme "Non à l'unité" et agitant des drapeaux sudistes, dans une ambiance de fête.
Signe que Béchir ne fait plus peur au Sud-Soudan, des organisations non-gouvernementales ont affiché des pancartes à son attention près de l'aéroport: "Nous sommes ravis de t'accueillir à nouveau pour célébrer l'indépendance du Sud-Soudan" ou "Bienvenue dans le 193ème Etat (du monde)".
Lundi, une responsable du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes), Anne Itto, avait balayé les objections à cette visite: "Je pense que les Sud-Soudanais ont déjà fait leur choix. Ils ont déjà choisi la liberté et l'indépendance (...). Cette visite lui permettra de prendre le pouls des aspirations de la population. Il constatera, de façon pacifique, ce choix du Sud".
Dans son discours, le président soudanais, un Nordiste, a insisté sur son désir de maintenir de bonnes relations avec le Sud en cas d'indépendance, rappelant le lien unique entre les deux entités. "Tout ce dont vous aurez besoin en terme de soutien technique, logistique ou professionnel de Khartoum, nous serons prêts à vous le donner", a-t-il assuré.
"Le bénéfice que nous trouvons à l'unité, nous pouvons aussi l'avoir dans deux Etats séparés", a-t-il martelé.
Malgré les discours apaisants, un important dispositif de sécurité a cependant été déployé à Juba et des soldats en armes patrouillaient les rues.
Près de quatre millions de personnes (3,75 millions au Sud, 116.000 au Nord et 60.000 à l'étranger) se sont inscrites sur les listes électorales en vue du référendum prévu du 9 au 15 janvier, aboutissement de l'accord de paix qui a mis fin à la guerre civile en 2005.
Les Etats-Unis se sont dits "optimistes" quant à ce référendum, qui doit se dérouler sous la surveillance d'observateurs américains, européens, chinois, africains et arabes. "Nous pensons que les bons signaux sont envoyés, tant au Nord qu'au Sud, au sujet du référendum et du respect des résultats", a déclaré Philip Crowley, porte-parole de la diplomatie américaine, tout en reconnaissant que les négociations post-électorales pourraient être délicates.
La Chine, qui entretient des relations privilégiées avec le Soudan, a dit espérer que le référendum se déroulerait "dans un contexte équitable, libre, transparent et pacifique".

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